Historique des Compagnies Méharistes

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Suite : chapitre 8

SUITE DU CHAPITRE VII

LE SAHARA OCCIDENTAL APRES

LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

(suite et fin)

Rezzou du Touat- Poursuite et combat d'ln Zize - Lieutenant Flye Sainte Marie - Lieutenant de  Beaumont (août 1926).

     Des renseignements. recueillis dans le Sahara occidental signalaient la formation d'un puissant rezzou Reguibat qui devait attaquer les oasis de Tabelbala ou du Touat. Pour parer à cette menace, les groupes mobiles de la Saoura et du Touat, dont les montures sont usées, sont cependant réunis fin juillet aux environs de Tabelbala. Le 3 août, on apprend par un télégramme d'Adrar que, la veille au soir, un rezzou de cinquante Reguibat a pillé le ksar de Bamessaoud dans le Bouda.

     Aussitôt, le lieutenant Flye Sainte Marie part à la poursuite du rezzou avec les hommes les mieux montés: vingt-trois méharistes de la Saoura et six du Touat. Après une longue marche de nuit le groupe arrive au Bouda le 9 pour y apprendre les autres pillages commis par le rezzou à Ba Amar et Timadinine. Le 10, il est à Adrar d'où on le dirige rapidement sur Reggan (13 août). Il y fait liaison avec le peloton de Beaumont du Tidikelt (1).

     Les traces du rezzou suivies pendant une dizaine de kilomètres indiquent que les pillards se dirigent vers l'Ahnet. Le 14, soit avec neuf jours de retard, le groupe de poursuite composé de deux officiers et de soixante-sept hommes choisis dans toutes les unités parmi les moins mal remontés quitte Reggan à 16 heures avec quelques jours de vivres complétés par huit kilos de dattes par homme et un peu de fourrage pour les animaux. Il se fait escorter d'un convoi de huit chameaux porteurs d'eau pour la première étape. Car au-delà de Reggan., c'est le Tanezrouft qui commence, le désert absolu; sans eau ni végétation, le désert minéral, pétrifié, brûlé par le soleil du mois d'août. Dès le lendemain, onze méhara épuisés doivent être renvoyés, d'autres gémissent de soif. 

    (1) Depuis dix jours, celui-ci est dans le Touat après avoir été alerté à Aoulef. A son arrivée dans les oasis, deux de ses éclaireurs sont tombés sur le rezzou et ont été tués. L'un d'eux avait cependant pu, bien que blessé de quatre balles dans le ventre, tuer un razzieur et en blesser deux autres. Après une tentative de poursuite dans le Bas-Touat, le lieutenant de Beaumont avait dû abandonner et regagner Adrar qu'on disait menacé par un deuxième rezzou plus fort que le premier. Il avait parcouru trois cent quatre-vingts kilomètres en cinq jours et ses animaux commencaient à donner des signes de fatigue. Il arrive cependant à Adrar le 6 août pour y être renforcé par un groupe de goumiers du lieutenant Le Derff et renvoyé immédiatement sur Reggan.

