![]() |
Historique des Compagnies Méharistes |
![]() |
Retour vers Chapitre 3 |
Vous êtes sur une page de
limafoxromeo
|
Suite : Chapitre 5
|
Tandis que nous rencontrions des difficultés sérieuses dans les confins tripolitains, le Sahara central restait calme et son organisation se poursuivait dans la paix en liaison avec l'Afrique Occidentale Française.
Après son séjour à Agadès du 10 au
17 septembre 1908, le lieutenant Sigonney avait
encore rencontré le lieutenant Lasseron,
chef du secteur de Kidal en février 1909. La même année, le
colonel Laperrine décida de se rendre auprès du colonel
Venel, commandant du territoire militaire du Haut-Sénégal-Niger
pour étudier avec lui les modifications à apporter à la limite
administrative entre l'Algérie et l'A.O.F., organiser des caravanes
transsahariennes, créer un service postal régulier, réglementer la
transhumance, etc... Il partit donc d'ln Salah le 8 avril 1909 avec son
adjoint le lieutenant Clerget de Saint-Léger
et une escorte de quinze méharistes seulement (1). Le 12 juin, il arrivait
à Gao où la présence des Chaamba fit sensation chez les Touareg du Niger.
De Gao, il gagna Niamey en pirogue tandis que son escorte allait
l'attendre dans les pâturages de Tahoua. Le colonel
Laperrine et le colonel Venel
mirent au point l'important accord connu sous le nom de Convention
de Niamey qui règle encore les relations entre les deux
territoires dont elle détermine les limites. Parti de Niamey le 21
juin, le commandant du territoire des Oasis retrouva son escorte à Ménaka. Le lieutenant de Saint-Léger qui, au passage
dans le Hoggar avait relevé le lieutenant Sigonney
à la tête du groupe mobile, reçut pour mission de mettre immédiatement en
application la convention de Niamey: faire rentrer en territoire algérien
les fractions Touareg en transhumance au Soudan, déterminer le tracé de la
frontière administrative encore imprécise dans la région mal connue de
l'Adrar et, enfin, construire un bordj-magasin à Tin Zaouaten. Le groupe
mobile du Hoggar resta dans le massif montagneux des Ifoghas du 15 octobre
1909 au 15 mars 1910.
Après avoir quitté
le lieutenant de Saint-Léger, le colonel
Laperrine passait une quinzaine de jours à Fort-Motylinski
et à Tamanrasset avec le Père de Foucauld.
Il rentrait à ln Salah le 30 septembre ayant parcouru en moins de six
mois, trois mille neuf cents kilomètres dont près de deux mille
entièrement nouveaux avaient été levés.
A la suite de cette tournée, le
commandant militaire des Oasis écrivit un rapport qu'on cite encore comme
un modèle du genre tant il est complet et minutieusement étudié. C'est
dans ce document qu'il a écrit les lignes qui ont été citées au début du
présent historique (cf. p. 8).
Si les tribus du Sahara central sont pacifiées du nord au sud, l'agitation reste aussi grande à l'ouest qu'à l'est. Les tribus insoumises du sud -marocain et des confins harcèlent sans arrêt nos troupes, nos postes et nos protégés. Le Touat cependant connaît un calme relatif qui permet de réduire l'effectif de lacompagnie d'Adrar pour renforcer celui de la compagnie de la Saoura continuellement sur la brêche.
Il) Voir crocruis page 35
41
Au début de mars 1908, des renseignements indigènes signalent un rezzou de Beraber se dirigeant vers la Saoura. Immédiatement, un contre-rezzou est organisé à Beni Abbès avec quatre-vingts méharistes de la compagnie saharienne (lieutenants Carcopino et Besse) et quarante tirailleurs du groupe franc du lieutenant Régnier. A El Hameïda, où le lieutenant Cancel avait livré combat le 4 octobre précédent, la colonne relève de nombreuses traces allant non pas vers l'est comme on le pensait mais vers l'oued Daoura. En dépit des instructions permanentes qui limitent notre action vers l'ouest, le lieutenant Carcopino décide de saisir cette occasion et de suivre la piste qu'il vient de découvrir. Le 10 mars au soir, il arrive sur les bords de la vallée de la Daoura qu'il préfère ne pas franchir de nuit et il campe. Mais les Beraber ont éventé leurs poursuivants en capturant un éclaireur. Profitant de l'obscurité, ils traversent la Daoura au milieu de la nuit et leur horde se jette sur le camp. Leur supériorité numérique est écrasante, leur armement excellent. Dès le début, le lieutenant Régnier est tué. Mais la troupe française se remet vite de sa surprise et la riposte est brutale. En peu de temps, le courage des sahariens et des tirailleurs force l'ennemi à une retraite précipitée. Craignant de subir un nouvel assaut avant le lever du jour alors qu'il commence à manquer de munitions, le lieutenant Carcopino décide de se retirer ,sur Zeghamra après avoir demandé du secours au lieutenant Martin, du Touat, qui se trouve à Ougarta. Il a le temps de dénombrer trente-cinq cadavres de Beraber autour du camp et organise le repli de ses blessés sur les méhara qui n'ont pas été tués au cours du combat. A Barbouchi, il rencontre le lieutenant Martin, qui avec ses cinquante méharistes vient de parcourir cent trente-sept kilomètres en vingt heures dans un terrain difficile.
Dans ce deuxième combat d'El Hameida (l) nous perdions deux tués: le lieutenant Régnier, et le saharien Ben Farah ben Farah, quatre blessés: le maréchal-des-logis Colonna d'Istria (grièvement atteint) qui reçut la médaille militaire, le sergent de tirailleurs Bouziane, le brigadier El Aïd ben Miliane et le saharien Berkane ben Ahmed. Furent cités à l'ordre du 1er Corps d'Armée les lieutenants Carcopino, Besse et Martin , les brigadiers Fuzibay , Gaudel et Mohamed ben Habib (ce dernier avait parcouru cent quatre-vingt-dix kilomètres en trente-deux heures). La médaille coloniale fut décernée à tout le groupement.
(1) On n'avait pas osé avouer que ce combat avait eu lieu sur les bords de la Daoura de peur de complications avec le Maroc. Il fut donc baptisé deuxième affaire d'El Hameida
Au mois de septembre 1908, un rezzou de cent fusils aux ordres d'un Ouled Djerir sort du Tafilalet, passe le Guir, la Zousfana et entre dans l'Erg. On lui prête l'intention d'attaquer les pâturages de la compagnie de la Saoura ou ceux de la compagnie du Touat ou encore des chameaux de Doui Menia ralliés qui sont à Hassi Meghimin. En fait, il tombe sur les Amour à Moghrar Tahtani, tue quelques bergers, razzie plusieurs centaines de chameaux et retraite vers le sud. Toutes les troupes sont alertées pour tenir les débouchés de l'Erg: l'escadron de spahis du capitaine Alaret et la compagnie saharienne de Colomb (capitaine Doury) se portent sur Taghit, le groupe mobile de la Saoura (lieutenants Debacker et Humbert) est à Igli, le peloton Carcopino et un peloton du Touat (lieutenant Goujon) sont rassemblés à Mazzer.
