-- En-tête de la page -->
... un Témoignage du Passant Bleu :
La dernière patrouille de l'Algérie française...
par Philippe GROULT
Si ces pages appellent de votre part des commentaires écrivez au webmaster qui transmettra à leur auteur.
Je vais faire maintenant quelques commentaires qui n’engagent que moi.
D’abord, il faut savoir que je suis né en Afrique du Nord, à Casablanca, Maroc, plus précisément.
Comme je l’ai déjà signalé au début de mon propos, j’ai passé une grande partie de ma jeunesse dans ce pays magnifique qui a été sous protectorat (sur demande de la SDN la Société des Nations) de 1912 à 1956 date de l’indépendance obtenue par le Sultan (devenu Roi du Maroc) Mohamed V.
Le premier Résident Général de France au Maroc fut le Général (devenu ensuite Maréchal) LYAUTEY. Un grand homme, qui a entreprit et réussi la modernisation du Maroc. Il a institué des grands principes comme l’interdiction faite aux chrétiens de pénétrer dans les mosquées
Cette règle, aussi bizarre que cela puisse paraître est toujours en vigueur sauf pour la mosquée HASSAN II de Casablanca, puisque ce bâtiment a été construit après l’indépendance.
Il a construit des villes dites européennes en modernisant les quartiers musulmans et juifs afin de respecter les coutumes et interdictions diverses de ces populations (aucune charcuterie, respect des lieux de cultes avec leurs contraintes diverses).
Enfin, il a construit des villes dites européennes, aux larges avenues à doubles voies de circulation séparées par des terre-pleins engazonnés et plantés de palmiers.
Le Maréchal LYAUTEY est toujours vénéré par les Marocains, sa statue équestre en bronze trône toujours sur la plus grande place de Casa, implantée dans le jardin du Consulat de France (ancienne Résidence de la Région Militaire française) elle fait face à la place et est visible de partout.
Tout cela pour dire que bien négociée, la période de l’indépendance a été bénéfique pour les relations franco-marocaines.
À part les dernières années du Protectorat qui ont été assez chaudes, car le parti de l’Istiqulal (parti de l’indépendance) en accord avec le Palais Royal ( le gouvernement du Sultan s’appelait -et s’appelle toujours le MARGHZEN - prononcez « Marrzen ») revendiquait très violemment la sortie du protectorat. Comme les représentants du gouvernement français faisaient semblant de ne pas comprendre, il y eut quelque s attentats meurtriés qui firent de nombreuses victimes notamment la bombe du Marché Central, l’attentat du bar Mers Sultan et surtout la tuerie de Oued Zem qui vit se dérouler une répression féroce de la part de la Légion (plusieurs dizaines de morts).
Mais à part ces épisodes dramatiques, le climat dans les villes était resté assez bon, et quand l’indépendance fut enfin accordée, les Européens ont pu rester de nombreuses années, notamment les ressortissants français et espagnols qui comme moi étaient sur place et ont pu continuer à travailler au même titre que les Marocains, c’est à dire sans contrat de travail d’étranger.
Personnellement je suis resté avec mon épouse jusqu’en 1970, ma mère jusqu’en 1984 sans aucun problème. De nombreux Européens habitent encore au Maroc, ils participent au développement de ce pays magnifique, ou des grandes entreprises françaises sont installées (récemment, une usine Renault vient d’être ouverte à TANGER).Les seuls qui ont du quitter le pays, ce sont les juifs, en raison de la guerre en Israël/Palestine.
Tout cela pour expliquer ce qui va suivre.
La statue du Maréchal LYAUTEY à CASABLANCA. Sise avant l’indépendance place administrative, elle est a été réimplantée dans l’enceinte du Consulat de France située sur le côté sud de cette même place.
En arrivant le premier jour à Alger, j’ai été témoin d’une scène incroyable qui était impensable au Maroc et que je n’ai jamais oubliée depuis. En effet, m’étant attablé à la terrasse d’un grand café*7 en plein centre d’Alger, square BRESSON, (près du mess des officiers que par une certaine ironie, je devrai garder après l’indépendance en juillet 1962, avec une demi -section pendant un mois, en attendant la cession des bâtiments à l’ALN) je fus témoin d’une scène révoltante.
Assis là, à siroter ma « Gauloise », je vis quelques petits « ciror-msiou ? » les petits « yaouleds » en train de tourner autour des Européens pour proposer leurs services de cireurs ambulants. Ayant accep té ce service, un gros Pied Noir, à la fin du travail, en guise de paiement lança un violent coup de pied au malheureux petit cireur qui s’en alla rouler dans le caniveau. Le malheureux du s’en aller en pleurnichant à la grande joie des spectateurs présents.