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Pendant deux nuits et un jour, c'est une marche ininterrompue, les hommes poussant les animaux devant eux. Le 17, abreuvoir rapide à Ain Tiklidine dans l'Ahnet. Le 19, une patrouille découvre le cadavre de l' adjudant en retraite Latreche assassiné par le rezzou dont les traces se dirigent vers Ouallen ou ln Zize; elles sont très difficilles à suivre dans le djebel particulièrement dur. A Tazzait, le lieutenant Flye Sainte Marie apprend que le rezzou qui n'a plus que deux jours d'avance a assassiné l' adjudant en retraite Lecheheb et pillé son campement. Du 21 au 22 août, les traces sont suivies avec peine dans les cailloux. « Véritable nuit de cauchemar dans un terrain chaotique" écrit le lieutenant Flye Sainte Marie. Dans l'Oued Timetine, encore deux victimes du rezzou, le kébir des Ait Lohen et le khalifa de l'aménoukal du Hoggar, tués en combattant leurs agresseurs.
     Les vivres sont presque épuisés et vingt chameaux sont incapables de continuer cette course folle vers la guelta d'ln Zize. Heureusement. un renfort inespéré arrive le 23 : le brigadier Clérico avec dix méharistes du Tidikelt n'a pas hésité à se jeter à la poursuite du rezzou dès qu'il en a appris l'arrivée malgré sa manifeste infériorité numérique. Après une rapide revue du détachement, il ressort que quarante-sept animaux seulement sont encore capables d'efforts. Dans un terrain épouvantable, la poursuite reprend à vive allure derrière le rezzou lui aussi exténué (il a dû abattre dix chameaux pour boire l'eau contenue dans leurs intestins). Le 25 au matin, le lieutenant Flye Sainte Marie arrive à la guelta d'Ilassen. A 20 heures, à l'effectif de quarante carabines, le détachement repart et prend le trot jusqu'au lever du soleil. Mais une telle allurene peut être soutenue plus longtemps; plusieurs hommes courent en poussant devant eux leur monture.
     C'est dans ces conditions que le 26 août à 11 heures le groupe Flye Sainte Marie parvient au foum (1) d'ln Zize.
     Le combat s'engage par une chaleur écrasante, dans un terrain extrêmement difficile qui donne tout l'avantage à l'ennemi. Le brigadier Kouider ben Lakhal envoyé avec une dizaine d'hommes pour occuper une gara élevée, y est devancé par les djicheurs et doit engager le combat à bout portant. Trois djicheurs sont tués; de notre côté un méhariste tombe, deux autres sont blessés. Le brigadier Kouider est finalement contraint au repli par l'arrivée de renforts ennemis.Sur le reste de la ligne de feu, la fusillade est intense. Les Reguibat font « une vraie débauche de munitions ". Trois djicheurs sont encore tués, d'autres blessés. Mais bientôt l'adversaire attaque les montures que le lieutenant de Beaumont réussit à mettre à l'abri. Jusqu'au coucher du soleil, le combat continue sans qu'aucune manœuvre soit possible. L'ennemi a une position dominante et la supériorité numérique. Quant aux hommes ils sont exténués de chaleur, de fatigue et de soif. Quelques courageux volontaires parviennent à porter un peu d'eau aux combattants sur la ligne de feu, mais une bonne partie des hommes reste sans boire jusqu'au soir. A la nuit, il faut se résigner à décrocher; la manœuvre est exécutée dans un ordre remarquable, vers une position plus défendable. A l'appel, il ne manque qu'un méhariste tué sur la gara et dont le corps n'a pu être ramené. « L'état de fatigue des hommes est indescriptible, ils dorment dans toutes les positions, debout, couchés, assis; il y a des heures qu'ils marchent ou se battent sans arrêt sans avoir pris aucune nourriture; d'ailleurs les vivres sont à bout... Il n'y a pratiquement plus d'eau; la situation est critique car la première guelta est à plus de cent kilomètres et les méhara sont exténués; quant à forcer le passage d'In Zize, c'est une solution désespérée simplement préférable à la mort" (2). Pendant la nuit, une patrouille réussit à trouver quelques guerbas d'eau dans une guelta temporaire du djebel; cela désaltère un peu les hommes mais les méhara assoiffés supporteront-ils la retraite? Au jour, après avoir soigné les blessés, le lieutenant FlyeSainte Marie commence son exode vers le nord.

(1) Foum: litt. : bouche. Ici, signifie défilé d'accès à la guelta d'In Zize.
(2) Rapport Flye Sainte Marie.

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Vers 16 heures, le temps n'ayant cessé de s'assombrir depuis le matin, une averse aussi violente que providentielle laisse sur le reg des flaques dans lesquelles on peut abreuver les chameaux et recueillir de l'eau. La route est reprise alors vers In-Salah mais sans vivres ou presque. Quelques chèvres peuvent être achetées à des campements, mais les hommes sont brisés; à chaque arrêt ils s'affalent, ils ne tiennent sur leurs rahlas que par des prodiges d'énergie. Le 3 septembre enfin, à Mouilah, un petit convoi de vivres arrive; il n'apporte que du blé mais cela permet d'atteindre ln Salah où le détachement arrive le 11. Après trois jours de repos, il repart pour le Touat où il parvient le 27. D'Adrar le groupe Flye rentre à Timimoun {3 octobre} et le groupe Beaumont à Tabelbala (9 octobre).