Dans la nuit du 14 au 15 octobre, une patrouille du groupe mobile Debacker recoupe les traces du rezzou à Ras el Erg à vingt kilomètres au nord d'lgli. Les pillards viennent de franchir la Zousfana et filent à toute vitesse vers l'ouest. La poursuite commence aussitôt. L'ennemi se sent traqué et il fuit sans se soucier des animaux de prise qui, ne pouvant soutenir son train, restent en arrière. Le 15 à 8 heures du matin, il est rejoint un peu à l'ouest du Guir sur la hamada.Forcé au combat, il s'installe au redjem (2) dit Ouled ben Ouani, derrière un très léger pli de terrain qui abrite ses tireurs et son troupeau.
(2) Redjem: cairn, signal fait d'un amoncellement de pierres pour servir de jalon sur les pistes sahariennes.
42
Nos sahariens sont sur la hamada nue et l'approche sous le feu ennemi
est très périlleuse mais ils profitent habilement des moindres angles
morts pour gagner quelques mètres. La lutte est indécise jusqu'à ce que le
maréchal-des-logis Deschamps se précipite à
l'assaut du redjem qu'il enlève brillamment pendant que le
lieutenant Humbert déborde le rezzou. Celui-ci sur le point
d'être cerné s'enfuit abandonnant ses chameaux de prise et dix-huit
cadavres. Le lieutenant Humbert et un saharien de son peloton ont été
blessés mais l'attaque du redjem a coûté plus cher: deux morts et quatre
blessés dont trois grièvement. Pour exploîter ce succès, le lieutenant
Debacker reprend la poursuite. A midi, à hauteur d'un redjem
connu sous le nom de Ba Haddi, le rezzou fait front de nouveau en prenant
position dans une petite cuvette, seul abri naturel de l'immensité plate.
Il s'est fait un rempart des chameaux qui lui restent et fait pleuvoir une
grêle de balles sur ses poursuivants qui ne peuvent réaliser ia moindre
manœuvre. Le brigadier Personne qui veut se
déplacer est blessé par deux fois (les deux bras cassés). Il faut se
résigner à attendre la nuit. Mais le soleil est ardent et les hommes qui
se sont dépensés sans compter meurent de soif; c'est avec une grande
bravoure que ceux qui sont restés aux montures parviennent à porter de
l'eau aux combattants les plus avancés.
Vers 7 heures du soir, alors que le soleil
est couché, les djicheurs profitent de l'obscurité pour s'élancer sur les
sahariens en poussant de grands cris. Un feu violent les cloue au sol, ils
refluent et se perdent dans les ténèbres abandonnant douze tués dont le
chef du rezzou. Nous avions deux tués et cinq blessés dont trois
grièvement.
Dans la nuit, le
lieutenant Carcopino arrivé à toute allure de Mazzer reprend la
poursuite pour la troisième fois mais les djicheurs se sont égaillés et il
est impossible de les retrouver.
L'affaire coûtait à l'ennemi en plus de ses
trente morts, deux cent quatre-vingt-un chameaux de prise et trente-six
méhara, vingt-et-un fusils, de nombreuses cartouches, tous ses bagages.
Les survivants s'étaient enfuis sans monture, sans vivres ni eau; il est
probable que beaucoup d'entre eux sont morts de soif.
Le lieutenant Debacker
concluait son rapport sur les combats du 15 octobre par cette
phrase:
« Nos méharistes, en cette circonstance comme en toutes celles où il leur
été donné de se montrer, se sont conduits avec un sang-froid, une énergie
et une bravoure qu'on ne saurait trop admirer. C'est un honneur de les
commander» (1)..
(1) En plus de la médaille coloniale attribuée à tout le groupe mobile, une citation à l'ordre du 19° Corps d'Armée fut décernée aux lieutenants Debacker et Humbert, au médecin aide-major Pérot, aux maréchaux-des-logis Deschamps, Dentaud et Ben Amba et à 13 brigadiers et sahariens.
Presque en même temps, le maréchal-des-logis Péhau, de la compagnie saharienne de la Saoura, venant de Tabelbala chercher du ravitaillement à Beni Abbès était attaqué par un djich au Kheneg el Aten entre El Kseib et Ougarta. Il réussit à se dégager mais un de ses sahariens fut tué.
Au mois d'août 1909, un groupement aux ordres du lieutenant Maunoury, comprenant cinquante cavaliers de la compagnie saharienne de Colomb et cinquante-deux tirailleurs du groupe franc (lieutenant Chauvelot) patrouille dans la région de Djorf Kholfi sur le Guir où l'on a signalé plusieurs rezzous venus du Tafilalet..
Le 8, vers 7 heures du matin, des éclaireurs signalent un djich embusqué au fond d'un ravin rocheux. Le lieutenant Maunoury ne dispose à ce moment-là que de vingt-trois cavaliers, les autres sont avec le lieutenant Chauvelot battant la région du Douès à une trentaine de kilomètres à l'ouest.
43
Maigré son faible effectif et pour éviter que les djicheurs se dérobent, le lieutenant Maunoury les attaque résolument. Il est assez habile pour les fixer jusqu'à 11 heures, moment où arrive le lieutenant Chauvelot. Aussitôt c'est l'attaque. Entraînés par leurs chefs les hommes atteignent les bords du ravin où les pillards retranchés se défendent avec une opiniâtreté et un courage qui en font des adversaires redoutables. Après un temps d'arrêt, officiers en tête, l'assaut reprend soudain, tout le monde saute dans le ravin et c'est un combat au corps à corps, violent, court et sans merci. Quand la lutte cesse, tous les djicheurs, sauf trois qui ont fui dès le début de l'engagement, gisent dans le lit de l'oued. Au prix de deux tués et d'un blessé le djich a été anéanti (1). .
(1) Livré en plein été, aux heures les plus chaudes de la journée dans un terrain très difficile, le combat de Djorf Kholfi fut un beau succès qui méritait bien la médaille coloniale. Une citation à l'ordre du Corps d'Armée fut décernée aux lieutenants Maunoury et Chauvelot, à six sahariens et un tirailleur. Le saharien blessé Miloud ould ben Fedal, reçut la médaille militaire.
Pendant l'été, le maréchal-des-logis Verlot du Touat avait visité Khettam et Khettamia dans l'Iguidi préparant la reconnaissance du capitaine Cancel que le chef d'escadron Augiéras décrit ainsi:
« La reconnaissance se rassemble à
El Kseib (sud d'Ougarta) le 9 novembre. Elle comprend le capitaine
Cancel (Touat) avec deux pelotons du Touat (lieutenants
Nicloux et Goujon) et un peloton de
la Saoura (lieutenant Lapeyre) et le docteur
Antoine. Un deuxième peloton de la Saoura (lieutenant
Humbert) et cinquante tirailleurs (lieutenant
Dessaux) restent en soutien près de Tabelbala. La reconnaissance
se porte sur Tinoraj, El Atimine, Khettamia, Rhemilès, Chouikhia, Bouboute
et remonte sur Tounassine où elle tombe, le 9 décembre, sur un gros rezzou
de deux cent cinquante Ouled Djerir qui, se rendant au Soudan, ont vu les
traces à Rhemilès et se jetaient dans l'ouest; Le combat est engagé assez
tard et les razzieurs occupent une crête. Le lieutenant
Lapeyre qui avance à découvert avec son peloton à pied est
mortellement blessé dès le début de l'action. La nuit vient. Le rezzou se
défile ayant perdu dix-huit tués (dont neuf laissés sur le terrain). Nous
avons trois tués (lieutenant Lapeyre (2) et
deux méharistes) et trois blessés.
