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... un Témoignage du Passant Bleu :

La dernière patrouille de l'Algérie française...

par Philippe GROULT

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Un récit autobiographique de Philippe GROULT.

Chapitre IV: PÉRIODE POST ALGÉRIE Retour en Métropole.

On aperçoit la Bonne Mère.

Le bateau après une croisière très calme arrive au quai de la Joliette. Dans les derniers temps, au mess de la Région Militaire qui regroupait tous les sous-officiers de toutes les unités, j’ai à plusieurs reprises entendu un Adjudant de notre compagnie déclamer à haute voix, à table :
- Moi, quand je rentrerai en France, je ramènerai une mitrailleuse de 30 ! »
Évidemment cette déclaration avait le don de faire rire une bonne partie du mess. Mais comme dans la salle, il y avait aussi des Gendarmes, les copains de l’Adjudant lui disaient qu’il ferait mieux de se taire. Ce dernier leur déclarait qu’il n’en av ait rien à F… !
Arrivé au port de Marseille, aussitôt après être descendus par la passerelle, tous les militaires sont alignés devant le navire, avec le paquetage devant soi.
Des gendarmes et des douaniers passent en revue le groupe puis un Officier de ge ndarmerie appelle :
- Adjudant untel ?
- Oui, c’est moi, répond notre plaisantin.
- Ouvrez votre cantine !
Le couvercle soulevé, une mitrailleuse de 30 apparaît aussitôt placée sur le linge savamment plié , simplement entourée d’un papier journal .
Nous n’avons plus revu l’Adjudant !
Mais bien d’autres armes sont revenues à Marseille, il n’était pas question de fouiller tout le monde, sinon, on aurait eu quelques surprises.

Ayant appris qu’un copain d’enfance était caserné au camp Ste Marthe, et ayant du temps à passer avant de prendre le train pour Sissonne où avait lieu la dissolution du Bataillon, je vais voir mon ami Jean-Louis.
En arrivant, j’apprends que celui-ci est consigné en raison de sa formation FCB.
N’ayant pas voulu rester dans cette caserne infecte, j’ai usé de mon grade pour faire sortir mon ami qui n’en revenait pas de pouvoir quitter ces lieux, salués par la sentinelle (en fait, c’était mon grade que l’on saluait), Jean-Louis a toujours dit qu’il avait bénéficié du salut, ce qui est tout à fait exagéré, mais bon !
Arrivé à Sissonne, n’étant pas concerné par la liquidation du Bataillon, nous sommes invités à demander une permission, valable dès sa signature. Les hommes du cru n’étant pas fâchés de nous voir quitter les lieux le plus rapidement possible. Ils nous ont même mis à notre disposition un 4X4 pour nous emmener à la gare.
Puis c’est la permission de fin de campagne d’Algérie.
Auparavant, les Sous-officiers d’Active ont été priés de demander une affectation en métropole. N’ayant aucune idée sur la suite de ma carrière, je demande une affectation près de ma famille dans la région rouennaise.
Comme tous les petits malins ont tous demandé un régiment stationné sur le rivage sud de la France, ils se retrouvent tous, soit dans l’est de la France, soit en Allemagne. Seul du régiment, je vois mes vœux exaucés ! Et je me vais me retrouver dans la capitale normande, affectation sûrement demandé que par un drôle de zozo : moi.

Photo de l'écusson du 2°R.I.

Ma dernière affectation nom !) à ROUEN:

au 39ème Régiment d’Infanterie, caserne Pélissier (encore ce charmant petit endroit idyllique situé rive gauche à quelques dizaines de mètres de la prison Bonne Nouvelle (c’est son nom !). La caserne maintenant détruite avait son entrée principale rue du 74ème Régiment d’Infanterie.
Affecté au bureau des Effectifs, j’ai assez mal vécu cette affectation (de ma faute d’ailleurs), mais mon séjour en Algérie m’avait un peu traumatisé (comme beaucoup d’autres), et n’avais qu’une hâte, c’était de quitter l’Armée.