 

Construction d'un poste à Bou Bemous (Bordj Viollette) (1927).

     Pour rapprocher des Reguibat la base d'opérations des compagnies de l'ouest, la construction d'un bordj (1) est décidée dans le Menakeb. En 1927, le point d'eau de Bou Bernous est choisi. C'est l' adjudant-chef Lecerf qui exécute les travaux pendant que le groupe mobile du Touat sous les ordres du lieutenant Lanibois assure la protection des chantiers qui travaillent dans des conditions. extrêmement pénibles. Au mois de juillet 1927, un convoi de quinze travailleurs escortés de trois méharistes se perd dans l'erg. Tous meurent de soif. Quelques jours plus tard, une patrouille de trois méharistes se perd aussi. On ne retrouve les cadavres que trois mois plus tard.

Note de limafoxromeo du 07/04/2006 : voir Voici un extrait du message accompagnant le cliché de Bou Bernous , reçu le 9 avril 2006:
Nous étions à Hassi Bou Bernous au mois de janvier, je vous envoie une des photos (Sur la gauche le Bordj El Fly et le puits à droite au fond à coté des deux uniques palmiers). Nous étions à la recherche de terrains d'aviation pour effectuer un rallye.[... ] Nous avons retrouvé un aérodrome balisé entre Hassi Kord Myrien et Bordj Fly St Marie (carte Michelin 741) sur la piste dite ( - - - - )
Celui de Bou Bernous était sans doute sur la grande surface à coté du fort.
Depuis que j'ai lu votre site, je suis à nouveau dans les cartes et les calculs pour l'avitaillement et les distances entre Hassi Bou Bernous Cheachen et Chegga.
Avec un avion ou un ULM au départ de Bordj el Fly, il serait possible de trouver les autres terrains dont vous parlez dans votre site entre Bou Bernous et Atar
.

Merci aux auteurs du cliché, Philippe & Marie Claude Berchoff et de leur message, qui concrétise ainsi l'intérêt des publications sur le web de cet historique saharien.

(1) Bordj Viollette, du nom du gouverneur généra1 de l'Algérie

Mission Augiéras-Draper - Reconnaissance Gierzynski (octobre 1927-février 1928)

Une importante mission scientifique comprenant le capitaine Augiéras, un Américain M. Draper, MM.Besnard et Monod et le lieutenant Gierzynski visite le Hoggar, le Tanezrouft méridional, le Timetrine, le Tilemsi. C'est elle qui identifie le « loup du Hoggar» et découvre les restes préhistoriques de l'homme d'Asselar. Une patrouille légère à laquelle participent le lieutenant Gierzynski et M. Draper explore le Meraia, immense région dépourvue de point d'eau sur quatre cents kilomètres entre Araouane et Oualata.

Deuxième reconnaissance à Tindouf - Capitaine Ressot (février-avril 1928).

     Après avoir effectué une tournée de police dans la Daoura, la compagnie de la Saoura exécute une nouvelle reconnaissance vers Tindouf. Le capitaine Ressot dispose des pelotons Pigeot et Médard et d'un peloton du Touat ( lieutenant Lanibois). La reconnaissance, accompagnée du docteur Estival et du géologue Menchikoff, part le 21 février de Tabelbala à l'effectif de cent cinquante hommes. Elle passe par Rhemilès, Mouet el Fehed, Aouinet Legra. De là, conduite à la boussole par le lieutenant Pigeot, elle découvre le puits de Bou Garfa et atteint Tindouf. La mission du capitaine Ressot est d'exercer des représailles contre la fraction Reguibat des Foqra mais ceux-ci sont loin dans le Zemmour. De plus, ils sont mêlés aux campements des Brahim ou Daoud alors en pourparlers suivis avec les autorités françaises de Mauritanie. Toute tentative contre les uns eût fatalement entraîné une action contre les autres, action qu'il était recommandé d'éviter.
     Au retour, la reconnaissance passe au sud de l'itinéraire de 1925. Longeant la bordure méridionale du Haut Plateau du Dra, elle découvre successivement les puits d'Ichaf, d'Oum el Assel et de Moûila. A ce dernier point d'eau, l'avant-garde essuie quelques coups de feu. Mais ce sont des campements Ait Oussa soumis qui, reconnaissant leur méprise, viennent faire amende honorable. Le groupement reprend ensuite sa route par Tinfouchy et Hassi Chaamba. Il rentre à Tabelba le 8 avril avec d'importants levés d'itinéraires dus au lieutenant Pigeot.