« La reconnaissance se replie sur
Rhemilès et avant d'y arriver capture, le 12 décembre, un troupeau de
quatre-vingt-cinq chameaux gardés par quelques Beraber d'Abidine
qui reviennent du Soudan avec leurs prises et devancent le gros d'un autre
rezzou.
« La reconnaissance se porte sur Haci
Chaamba, Bou El Adam et Tabèlbala ramenant le corps du lieutenant
Lapeyre.
« Elle se reforme aussitôt pour couper
la route au nouveau rezzou signalé et comprend dès lors quatre pelotons:
deux du Touat (lieutenants Nicloux et Goujon) et deux de la Saoura « (lieutenant
Humbert et maréchal-des-logis Colonna).
Elle se porte sur Haci Chaamba et Tounassine, où elle arrive le 1er
janvier 1910. Le 3, le rezzou arrive et est accroché par une patrouille.
Mais la nuit vient et il se disperse. Un détachement léger de cent
méharistes part au lever de la lune et atteint dans la hamada un groupe
d'une quarantaine de Beraber vers 15 heures. Le combat s'engage aussitôt
mais la nuit vient encore l'interrompre. Nous avons un tué, trois blessés
et les Beraber laissent six morts (3) Sur le terrain. Le butin des 3 et 4
janvier représente cent vingt chameaux, vingt-sept bourricots, trente-huit
fusils dont dix-sept à tir rapide. « Ce rezzou venait du Soudan et avait
été accroché à Achourat par les Soudanais (4).
(2) Le nom du lieutenant
Lapeyre a été donné au bordj de Beni Abbès.
{3) Dont le chef du rezzou,
Ba Ahmed ould Abidine.
(4) Le 29 novembre 1909 le capitaine
Grosdemange avec soixante-quinze tirailleurs méharistes attaque
un rezzou de deux cent soixante-dix Beraber au puits d'Achourat.
L'ennemi puissament armé réagit violemment et encercle les tirailleurs.
Une brillante contre-attaque du convoi un moment menacé décourage les
Beraber qui se replient dans l'après-midi laissant sur le terrain
soixante-dix cadavres, de nombreux chameaux et tous ses bagages. Nous
perdions dix-huit tués, dont le capitaine
Grosdemange et vingt blessés.
Reconnaissance des Compagnies
du TOUAT et de la SAOURA
1909 novembre - décembre- janvier 1910 |
45
« Pendant ce temps, le
maréchal-des-logis Dentaud, envoyé vers Rhemilès, avait aperçu un
autre rezzou avec deux cents chameaux environ, mais n'avait pu
l'inquiéter. Le lieutenant Nicloux, envoyé
vers le sud-ouest n'avait rien vu.
« A Rhemilès, la reconnaissance est rejointe
par un cinquième peloton (lieutenant de Vigan)
envoyé en renfort. Elle se porte sur Khettamia, rentre à Tabelbala le 24
janvier et s'y disloque sur Beni Abbès et Timimoun ».
Outre le résultat militaire, cette
reconnaissance avait permis de faire un important lever topographique basé
sur des points astronomiques dus au lieutenant
d'artillerie Goujon.
Le général commandant le 19° Corps d'Armée
dans son ordre du jour n° 49 écrivait:
« Ces opérations font le plus grand honneur
au capitaine Cancel et aux fractions des
compagnies sahariennes qui y ont pris part. L'effet moral a été
considérable. Les populations pillardes qui exerçaient leurs rapines
jusqu'au Niger ne se sentent plus désormais à l'abri de la répression.
Elles ont vu avec stupeur que nous pouvions tendre la main aux troupes
soudanaises, opérer en liaison avec elles, elles ont compris qu'elles
avaient désormais sur leur flanc un adversaire averti qui ne les
laisserait plus commettre leurs méfaits habituels» (1).
(1) Il citait à l'ordre les cinq sahariens tués, le capitaine Cancel, les lieutenants Goujon, Humbert, Nicloux et de Vigan, le médecin aide-major Antoine, quatre sous-officiers, sept brigadiers et sept sahariens. Le lieutenant Lapeyre, reçut la Légion d'honneur à titre posthume et le maréchal-des-logis Verlot, qui l'avait remplacé à la tête de son peloton, la médaille militaire. Cette dernière fut aussi décernée à trois sahariens qui s'étaient distingués au feu.. .
En juin 1910, le capitaine de Clermont-Gallerande, commandant la Saoura, occupe avec cent dix méharistes (lieutenant Bretzner) et cinquante tirailleurs (lieutenant Dessaux) l'oasis de Tabelbala où il laisse une petite garnison aux ordres du maréchal-des-logis César. Tabelbala va devenir le point d'appui du groupe mobile de l'ouest.
Quelques jours après, un djich de quatre piétons s'approche du poste. Le voyant occupé, il se replie mais il a été signalé par un indigène et le maréchal-des-logis Personne et huit sahariens se lancent à ses trousses. La poursuite commence dans un terrain rocailleux où les traces sont difficiles à suivre. La chaleur est accablante. Obligé de prendre un peu de repos pendant la canicule, le maréchal-des-logis Personne fait halte dans l'erg où il a été conduit par la piste des djicheurs. Vers 14 heures, la sentinelle signale quatre piétons qui fuient. Le sous-officier les prend en chasse avec quatre hommes tandis que le reste de sa patrouille rassemble et selle les méhara. Les djicheurs réussissent à s'établir sur une haute dune d'où ils accueillent leurs cinq poursuivants à coups de fusils. Habilement manœuvrés, ils décrochent. La patrouille au complet, reprend la poursuite horriblement pénible: il est 3 heures de l'après-midi, le sable brûle les pieds. Mais les sahariens rivalisent d'ardeur pour ne pas perdre le contact, certains courent pendus à la queue de leurs chameaux. Vers 18 heures, les djicheurs sont rejoints à Hassi. M'Khenza; ils n'ont pas eu le temps d'escalader la grande dune qui domine le puits, le maréchal-des-logis et quatre hommes y parviennent à leur insu. Après une courageuse défense, les razzieurs tentent de conquérir le point fort de la dune mais ils sont abattus en quelques coups de carabine.