C’est à ce moment que je me suis fait la réflexion que l’Algérie Française n’en avait plus pour longtemps, compte tenu de la bêtise des gros propriétaires terriens qui possédaient les riches terres de la Mitidja et d’ailleurs et qui avaient la sale manie de maltraiter les Algériens. Racistes et cons.
J’en étais assez peiné, mais je ne voyais pas comment ce pays pourrait accepter toutes ces avanies que leur faisaient subir une certaine partie de la population depuis de nombreuses années.
Par la suite, j’ai pu constater que toute la population européenne ne se comportait pas comme cet imbécile et qu’il y avait encore de très bons rapports entre les différentes populations, en général dans les couches les plus pauvres. Cela serait trop réducteur de raconter que tous les habitants français étaient des salopards, cela serait même grotesque.
Ceci était ma première réflexion.
En second lieu, je voudrais dire que je ne crois pas au grand mensonge qui consistait à déclarer que les Algériens dans leur ensemble étaient demandeurs de l’indépendance. En effet, pour la plus grande partie d’entre eux, cette notion ne voulait rien dire. En fait, il s’agit comme pour les peuples qui ont été colonisés de réclamer la possibilité de mettre au pouvoir une certaine élite ( civile ou militaire) qui a réussi avec cette liberté de pouvoir se remplir les poches au détriment des pauvres gens, illettrés, malgré tous les efforts des fonctionnaires français durant les 130 ans de présence dans ce pays. Comme tous ceux d’entre nous qui ont « crapahuté » dans le djebel, j'ai pu constater l’extrême pauvreté, l’incroyable ignorance des fellahs qui cultivaient très difficilement la terre (tellement aride, oh combien !) pour pouvoir subsister chichement avec leur famille et qui vivaient dans des conditions de pauvreté, de saleté inadmissible dans les coins les plus reculés du pays, qu’on imagine difficilement ces pauvres gens, exiger d’eux-mêmes, un statut qui de toute façon ne pourrait rien leur apporter de plus.
Maintenant il faut aussi dire que les gouvernements n’ont rien fait pour ces pauvres gens, et malgré quelques expériences ça et là, ou des éléments de la population a pu bénéficier d’aides en matière d’éducation, d’aides pour le développement des petites exploitations familiales, on ne peut que regretter l’incapacité de nos dirigeants à œuvrer pour le bien -être de ces populations que l’on voulait garder au sein de notre territoire.
Enfin, le mépris affiché par une grande partie de la population française à l’égard des paysans du bled, ceux qui ont fourni la plus grande partie des troupes du FLN, est une donnée incontournable.
Comment ne pas imaginer que le petit Yaouled dont j’ai été le témoin de l’incroyable bêtise d’un gros plouc ne soit pas devenu quelque temps plus tard un djounoud (résistant) qui a pour le moins porté des messages et des armes pour aider ses grands frères à « libérer » le pays des étrangers quels qu’ils soient ?
Comment ne peut-on pas comprendre que ces pauvres paysans, afin de nourrir leurs nombreuses familles, n’ont pas été tentés d’immigrer en France (puisqu’ils en parlaient un peu la langue) ? Comment résister à l’appel des grandes industries françaises qui exigeaient de plus en plus de main -d’œuvre pour faire tourner leurs usines ?
Comment ne pas comprendre comment, le fait d’accepter le regroupement familial (idée généreuse à la base) n’allait pas poser des problèmes avec ces « petits sauvageons » devenus par le droit du sol, français, même s’ils sont nombreux à mépriser notre pays et à refuser l’intégration ?
N’est-il pas plus facile de « dealer » des produits illicites plutôt que d’essayer de chercher du travail ?
Comment ne pas comprendre qu’en remettant ce pays aux mains de négriers, dictateurs à la petite semaine, méprisants de leurs coreligionnaires, on n’allait pas tarder à assister à une révolution qui ne ferait qu’accentuer la misère dans ces pays méditerranéens qui maintenant réclament un peu plus de justice, comme c’est leur droit le plus élémentaire ?
Comment ne pas avoir pu anticiper tous ces problèmes, il suffisait de se promener dans tous ces pays pour constater que cela allait « péter » un jour ou l’autre ?
Il a fallu l’arrivée de l’Internet pour que ces malheureux puissent s’organiser et revendiquer un juste partage des richesses (surtout pour l ’Algérie avec son pétrole, détecté par les sociétés françaises qui ont été éjectées depuis par Boumédienne), et son gaz qui sort de terre à profusion.
Mais connaissant bien les pays d’Afrique (du Nord, et subsaharienne), et le Moyen -Orient pour y avoir travaillé durant ma carrière civile, je suis persuadé que la fameuse « révolution arabe » tant ventée par les médias de tout bord, ne sera qu’un feu de paille et que ces pays qui ont vu leurs dictateurs s’éclipser au profit d’autres encore plus effrayant qu’ eux (les islamistes), ne vont pas retomber une fois encore sous le joug des intégristes , prônant le retour à la religion pure et dure (avec une interprétation du Coran bien à eux).