Photo CROMBE Le site de Bou Bernous
(Dessins accompagnant des coupes géologiques
du lieutenant Mussel - 1904)

Pour afficher ces coupes, cliquez ici

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Deuxième liaison Algérie-Mauritanie (3 décembre 1928-13 mars 1929)

     Le colonel Clavery, commandant militaire du Territoire d'Ain Sefra prescrit une grande reconnaissance à laquelle il fixe le triple but

  1. de faire liaison avec la Mauritanie,
  2. d'étudier l'infrastructure d'une ligne aérienne et le tracé d'une piste automobile de Bou Bernous à Atar
  3. tout en assurant la protection éloignée des missions d'études du Transsaharien.

     Placé sous le commandement du lieutenant Flye Sainte Marie, le groupe moibile du Touat comprend deux pelotons ( lieutenants Fouchet et Le Derff) et quitte Adrar le 3 décembre. Le docteur Peyré (1), le lieutenant aviateur Demoulin et le sergent Sardock (de la légion, à titre de spécialiste auto) accompagnent le groupement (cent quarante-trois fusils).
     Le lieutenant Le Derff, attaché à l'escadrille du Sahara en qualité d'observateur, quitte Adrar le lendemain et guide jusqu'à Bou Bernous une reconnaissance de cinq avions au-dessus d'une région survolée pour la première fois. Sa mission terminée, il prend le commandement de son peloton qui arrive à Bordj Viollette le 19 décembre avec tout le groupe mobile. Le 24 décembre, la reconnaissance campe à Chenachane, recherche au cours de dures étapes le tracé d'une piste automobile vers Chegga (31 décembre). Le 1er janvier 1929, elle atteint El Kseib et, les jours suivants (2 et 3 janvier), elle surprend dans la région de Daiet el Khadra plusieurs campements de nomades hostiles et entre en contact avec une délégation de notables Reguibat de la fraction des Foqra et de celte des Brahim ou Daoud. C'est de là que deux sahariens sont envoyés en courrier rapide à Bou Bernous et réussissent à couvrir cinq cents kilomètres en quatre jours.

     Le 4 janvier, accompagné des notables Reguibat, le groupe se déplace vers Aïoun Abd el Malek où il opère sa jonction avec le groupe nomade d'Atar ( capitaine Lapeyre, lieutenants Maurel, Delteil et Le Rumeur),

     Les deux groupements lèvent le camp le 12 janvier et nomadisent dans le Hank jusqu'au 22 janvier, date à laquelle ils arrivent à Mraïti. Le 24 au matin a lieu la dislocation et le groupe mobile du Touat rebrousse chemin sur Oglat Yacoub où le rejoint le 14 un convoi de vivres parti d'Adrar le 15 janvier. Le 15 février, ayant reçu l'ordre de rejoindre sa base, le groupe mobile repart vers le nord-est, passe à Bou Bernous le 23 et arrive à Adrar le 13 mars ayant ainsi parcouru deux mille cinq cents kilomètres en trois mois. La tournée avait produit une profonde impression sur les Reguibat et leur démontrait l'étroite collaboration dés méharistes algériens et mauritaniens.

(1) Frère de Joseph [Peyré}, l'auteur de « l'Escadron blanc ».

Guet-apens du Djebel Arlal - Mort du général Clavery (8 décembre 1928).