Le mess des Sous Officiers du 39 éme RI, Caserne PELISSIER à ROUEN Rive Gauche.

Le couronnement de ma carrière, le 14 juillet 1963

14 Juillet 1963, notre Régiment est désigné pour le défilé sur les Champs Élysées à Paris.
Arrivés le 11 au camp du Train de Montlhéry, n ous répétons pendant 3 jours et apprenons à marcher à peu près au pas tous ensemble. Enfin le jour « J », lever à 3 heures, embarquement dans les bahuts à 4 heures, arrivés sur les Champs à 6 heures, nous devons patienter jusqu’à 9 heures avant de commenc er à manœuvrer (présentation des armes aux différents gradés qui arrivent enfin !), non sans avoir été invités à prendre le café au bar du Fouquet’ s (c’est la seule fois de ma vie que j’ai consommé gratis dans cet établissement !). C’était à ce moment, la tradition, la direction offrait le café aux troupes stationnant en face de son célèbre restaurant situé à l’encoignure du boulevard et de l’avenue Georges V.
Passage du Général et de Georges Pompidou, puis c’est le début du défilé.
Après le passage à La Concorde et la séparation des compagnies en deux, nous nous retrouvons devant l’Église de la Madeleine ou les camions nous attendent.

L’après-midi, comme je connais bien la ville, des copains me demandent de les emmener visiter l’Arc de triomphe, place de l’Étoile. Après cette visite, nous sommes invités par des Parisiens à venir chez eux pour dîner.
Mes 2 amis et moi passons une bonne soirée, le monsieur nous ramène vers minuit au camp.
J’ai perdu le nom de cette charmante famille, je me rappelle seulement qu’ils habitaient rue d’Estrée, près de l’église des Invalides.

Permission rallongée, les délais de route pour le Maroc, c’est confortable.

Aussitôt après cette journée, ayant posé une permission pour retourner à mon domicile de Casablanca, je dois prendre un tour de garde dans un camp qui abrite un local dans lequel sont stockés les matériels servant à l’instruction des jeunes enfants en matière de circulation routière (petites voitures à pédales, panneaux routiers, etc.… )
J’arrive avec mes sbires (tous appelés, bien sûr), et nous découvrons ce que nous devons garder. Comme les gars sont plus gamins que les écoliers qui devaient apprendre le Code de la route, ils se mettent à jouer avec le matériel.
Arrive un Colonel de Gendarmerie, qui voyant le bazar me prend mon nom et fait demi-tour.
Quelques jours plus tard, le Capitaine B., Commandant la CCS, me convoque et me signifie ma punition (45 jours généreusement attribués par le Commandant de la Place de Rouen pour détérioration de matériel militaire !
Après m’être expliqué, le Capitaine, me tend ma permission de 30 jours, qu’il venait de faire signer par le Colonel K. commandant le Régiment et reprend l’avis de punition et le place en dernier dans la corbeille du courrier en attente en me disant de filer avant qu’il se ravise.

Arrivé au Maroc, je fais le décompte des jours qu’il me reste à accomplir avant de me retrouver civil. Il me reste 2 mois avant mon départ de l’Armée.
Quelques jours avant mon retour à Rouen, je me fais porter pâle et me rend au Consulat de France pour une contre -visite médicale. Là, je tombe sur un médecin appelé qui me rajoute 15 jours à ma permission.

Au retour à Rouen, le bon Capitaine m’apprend qu’avec mes bêtises, je suis muté disciplinairement au Havre au 74éme RI.

Au Fort de Ste Adresse (qui a été détruit récemment).

En fait, et grâce à Jean -Claude L. ("Le Nomade") fait part de la parution d’un formidable livre sur le 39 éme durant la guerre de 14 -18, que j’ai appris 50 ans plus tard que ma mutation avait sûrement été décidée, car le 39 éme avait été séparé en deux unités, la partie destinée au Havre prenant le nom de 74éme RI. Et donc pour m’éviter une infâmie, mon Chef m’avait fait passer en douce dans une autre unité, ce qui, probablement lui permettait de ne pas enregistrer ma punition.

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