En effet, et cela sera ma dernière remarque, il faut parler de cette religion très particulière qui est dans un premier temps un frein à tout développement.
Un exemple pour illustrer ce propos.
Ayant été durant 13 mois détaché d’Air France dans la compagnie Royal Air Maroc pour prendre la responsabilité du service d’enregist rement de l’Aéroport de Casablanca Anfa, j’ai été au bout de 3 mois changé de service, car la Direction de la RAM ne voyait pas d’un bon œil, qu’un Français soit encore au contact des clients (mon travail consistait en premier lieu a empêcher les agents de se mettre dans les poches une partie de la recette des excédents de bagages !).
J’ai donc pris la responsabilité d’un service opérationnel dans lequel je faisais de la formation et devais surveiller le travail des personnels qui effectuaient les calculs de charge aux départs des avions (j’aurai à raconter des dizaines d’histoires drôles qui me sont arrivées pendant le temps de ma présence au sein de l’équipe), seul Français avec le Chef d’Escale et ses 2 adjoints pour plus d’une centaine d’agents marocains. Mais cela n’est pas le propos.
À chaque fois que je constatai une erreur, ( je devais signer les documents avant remise aux équipages), mes collaborateurs me répondaient lorsque je leur passais un savon : « mektoub, c’est Dieu qu’il l’a voulu !!!! », « ce n’est pas ma faute, c’est Dieu qui m’a dicté ce que je devais écrire ».
Partant de ce principe que c’est une puissance divine qui est responsable de tout, il ne faut pas s’étonner que les musulmans répètent à tout bout champ : « Alla ou Akbar, Dieu e st grand ».
À mon avis, il leur faudra encore de nombreuses années, voire de décennies avant qu’ils adoptent un comportement plus rationnel.
Étant respectueux de toutes les religions même si je ne suis pas croyant, je laisse à ces disciples de Mahomet le soin de faire leur révolution comme cela a été fait en occident, mais je sais que je ne verrai pas le bout du tunnel, moi -même.
Ma conclusion de tout cela ; les populations immigrées ne sont pas prêtes à se fondre dans le commun de notre pays sauf pour quelques exceptions qui ont déjà fait le pas d’abandonner la religion de leurs pères (leur « coming out » en quelque sorte !).
Ainsi il ne faut pas regretter d’avoir quitté l’Algérie, tôt ou tard, nous aurions assisté au rejet des populations non musulmanes, comme cela s’est déjà pratiqué avec les populations juives qui sont forcées de quitter leurs pays d’origine comme en Égypte, en Tunisie, au Maroc et dans tous les autres pays du Moyen-Orient.
C'est en raison des problèmes des relations entre Israël et les pays Arabes aux alentours, que les Juifs d’Afrique du Nord ont été obligés de partir, provoquant ainsi une accélération de la pauvreté dont souffrent maintenant les autres composantes de ces pays. La guerre en Israël n’arrangeant pas les choses bien entendu, surtout dans les pays d’obédience chiites, les fous furieux.
Supprimons les problèmes religieux de part et d’autre, on règle le problème israélo -arabe au Moyen-Orient.
Mais ce n’est pas demain la veille, hélas !
Ah ! Oui, encore une réflexion.
J’écris ce texte pendant la campagne des élections présidentielles de 2012.
On parle beaucoup des différents partis qui veulent le pouvoir.
Il n’est pas question ici de prendre parti pour l’un ou pour l’autre, mais je suis assez interloqué de lire ça et là que les « Pieds-Noirs » votent en majorité pour le Front National. Bien, c’est leur droit après tout.
Beaucoup de rapatriés sont encore très attachés à leur terre natale, ce qui se comprend, moi -même, je ne peux pas m’empêcher de penser à mes 30 ans de vie marocaine.
Par contre, je suis assez dubitatif lorsque je pense que ces pauvres gens ont été obligés de quitter l’Algérie à cause de l’OAS, l’origine du FN (les mouvements Occident et autre extrémistes qui ont pratiqué la politique de la terre brûlée et donc ont tout fait pour que les accords d’EVIAN ne puissent être appliqués).
Je n’ai pas voulu insister sur les dégâts qu’ont provoqués ces jusqu’au-boutistes factieux, mais je peux dire que j’ai été témoin de quelques exactions de ces grands « patriotes » !!! Qui 50 ans après leurs méfaits se pavanent à la télévision et justifient les crimes monstrueux dont ils ont été les auteurs.
O tempora, O mores.