     A la fin de l'année 1928, une grave affaire vient endeuiller le Sahara occidental. Le colonel Clavery, commandant militaire du Territoire d'Ain Sefra rentre d'une tournée dans le Touat avec trois automobiles. Parties de Beni Abbès le matin du 8 décembre, les voitures se sont espacées. Vers 16 heures, celle de tête arrive au défilé de Megsem Hallaba, dans le Djebel Arlal à quelques kilomètres au sud du petit poste de Menouarar. Elle est soudain accueillie par de nombreux coups de feu et ses occupants tués ou blessés. Une demi-heure plus tard arrive la deuxième, celle du colonel Clavery et du capitaine Pasquier. Avant que les passagers aient pu se rendre compte de ce qui s'était passé, ils étaiènt eux-mêmes attaqués. Le colonel et le capitaine étaient tués. De même la troisième voiture est assaillie peu après. Tous les occupants (2) sont blessés sauf le maréchal-des-logis Clavery, fils du colonel. Celui-ci s'empare d'un mousqueton et jusqu'à la nuit se défend. Il a la chance d'abattre le meurtrier de son père. Vers 20 heures, le djich décroche vers l'ouest. Les recherches organisées dès le lendemain avec de puissants moyens ne devaient donner aucun résultat. Le jour même de sa mort, colonel Clavery avait été promu général de brigade.

     Cette grave affaire qui nous coûtait cinq tués (trois officiers, un sous-officier et un légionnaire) et deux blessés rappelait que la sécurité était encore loin d'être totale dans les confins algéro-marocains.

(2) Dont le capitaine Debenne, chef du détachement des automobiles spéciales du Sahara.

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Reconnaissance à Tinioub et Tinfouchy - Capitaine Ressot (9-24 décembre 1929).

    Au mois de décembre, le capitaine Ressot effectue avec la compagnie de la Saoura ( lieutenants Préa et Terrasson) la première reconnaissance en liaison avec les automobiles. Pour la première fois aussi, le groupe mobile est doté d'un poste de radio émetteur-récepteur porté à chameau. Partie d'Hassi Chaamba, le 10 décembre la reconnaissance poussait jusqu'à Tinjoub et Tinfouchy sur le plateau du Dra.
{Note: affichage de la carte de la reconnaissance dans une fenêtre autonome (31 Ko); pour des raisons de lisibilité, une correction a été effectuée par limafoxromeo sur Tin Fouchy}

     Le capitaine Ressot prenait contact avec des campements dissidents qui, après un petit baroud d'honneur, faisaient leur soumission. Quant aux Ait Khebbache et aux Mouaggi, réfractaires à tout rapprochement, ils s'enfuyaient précipitamment de Mengoub à l'annonce de l'arrivée des sahariens.

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Reconnaissance mixte méharistes et motorisés sur Chegga (février-mars 1930).

     Un groupement mixte méharistes-motorisés est constitué à Bou Bernous en février 1930 en vue d'une reconnaissance sur les confins mauritaniens. Il comprend sous les ordres du capitaine Rongiéras commandant la compagnie du Touat, les pelotons lieutenants Gay et Fouchet et un détachement d'automobiles spéciales du Sahara (trois voitures, lieutenant Coche). Le capitaine Le Pivain, chef d'Etat-Major du Territoired'Ain Sefra, et le médecin-capitaine Andréa se joignent au groupement. Celui-ci quitte Bournous le 14 février, passe à Chenachane après avoir contourne le difficile passage du Kahal Morrat, arrive à Chegga le 19 et pousse une pointe jusqu'à El Kseib. Il reprend ensuite la direction du Menakeb à la recherche d'un itinéraire automobile plus facile qu'il jalonne. Entre Chenachine et Bou Bernous un exercice de liaïson terre-avion est réussi avec deux avions de l'escadrille de Colomb-Béchar ( capitaine Paolacci) qui etaient venus inaugurer le terrain de secours de Bordj Viollette. Le 12 mars la reconnaissance rentre à Bou Bernous. 

Activités diverses de la compagnie du Touat en 1931.