Le 17 juin le détachement du maréchal-des-logis Personne rentrait au complet à Tabelbala ayant parcouru cent trente kilomètres et rapportant quatre fusils pris aux djicheurs. L'effort fourni était, comme souvent au Sahara, hors de proportion avec le résultat obtenu
46
Le lieutenant
Lemaire, chef du poste de Taghit, retour de congé, allait de
Béchar à Taghit avec une escorte de quatorze mokhazenis à cheval quand, le
24 septembre 1910, au Megsem Hallaba, défilé du Djebel Arlal (1) il
découvre les traces d'un djich de douze hommes qui avait enlevé une petite
caravane là veille au soir. Avec les dix mokhazenis les mieux montés, il
entreprend la poursuite en se faisant renforcer par des sahariens de la
compagnie saharienne de Colomb qui tiennent le petit poste voisin de
Ménouarar. A travers un terrain très difficile, par une chaleur suffocante
les chevaux ont peine à suivre le train qu'impose l'avance prise par les
djicheurs. Le 27, l'adversaire est rejoint, après cinquante-deux heures de
course (dans les der- nières vingt-quatre heures, quatre vingt-cinq
kilomètres sont parcourus sans le moindre arrêt); à 13 heures il est forcé
au combat et, jusqu'à 14 heures 30 au plus fort de la chaleur, c'est une
lutte exténuante. Deux djicheurs sont tués, trois blessés, les autres mis
en fuite. De notre côté, nous avons trois blessés. Le
lieutenant Lemaire, qui n'avait pu faire provision de vivres et
de fourrage et dont les montures sont épuisées, doit abandonner la
poursuite des sept survivants et rentrer à Taghit où il arrive le 30
septembre. Dès le lendemain, il doit se porter au secours du capitaine
Berriau, nouveau commandant de la compagnie saharienne de la
Saoura, qui, rejoignant son poste, vient d'être assailli au Megsem Hallaba
décidément propice aux embuscades. L'escorte de sahariens du capitaine a
été surprise par la soudaineté de l'attaque des Beraber : trois hommes
sont tués, douze chameaux enlevés. Le lieutenant
Lemaire avec vingt-sept cavaliers, dont bon nombre sont rentrés
de la veille, tente de couper la retraite du djich en se dirigeant sur
Refaia mais il lui faut trois jours pour retrouver les traces. Encore une
fois, il est à court de vivres pour ses chevaux et les djicheurs ont trop
d'avance pour qu'il soit possible de les rejoindre. Le détachement rentre
à Taghit ayant parcouru quatre cents kilomètres en cinq jours par une
température torride dans un terrain des plus difficiles.
(1) Le même djebel, à soixante-dix kilomètres de Béchar, où le général Clavery trouva la mort en 1928.
En automne 1910, le lieutenant
Sigonney, commandant le groupe de police du Hoggar de la
compagnie du Tidikelt, se trouve dans le Timétrine où il coopère avec la
section méhariste de Kidal à des opérations de recensement. Etant au sud
d'Achourat, il apprend la présence d'un rezzou de cinquante hommes
commandé par un fils d'Abidine qui
vient d'enlever cinq cents chameaux aux Kounta et aux Berabich.
Immédiatement, il se lance à sa poursuite mais le mauvais état de ses
montures l'oblige à dépêcher en avant de lui le maréchal-des-logis
Ahmed ben Diab avec les quatorze méharistes les mieux montés.
Après une course très rapide, le sous- officier réussit à accrocher le
rezzou au nord d'Achourat et à lui reprendre soixante-trois
chamelles et un négrillon. Les méhara étant exténués, ce succès ne peut
malheureusement pas être exploité (2).
(2) Le groupe Ahmed ben Diab reçut la médaille
coloniale (décret du 11 août 1911).
« En novembre, le groupe mobile de la
compagnie de la Saoura (lieutenant de Vigan)
parcourt la Daoura entre Bou el Adam et Oudika. Il y relève de nombreuses
traces de troupeaux. Dès son retour à Tabelbala, le lieutenant obtient
l'autorisation de tenter un coup de main.
« Il repart le 21 novembre avec
cinquante-cinq méharistes, franchit la Daoura à Bou el Adam, passe à
Chefaia et atteint les ruines d'El Hamra où il relève encore des traces de
troupeaux. il les suit le 24 dans l'Erg Relania puis revient sur Resgui et
entre dans l'Erg Mriti. Il y capture quatre-vingt-dix chameaux, fait
prisonniers les trois bergers et rentre aussitôt sur Bou el Adam et
Tabelbala ».
47
« Une vingtaine de Beraber embusqués dans la montagne attaquent les deux méharistes (de la compagnie de la Saoura) qui portent le courrier de Tabelbala à Beni Abbès et les tuent dans la gorge resserrée du Foum Tlaïa. Le courrier n'arrivant pas à Beni Abbès, une patrouille (trois cavaliers et deux méharistes) est envoyée aux nouvelles. Elle est également attaquée et perd un tué et trois blessés. Mais les Beraber ont, de leur côté.. trois hommes tués.
" Le groupe mobile (lieutenant Bretzner) et les cavaliers d'Igli (lieutenant de Vigan) sont aussitôt mobilisés et poursuivent le djich qu'ils serrent de près en arrivant à Sobti mais ils renoncent à s'engager dans la région montagneuse propice aux embuscades» (1),
(1) Augiéras - loc. cit.
En 1911, le groupe mobile de la Saoura fait plusieurs reconnaissances dans l'ouest, il visite la Daoura, la franchit à plusieurs reprises. En novembre, le lieutenant Bretzner atteint même la lisière sud du Tafilalet à Taouz.
A la même époque, le capitaine de Mas-Latrie, commandant la compagnie du Touat, à qui on a signalé des rezzous dans l'Iguidi, patrouille dans la région d'Oguilet Mohamed tandis que le groupe mobile de la Saoura (cent dix-sept méharistes) avec le lieutenant Bretzner et l'officier- interprète Chareix s'enfonce beaucoup plus à l'ouest. Le 23 décembre, il est à Tounassine d'où il pique vers le sud-ouest dans la partie de l'Iguidi appelée Ouahila. Il découvre de nombreux puits encore inconnus de nos sahariens mais, faute de guide, ne peut les identifier. Il rapporte de cette reconnaissance de bons croquis topographiques et ses hommes se sont familiarisés avec une région fréquentée par de nombreux rezzous. Le groupe mobile rentre par Tounassine (3 janvier 1912) et Tabelbala (13 janvier).
Le 17 avril 1912, deux cavaliers de la compagnie de la Saoura porteurs du courrier destiné à Tabelbala sont tués à Ougarta par un djich Aït Khebbach. Aussitôt la nouvelle connue à Beni Abbès, le lieutenant Humbert part avec vingt-cinq sahariens à cheval en direction d'Oglet Beraber tandis que vingt-cinq méharistes d'Igli (maréchal-des-logis El Aïd) sont alertés; le djich est talonné jusqu'à Zerzour et doit abandonner ses bagages mais les cavaliers fatigués doivent renoncer à une poursuite dans le terrain difficile du Kem-Kem.
Une cinquantaine d'Aït Khebbach tombent sur le pâturage de la garnison de Tabelbala, tuent un saharien et enlèvent une trentaine de méhara malgré la vive défense du groupe de garde. Privé de montures, l'adjudant César ne peut poursuivre.
En août 1912, le groupe mobile de la Saoura est dans l'Iguidi aux environs de Rhemilès. Il essaie en vain d'accrocher le rezzou qui a attaqué l'azalai des Kounta au puits d'El Guettara le 23 mai 1912. L'azalai était escortée par le groupement du lieutenant Lelorrain (cent huit fusils). Cent cinquante Ouled Djerir bien armés, malgré une résistance désespérée des Soudanais. ont décimé le détachement qui perdit son chef et l'adjudant Rossi.