     Le 18 octobre, le 4e peloton méhariste du Touat récemment regroupé passe sous les ordres du lieutenant Bissières et se rend en couverture dans l'Ahnet. Il poursuit en direction de l'Erg el Hofer (Tanezrouft) un djich de quatorze Reguibat qu'il ne parvient pas à atteindre et rejoint sa zone de nomadisation le 14 décembre.
     Le 5 décembre, un groupe mobile sous les ordres du lieutenant Fouchet composé de deux pelotons de cinquante hommes ( lieutenants Fouchet et de Menthon) et d'un officier aviateur ( lieutenant Borin) quitte Bou Bernous avec un poste radio. La mission initiale de ce groupe est de baliser la piste Bou Bernous-Chegga et d'aménager sur le même itinéràire des terrains d'atterrissage et des terrains de secours à Chenachane et à Chegga. Mais un rezzou ayant enlevé une caravane quelques jours avant dans l'Adrar Taoudrart (Ahnet) le groupe reçoit l'ordre le 6 décembre de se porter en surveillance à Toufourine. Après quinze jours de vaine attente, la mission primitive est reprise et exécutée de Chegga à Bou Bernous.

Opérations dans la région de Taouz - Combat du Maider (18 mars 1931).

Le 22 février 1931, la compagnie de la Saoura sous les ordres du capitaine Ressot quitte la région de Tabelbala (1) articulée en trois peloltons ( lieutenants Préa, Terrasson, Rondet) pour
prendre part aux opérations dans la région de Taouz et du Maider, au sud du Tafilalet
     Le 19 mars, après une marche forcée, la compagnie prend contact avec un important campement de Beraber Irjedan dissidents. Ceux-ci doivent de n'être pas anéantis à la généreuse offre d'aman qui leur est faite et nous enlève le bénéfice de la surprise. Les dissidents répondant à nos avances par des coups de fusil, le combat s'engage. Après une énergique défense, les Beraber doivent abandonner leurs campements et laissent entre nos mains plusieurs morts, des prisonniers et des armes.

(1) En 1930, la compagnie de la Saoura avait transporté sa portion centrale de Beni Abbès à Tabelbala.

Combat d'Oudika (23 octobre 1931).

     Un gros rezzou Ait Khebbach de plusieurs centaines de fusils ayant opéré dans le Mahjez (Basse Daoura) , le capitaine Ressot se lance à sa poursuite. Dans la nuit du 18 ou 19 octobre, les trois pelotons ( lieutenants Préa et Rault, maréchal-des-logis Borgeaud) se rassemblent à Hassi Azrar. Le 20, ils parviennent au Mahjez au campement pillé. Le djich qui a fait de grosses prises a vingt-six heures d'avance. Les traces se dirigent sur Chefaia, remontant la rive droite de la Saoura. Le 21, l'aviation alertée bombarde le djich pendant que le peloton Borgeaud ratisse la vallée de l'oued jusqu'au delà du puits d'Oudika, échangeant quelques coups de feu avec des chouf détachés en arrière du djich.

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A 16 heures 15, après une poursuite ininterrompue de trente,six heures, l'avant-garde se heurte au gros de l'ennemi qui a pris ses dispositions de combat. Le lieutenant Préa a pour mission de soutenir l'avant-garde, le lieutenant Rault celle de protéger les montures. Les Beraber qui ont eu le temps de s'installer offrent le combat dans un terrain qui leur est extrêmement favorable. Bientôt les animaux haut le pied sont pris sous le feu. Par une manœuvre, le lieutenant Préa brise la tentative d'encerclement des chameaux que le lieutenant Rault peut ainsi mettre à l'abri. Les Aït Khebbach qui ont l'avantage du nombre contre-attaquent le peloton Préa; celui-ci s'accroche au terrain et stoppe l'ennemi lui infligeant de lourdes pertes.

     Le capitaine Ressot ne donne qu'à la nuit l'ordre de décrochage. Le mouvement se fait très lentement car il faut ramener les blessés sous le feu des Beraber qui continuent à tirer à la faveur du clair de lune. Le peloton Préa décroche le dernier à 22 heures. Nous avions quatre tués et sept blessés dont le lieutenant Préa; le djich qui avait subi des pertes sérieuses n'avait pu être anéanti.

     Le 22 à 7 heures; le commandant militaire du territoire prescrivait au capitaine Ressot de regagner Tabelbala avec sa compagnie.

Opérations au Tafilalet (1932).