48
Le rezzou d'El Guettara semblait n'avoir pas quitté l'Erg Cheche; plusieurs autres bandes pillardes étaient signalées dans le Timetrine et l'Adrar des Ifoghas où les Touareg algériens avaient été conduits par une sècheresse de huit années au Hoggar. Cette situation alarmante décida le capitaine Charlet, chef de l'annexe d'ln Salah et commandant de la compagnie du Tidi kelt, à aller sur place prêter main-forte au groupe de police du lieutenant Depommier pour rétablir la sécurité menacée. Faute de guide capable de traverser l'Erg Cheche d'est en ouest, le capitaine Charlet quitte ln Salah en direction du sud le 5 octobre 1912 avec vingt-cinq hommes. (afficher la carte de l'itinéraire) Il est accompagné de Baba ould Abidine, fils aîné de notre fanatique ennemi, qui vient de demander l'aman à Beni Abbès et qui a ainsi l'occasion de prouver sa sincérité. En cours de route, le capitaine fait porter au lieutenant Depommier à Bouressa (Adrar des Ifoghas) l'ordre de diriger d'urgence un détachement léger aux ordres de l'adjudant Gautier sur Sounfat ou sur Tagenout où il devra être le 5 novembre (1) puis de se mettre en route lui-même pour la même destination avec le reste de son groupe et un fort ravitaillement. Le 23 octobre, le capitaine Charlet est à ln Zize, le 1er novembre à Ilafer, le 5 à Sounfat. L'adjudant Gautier ne s'y trouve pas; pas plus qu'il n'est à Tagenout où le maréchal-des-logis Ahmed ben Diab est allé en patrouille et où il a laissé une lettre informant l'adjudant que le détachement Charlet se porte sur Arareb.
(1) Tagenout: le premier point d'eau soudanais rencontré par le capitaine Cortier. (27 mars 1912) après sa célèbre traversée du Tanezrouft. Parti d'Ouallen le 18 mars il refit l'ancienne piste caravanière du Touat à Tombouctou par Azennezan, Amrenene, Aïn Cheikh, Tin Didine, Tin Datsen. Malgré les difficultés de la route (il parcourt notamment onze fortes étapes sans se ravitailler en eau), il calcule huit points astronomiques.
49
Ce retard inquiète le capitaine Charlet qui croit que son courrier d'ln Zize s'est perdu. En fait, le message a bien atteint son destinataire mais à deux cent cinquante kilomètres au sud de son lieu de stationnement présumé. Pour rattrapper le temps perdu, l'adjudant Gautier avec trente méharistes couvre plus de cinq cent kilomètres en onze fortes étapes.Le 14 novembre, vers midi, il arrive dans l'erg d'In Guiem ( à trente-cinq kilomètres au sud ouest de Tagenout) ,Il y aperçoit plusieurs centaines de chameaux gardés par soixante-dix Beraber. Sans hésiter, il décide de s'en emparer. « Une adroite manoeuvre et un combat de quatre heures, soutenu avec une remarquable énergie rendent son faible détachement maître du terrain et d'importantes prises: deux prisonniers, seize nègres, treize fusils, trois-cent dix sept chameaux, quinze sabres, poignards, etc.., Cette première rencontre a coûté au rezzou dix tués et de nombreux blessés, Le reste a pris la direction du nord-est emmenant un nombreux convoi de chameaux et de nègres» (1),
Arrivé au puits peu après le combat, l'adjudant Gautier trouve la lettre d'Ahmed ben Diab et s'empresse d'envoyer au capitaine un messager qui arrive le 17 au soir. En dix-neuf heures de marche ininterrompue, avec un détachement allégé le commandant de la compagnie du Tidikelt se rend d'Arareb à Tagenout et organise un groupe de poursuite de cinquante carabines. Il n'emporte que quatre tonnelets d'eau et des vivres péniblement constitués pour vingt-deux jours car le lieutenant Depommier n'a pas encore rejoint avec le ravitaillement. Aussitôt c'est le départ sous la conduite de Baba'ould Abidine qui, ayant eu une attitude parfaite depuis ln Salah, inspire désormais confiance.
Le 22 novembre, après cinquante-neuf heures de marche, le détachement. est à In Dagouber ; les traces indiquent que le rezzou fuit à toute allure vers le nord avec moins de deux jours d'avance. Le 23, halte de quatre heures à Oglet Aïb Allah, les hommes sont fatigués et les animaux n'ont trouvé que des pâturages désespérément secs. Le 24, un vent de sable efface les traces, un temps précieux est perdu à les retrouver. Le rezzou a profité du vent pour obliquer vers le puits de Zmila que le guide ne connaît pas. Mais la course continue avec enthousiasme malgré la perspective de plusieurs jours sans eau, malgré le vent de la journée, malgré les nuits glaciales, malgré l'absence totale de pâturages.
Gradés et sahariens rivalisent d'entrain pendant la marche comme pendant la faction de nuit. Le même désir d'un succès complet pour venger les chefs et les coreligionnaires morts à El Guettara communique à tous une même endurance et un même entêtement dans la poursuite" (1).
Le 27 novembre, dans l'erg, le capitaine Charlet trouve un peu de pâturage et ordonne une grande halte en dépit du mécontentement qu'il sait causer à tous. Mais les animaux sont à bout de force. Il faut à tout prix les restaurer .
Le 28, les traces sont de nouveau perdues. Les quarante-deux méharistes les mieux montés continuent quand même la poursuite à toute allure avec seulement quatre jours de vivres. Le guide, qui ne connaît pas la région, hésite dangereusement sur la direction de Zmila qu'il situe par renseignements par rapport à Grizim où il n'est allé qu'une fois venant du nord. Par chance, le 29 au matin, les traces de quatre méhara mènent 1e détachement au puits; ces traces sont celles de quatre méharistes Beraber détachés du rezzou pour prendre de l'eau tandis que le gros de l'ennemi continuait sur Chenachane. Les empreintes sont de la veille, le rezzou n'est plus loin.:Les sahariens se mettent en gandoura blanche et ceinture rouge comme pour la revue et repartent. Peu après, dans un terrain qui se prête à merveille à une embuscade un troupeau est aperçu conduit par trois hommes. Capturés sans difficultés, les pillards indiquent que le rezzou est campé dans l'erg à deux heures et demie au nord. Ils venaient, eux, abreuver trente chamelles de prise complètement assoiffées et incapables de continuer la route.
(1) Capitaine Charlet : rapport de tournée.
- 50
En moins d'une heure de trot, le détachement français déployé en fourrageurs pour donner l'illusion du nombre arrive sur l'ennemi qui lève le camp et pousse ses chameaux à l'abri. Accueillis par un feu de salve, les sahariens en grande tenue foncent sous le feu. En un quart d'heure, tous les chameaux porteurs de bagages et d'esclaves sont entre leurs mains. Sans s'arrêter, quelques-uns « en tête desquels se signalent Baba ould Abidine et le brigadier Laïd ben Mansour continuent la course avec un entrain endiablé ». Mais les vingt Beraber qui fuient devant eux ont des méhara excellents et il devient rapidement illusoire, sinon dangereux de les poursuivre. Le capitaine Charlet se résigne à donner le signal du ralliement.
De retour au puits de Zmila, il dénombre son butin: treize négresses, vingt-huit négrillons de un à quatre ans, huit nègres, deux prisonniers,seize selles, cinquante-deux fusils dont cinquante à tir rapide, deux cent quatre-vingt-treize chameaux dont deux méhara enlevés le 14 novembre à une des patrouilles de l'adjudant Gautier au combat de Tagenout.
Aussitôt se pose l'angoissant problème du rapatriement de ces esclaves exténués et de cet important troupeau sur Tombouctou distant de mille cinq cents kilomètres. Le capitaine Charlet songe un moment à gagner ln Salah- qui n'est qu'à six cents kilomètres. Mais l'effet moral qu'il compte produire au Soudan en y ramenant le butin des Beraber le décide à faire un « détour»de plusieurs milliers de kilomètres par le sud. Le 30, il quitte Zmila pour abreuver à Grizim; Baba ould Abidine se perd et la colonne met quatre jours au lieu d'un pour atteindre le puits (1).
A Tni Haïa, le capitaine Charlet songe à rassurer le commandant militaire du territoire en envoyant un courrier à ln Salah par l'itinéraire du colonel Laperrine. Le saharien Le Brazidec, «topographe intelligent et breton résolu », s'offre à conduire une petite patrouille avec une boussole et un calque de la carte Niéger. Parti de Tni Haïa le 11 décembre, réapprovisionné en eau par une pluie providentielle, Le Brazidec arrivait à ln Salah le 27 décembre porteur du compte-rendu du capitaine Charlet. Il eut l'honneur de le remettre lui-même au général Bailloud, commandant du 19° Corps d'Armée, arrivé le matin même. Le saharien Le Brazidec venait de parcourir plus de six cents kilomètres en seize jours par un itinéraire difficile, inconnu de lui et de ses hommes.
Pendant ce temps, la lourde caravane continue sa marche vers le sud. Le 17 décembre à ln Dagouber, le capitaine Charlet trouve enfin le ravitaillement que devait lui apporter le lieutenant Depommier. Cet officier est allé chercher les dépouilles du lieutenant Lelorrain et de l'adjudant Rossi à El Guettara où depuis le 25 mai, elles étaient restées sans sépulture. Il rejoint son capitaine le 24 décembre à Achourat au lieu même où le capitaine Grosdemange était tombé onze mois plus tôt en combattant contre un rezzou semblable à celui qui venait d'être si durement châtié. Le 1er janvier 1913, le capitaine Charlet fait liaison à Tirouraouine avec le lieutenant Fauché, chef de poste de Kidal, qui décide de l'accompagner jusqu'à Tombouctou. Le 12 janvier enfin, les Chaamba de la compagnie saharienne du Tidikelt ramènent à Tombouctou, en présence du lieutenant-gouverneur du Haut-Sénégal-Niger, les corps des deux héros d'El Guettara. C'est au milieu de l'enthousiasme général qu'ils rendent la liberté aux captifs qu'ils ont sauvés.
Le 17 janvier, le capitaine Charlet repart pour El Ouig où il retrouve le lieutenant Depommier qu'il avait laissé à Achourat. Le 12 février, à Bouressa, il rencontre le général Bailloud qui, arrivant d'ln Salah, repart pour Kidal. Du 17 janvier au 1er mars, il circule dans l'Adrar et le Tamesnar, au milieu des campements touareg. Le 19 mars, il est à Fort-Motylinski; c'est là
(1) Elle y est rejointe par une patrouille d'arrière-garde laissée à Zmila. Cette patrouille y a tué le ler décembre deux retardataires du rezzou qui arrivaient assoiffés: un assassin depuis longtemps recherché et un fidèle partisan d'Abidine réputé pour ses qualités de guide. Leur mort portait à trente-six le chiffre des pertes du rezzou à Tagenout et à Zmila.
qu'il apprend la formation de la harka de Ghat. (1) et le danger que ce rassemblement fait courir à la région de Djanet que le groupe de police Gardel va dégarnir en allant à Djado. En neuf jours, avec huit hommes et sans bagages, il couvre les cinq cent cinquante kilomètres qui le séparent de Djanet. Le 3 avril, il trouve le lieutenant Gardel et son groupe. Quelques jours plus tard, c'est le combat d'Esseyen, puis un long séjour d'information dans la région d'El Barkat. A Titerisine d'où il part le 19 mai, le chef d'annexe du Tidikelt a encore neuf cents kilomètres à parcourir pour rentrer à ln Salah; malgré la chaleur il les fait en vingt-huit jours et arrive le 15 juin. Parti depuis près de huit mois, il a couvert six mille quatre cents kilomètres (2).
(1) Cf. page 37.
(2) C'est là la dernière grande reconnaissance
du capitaine Charlet qui quitta le Sahara
en novembre 1913. Cet officier saharien exceptionnel devait trouver la
mort pendant l'offensive de Champagne. Sa dernière citation se passe de
commentaires.
« Brave comme son épée. Déjà cité deux fois à
l'ordre de l'Armée. A été l'âme de la ruée sublime du 3°Zouaves dans la
journée du 25 septembre 1915. Est tombé à la tête de ses Zouaves
mortellement frappé. . ."
**
Les renseignements
d'archives faisant défaut pour la période qui va jusqu'à la guerre et
pour plusieurs reconnaissances ultérieures, l'historique de cette époque
sera emprunté au chef d'escadron Augiéras
(Chronique de l'ouest saharien, loc. cit.).
Nous avons déjà cité quelques
reconnaissances lointaines (Flye Sainte Marie,
Cancel,Bretzner
vers l'ouest, Laperrine, Charlet,
Cortier dans le sud). Mais ces
reconnaissances sont isolées. A partir de 1913, elles résultent d'un
plan d'ensemble et se multiplient. Elles sont faites par les compagnies
de la Saoura et du Touat, soit séparément, soit en opérations combinées,
soit même en groupes accolés des deux compagnies. Les bases de départ
sont d'une part Tabelbala, d'autre part le Menakeb où il n'y a pas
d'habitants mais de nombreux points d'eau.
![]() |
Photo CROMBE Hassi Fouinar el Mehari |
52
Le mouvement est commencé par la compagnie du Touat qui envoie un groupe mobile (lieutenant Schwartz) revisiter le Menakeb qui n'avait pas été vu depuis l'été 1910. Le lieutenant revient directement de Bou Bernous sur Adrar à travers l'Erg Cheche, en passant par le point d'eau d'Arigat el Fersig.
Peu après, une reconnaissance mixte est groupée à Tabelbala. Elle est commandée par le capitaine G. Martin (Saoura) et comprend deux pelotons de la Saoura (Mondin et Bousquié) et un peloton du Touat (lieutenant Schwartz et docteur Watteau). Le départ a lieu le 10 mars. La reconnaissance se porte sur Khettamia, traverse l'Iguidi, passe à Bouboute et arrive à Chenachane le 25 mars (déjà visité par le Touat en 1904): On trouve aux environs les traces d'un rezzou allant vers le Soudan. Le 27, on campe à Mokrid.
![]() |
Photo CROMBE Hassi Fouinar dans le Menakeb |
Puis c'est le retour par Tilemsi el Fassi et El Rhers où on trouve les traces d'un rezzou. Le peloton Mondin est lancé à la poursuite des razzieurs aperçus par une patrouille. Après une belle poursuite qui n'est interrompue ni par la nuit, ni par une tempête de sable, il réussit à capturer cent trente chameaux et un Beraber blessé, Mais le rezzou peut s'échapper.
Le retour a lieu par Tôunassine, Rhemilès et Tabelbala (16 avril).
Le groupe mobile de la Saoura passe l'été dans la région de Tabelbala. Cette période est marquée par un accident. En septembre, une patrouille de quatre fantassins montés est envoyée vers le Menakeb pour porter un pli au groupe mobile du Touat installé dans cette région. Cette patrouille disparaît entre El Atimine et Maitigat, région de l'erg fort peu connue et dépourvue de points d'eau. Les recherches entreprises par le commandant du groupe (lieutenant Mondin) permettent de trouver les cadavres de trois hommes morts de soif après avoir tué leur dernier chameau pour boire l'eau contenue dans la panse de l'animal. .Il est impossible de retrouver le quatrième cadavre qui était précisément celui du guide de la patrouille. Ce mystère ne fut jamais éclairci.
Cette reconnaissance comprend: le capitaine Martin, le docteur Lombardi et deux pelotonsde la Saoura (lieutenant Le Quitot et lieutenant Recroix, des Affaires indigènes). Parti de Tabelbala le 15 novembre, le groupe traverse la Daoura à Hassi Chamba, parvient jusqu'à Tinjoub où il apprend d'un berger le départ de cinq rezzou vers le Soudan.Prenant les traces de l'un d'entre eux, il se porte vers le sud, traverse le plateau du Dra, la Hammada d'Ouahila, et arrive à El Rhers(29 novembre). Le rezzou ne peut être atteint.
55
Après une pointe sur Grizim et Oum el Guedour, le groupe rentre par Mouet-el-Fehed sur Tabelbala (13 décembre),
**
Cependant, après la tournée du lieutenant Schwartz au Menakeb, il avait été décidé que la compagnie du Touat installerait un groupe mobile dans cette région, point de départ de reconnaissances ultérieures à grand rayon d'action. Cela nécessitait quelques mesures préliminaires.
La poussée en avant devait entraîner le déplacement du groupe de pâturage de la compagnie qui ne pouvait rester dans le nord du Grand Erg (Mouina) , Le lieutenant Augiéras est chargé de cette reconnaissance: le Meguiden seul est favorable au sud de l'Erg et le détachement est installé à Haci el Ahmar (maréchal-des-logis Guillat).
En même temps, le lieutenant Vincent est chargé de forer deux nouveaux puits entre Ksabi et le Menakeb. Ce sont Mdakane à trente-cinq mètres de profondeur avec de l'eau salée et Damrani qui ne vaut pas mieux. .
Le groupe mobile du lieutenant Vincent s'installe au Menakeb à Bou Bernous. De ce point comme base, trois reconnaissances sont faites comme préliminaires d'une grande reconnaissance qui est en projet.
1. Le maréchal-des-logis
Péhau va dans l'ouest visiter Tilemsi el Fassi (août).
2. Le lieutenant Vincent fait
une reconnaissance déjà importante. Il va à Chenachane, puis à Grizim dans
l'Erg Cheche, d'où il rentre au Menakeb en longeant la lisière ouest des
dunes(octobre) .
3. Le maréchal-des-logis
Péhau va de nouveau dans l'ouest et atteint El Rhers (novembre),
La grande reconnaissance est bien préparée; elle est commandée par le commandant de la compagnie du Touat (capitaine Mougin) et comprend deux pelotons du Touat renforcés par un Goum (lieutenants Nicloux et Vincent, docteur Meslin). Elle se concentre au Menakeb, à Aïn el Berda, et en part le 5 décembre 1913 en laissant un dépôt de vivres à la garde du maréchal- des-logis Baulard. Affichage de la carte des reconnaissances
1° La reconnaissance se porte sur Chenachane, Tarhmanant, Oum el Assel où on trouve les traces récentes d'un rezzou ramenant plusieurs centaines de chameaux du Soudan. La poursuite commence. On passe à Toufourine, en traversant une région complètement inexplorée et on arrive dans le Hank au point d'eau d'Ichig (pris à tort pour El Kseib). Peu après dans les Arigat Ouled Driss, le rezzou est surpris (31 décembre). Dans un court engagement à l'aube, il perd deux tués et quinze prisonniers; le soir on capture vingt-deux chameaux.
Le groupe se porte sur Touila (4 janvier), El Rhers, où on relève de nombreuses traces de rezzou, et arrive à Bouboute (11 janvier). Il attend à ce point son ravitaillement envoyé par le détachement laissé au Menakeb et repart.
- 56 --
2° Il se porte cette fois vers l'ouest,
traverse le Regbat el Iguidi, la hamada El Barka, arrive à une trentaine
de kilomètres de l'oasis de Tindouf et s'arrête sur le kreb qui domine la
sebkha, prolongeant ainsi vers l'ouest l'exploration du capitaine
Flye Sainte Marie. Il revient par El Rhers, y trouve les traces
de nouveaux rezzous ramenant du Soudan trois cents chameaux envi- ron et
regagné Bouboute le 7 février.
3° Le capitaine Mougin
repart le 9 pour une troisième reconnaissance après avoir reconstitué
trois pelotons (lieutenants Nicloux et Vincent, adjudant Verlot).
Il passe à Chenachane, Tarmanant, Oum el Assel, traverse la hamada Safia
où il capture trente-trois chameaux sans pouvoir atteindre les razzieurs
et arrive à Taoudenni le 7 mars où devait se faire une liaison avec le
Tidikelt, qui fut manquée de cinq jours). Il en repart le lendemain,
repasse à Tarhmanant,
![]() |
Photo CROMBE Hassi Nebkha |
arrive à Chenachane où il trouve une lettre laissée par la reconnaissance
de la Saoura et rentre à Nebkha (Menakeb), le 23 mars. En ce point, il
retrouvait le peloton du lieutenant Nicloux qui
avait quitté le gros de la reconnaissance à Tarhmanant pour reconnaître la
piste directe par Bir Zmila.
Par l'étendue de ses découvertes
géographiques, topographiquement fixées par le
lieutenant Nicloux, cette reconnaissance du capitaine
Mougin est une des plus importantes qui aient été faites dans le
Sahara occidental.
Un des buts de la reconnaissance Mougin était, nous l'avons vu, de se rencontrer à Taoudeni avec la compagnie saharienne du Tidikelt qui, en décembre 1913, avait constitué un troisième groupe mobile destiné à opérer dans l'Erg Cheche (ses deux autres groupes mobiles étant au Hoggar et aux Ajjer), Ce groupe, dénommé « Groupe du Bas-Touat », est sous les ordres du lieutenant Girod et a sa base à l'oasis d'Aoulef.
57
En janvier 1914, le lieutenant se porte
avec son groupe dans la région d'Hassi Boura et entreprend une
reconnaissance vers Bir ould Brini. Il ne réussit pas et doit battre en
retraite dans des conditions telles que sa troupe, manquant d'eau, est un
instant en danger. Une seconde tentative en février est plus heureuse et
le lieutenant explore toute la région de Bir Zmila.
Ces opératia:ns terminées, le groupe arrive
à Taoudenni et y fait jonction avec le groupe du Hoggar (lieutenant
de La Roche). Puis les deux groupes ensemble se portent sur Oglet
Aïb Allah où se trouve le commandant Meynier,
commandant du territoire des Oasis. Ce dernier renonce à attendre la
reconnaissance de la compagnie du Touat er rentre directement aux Oasis en
suivant le même itinéraire que le commandant Laperrine en 1906.
Pendant ce temps, le lieutenant Girod continue ses tournées dans l'Erg Cheche, revient à Tni Haia d'où il gagne de nouveau Bir Zmila (26 mars). Puis il marche vers les Eglab. Le 29, il trouve un point d'eau inconnu, fréquenté par les rezzous et arrive à Chenachane le 1er avril. Le lendemain, à Mokrid, il voit les traces d'un rezzou et les suit. Cela le ramène à Bir Zmila où les traces reconnues trop anciennes sont abandonnées. Les jours suivants, les méharistes vont à Grizim, découvrent le point d'eau d'El Aziri et rentrent par Bir ed Deheb sur Aoulef où ils arrivent dans les premiers jours de mai.
En quatre mois, le « Groupedu Bas-Touat» avait parcouru en tous sens une région de l'Erg Cheche alors fort peu connue; il fut supprimé peu après et la compagnie du Tidikelt ne reparut plus dans le Sahara occidental.
Presque en même temps le groupe mobile du Touat visite le nord de l'Erg Cheche. Le lieutenant Augiéras avec une patrouille de quelques hommes reconnaît un nouvel itinéraire du Menakeb à Mdakane puis fait le lever topographique de toute la lisière nord de l'erg.
Commandée par le capitaine G. Martin et comprenant trois pelotons de la Saoura (lieutenants Mondin,Le Quitot et Recloix des Affàires indigènes), au total cent quarante-sept fusils, la reconnaissance quitte Tabelbala le 25 février, se porte sur Bouboute et Tilemsi el Fassi. En ce point on voit arriver un seul homme poussant deux chameaux et venant, déclare-t-il, de commercer à Tombouctou. En réalité, il est fort probable qu'il était envoyé par un rezzou qui, pendant ce temps, passait à quatre-vingts kilomètres de la colonne, ce qui fut constaté par la suite. Le 11 mars, le groupe arrive à Chenachane et y trouve une lettre laissée le 25 février par le capitaine Mougin : une réponse est déposée (qui fut trouvée, nous l'avons vu).
Le capitaine Martin
rétrograde sur Oguilet ould Yacoub et pousse vers l'ouest jusqu'à
Aouinet Legra (déjà visitée par Flye Sainte Marie
en 1904). Il y trouve les traces de cinq méharistes. Le maréchal-des-logis
Bedel, lancé à la poursuite, les atteint, en tue trois et capture
les deux autres blessés ainsi qu'un jeune garçon: c'est un djich d'Ouled
Bou Sba.
De graves difficultés ont marqué la fin de
cette expédition.
Le capitaine Martin déçide d'explorer la région qui s'étend au nord et au nord-ouest. Il part donc, mais ne fait pas surveiller la consommation d'eau et repérer (au moins à la boussole) la marche des guides. Ce qui était à craindre arriva: au bout de trois jours les guides sont perdus et il n'y a plus d'eau. Ne pouvant déterminer sa position et marcher de là sur un point connu, le chef de la reconnaissance n'a d'autre ressource que de faire demi-tour. Les guides reviennent sur leurs traces et la retraite, qui dure deux jours, s'effectue dans des conditions graves. Le 29 mars, le détachement rentre à Aouinet Legra où on procède à l'appel.
58
Après un repos de quatre jours pour se remettre, une nouvelle tentative est faite vers le nord ou le nord-ouest mais elle aboutit au même résultat. La retraite s'effectue encore sur Aouinet Legra dans de meilleures conditions car on est allé moins loin (7 avril).
Le 25 avril la reconnaissance rentre à Tabelbala, ayant fait beaucoup de chemin...
![]() |
Photo CROMBE Aouinet Legra . (Bir Auina d'Oscar Lenz) |
Pendant la durée de cette reconnaissance, le bruit de l'attaque du poste de Tabelbala avait couru. Cela avait nécessité l'envoi dans ce poste du makhzen à pied de Beni Abbès, provisoirement remplacé par un détachement de cent tirailleurs sénégalais qui tinrent garnison à Beni Abbès en avril et mai 1914.
Le groupe mobile de la Saoura est laissé à Tabelbala (lieutenant Le Quitot, En mai, il est installé vers le nord de l'Erg er Raoui et envoie une patrouille indigène dans la Daoura. En arrivant en face d'Oudika, le maréchal-des-logis chef de la patrouille trouve l'oued plein d'eau, et traverse à la nage avec trois hommes mais tombe aussitôt dans une embuscade (2 juin). Les trois hommes sont tués et le maréchal-des-logis se sauve seul dans le désert, sans vivres, sans chameau, Il erre pendant trois jours, puis est finalement recueilli.
Le lieutenant Le Quitot se porte avec son peloton dans la Daoura et la visite dans la région d'El Ambsi. Il trouve les traces d'un djich de vingt-huit piétons qu'il suit à bonne allure à travers le Kem-Kem par Teceat, Zerzour et Sobti. Cela le conduit jusqu'au Guir qu'il atteint à Abadla, sans réussir à atteindre le djich dont les traces sont difficiles à suivre dans la hamada. Il rentre ensuite sur Oglet Beraber et Azrar (21 juin). Il repart le 25, se porte sur Oudika, va vers le sud, franchit la Daoura à'Chefaia et va reconnaître les ruines d'El Hamra. Il se porte ensuite sur Tizi M'Daguine et repasse la Daoura le 2 Juillet.
59
Dans la nuit du 15 au 16 septembre, un rezzou de cinquante méharistes contourne Tabelbala par le sud et quelques Beraber pénètrent même dans l'oasis. Mais les pillards ne trouvent rien à razzier et battent en retraite. Au jour, le rezzou est poursuivi par un groupe léger de vingt-cinq méharistes (maréchal-des-logis Miloud ben Naceur) , qui, après un parcours de quatre-vingts kilomètres, arrive le soir même près de Bou el Adam qui est occupé par le rezzou. Mais l'ennemi est sur ses gardes et a placé un chouf sur une gara qui domine la vallée. Miloud ben Naceur manœuvre habilement sans être vu et occupe la gara au moment où le chouf 'en descend car le rezzou va repartir. Le feu est ouvert à l'improviste. Treize Beraber sont tués ainsi que de nombreux chameaux qui sont culbutés dans le puits tandis que les Beraber s'enfuient. Le détachement qui a un tué et deux blessés et perdu plusieurs chameaux ne peut songer à poursuivre. Ce n'en est pas moins un brillant succès (1).
(1) Deux médailles militaires et trois croix de guerre lurent accordées au groupe Miloud ben Naceur
![]() |
Photo THIRIET
Vous êtes sur une page
de limafoxromeo
|