     Du 5 janvier au 15 février, la compagnie de la Saoura participe aux opérations du Tafilalet où elle arrive par l'Oued Daoura et Taouz. Elle prend part à l'investissement de la palmeraie et à la prise de Rissani puis se porte sur les ksour de Hafira et Touzalait. Quelques dissidents s'opposent à son avance ce qui donne lieu à une escarmouche. En avril, le groupe mobile participe à une opération de police vers Remlia et Tazagount.

Poursuite Rault dans l'Iguidi (avril-mai 1932).

     Le lieutenant Rault est envoyé avec le maréchal-des-logis Lecuret et un détachement de cinquante-sept méharistes dans l'Iguidi. Il devait faire liaison avec le peloton du Touat du lieutenant de Menthon et tenter avec lui d'intercepter un important rezzou que l'on disait être dans cette région. Malgré les premières chaleurs assez dures, le peloton faisait du 15 avril au 24 mai une très belle randonnée dans l'erg Iguidi par l'itinéraire Rhemilès, Bir Toub, Mouet el Fehed, Oum el Guedour, Oglet Yacoub, Bouboute, Bou Bernous, Tabelbala. Aucune trace n'avait pu être recoupée et tout portait à croire que les renseignements au sujet du rezzou étaient erronés.

Opérations du coude du Dra (1932).

     Sous les ordres du capitaine Pigeot (1) la compagnie de la Saoura prend part avec trois pelotons ( lieutenants Préa, Rondet et Rault) aux opérations du Mhamid et du Ktaoua. Un goum méhariste sous les ordres du lieutenant d'Ornant lui est adjoint. Par la Daoura et Tinjoub, elle arrive au coude du Dra le 15 novembre. Elle participe à l'investissement de la palmeraie et se distingue, spécialement du16 au 22 novembre.
De nombreux campements insoumis fuyant la zone des opérations retraitent vers le sud dans la zone désertique. Lancée à leur poursuite, la compagnie les harcèle sans répit durant sept jours jusqu'à Igma et Rtemi. Elle revient avec d'importantes prises après avoir infligé aux dissidents une sévère leçon.

(1) En mars 1932, le capitaine Ressot qui commandait la Saoura depuis neuf ans avait été affecté à l'Etat- Major du 19° Corps, puis à l'Etat-Major du Groupe des Unités sahariennes de l'ouest. Il devait être tué glorieusement le 5 août 1933 au combat du Kerdous dans le Grand Atlas. Le capitaine Ressot est resté pour les sahariens une des plus pures figures d'officier méhariste. Son nom a été donné au bordj de Tindouf.

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Reconnaissance dans l'Erg Cheche - Razzia chez les Reguibat (1932-1933).

     En octobre 1932, la compagnie du Touat constitue un groupe mobile de deux pelotons de soixante-quinze méharistes ( lieutenants de Menthon et Bissières, médecin-capitaine Dupuy) sous les ordres du lieutenant Fauchet. Sa mission est de faire liaison avec le groupe d'Araouane à l'époque de l'azalaï, de retrouver l'ancienne piste caravanière Taoudenni-Touat et d'assurer la sécurité des équipes de balisage entre Bou Bernous et Chegga. Le groupe quitte Bou Bernous le 2 novembre; le 14 décembre il fait liaison à Oum el Assel avec le groupe nomade d'Arouane. il apprend alors que des campements Reguibat nomadisent dans le Hank, constituant une menace latente pour les chantiers de jalonnement que le lieutenant Bissières reçoit la mission de protéger. Le lieutenant Fouchet et le lieutenant de Menthon continuent la mission sur Taoudenni puis jusqu'au Touat avec un détachement léger. Le commandement décide, après le départ du lieutenant Fouchet, de monter une action contre les Reguibat signalés plus haut et que l'on situe dans le Regbat de l'Iguidi du côté de Touila. L'opération est confiée au capitaine Le Derff, envoyé de Colomb-Béchar et disposant du peloton Bissières, de celui du lieutenant Gay venu d'Hassi Inifeg et du détachement d'autos spéciales du lieutenant Hourcabie. Le 7 janvier 1933, le contact est pris avec les Reguibat dans la région de Brinia (Feidj el Abiod). La manœuvre des divers détachements permet de razzier plus de cinq cents chameaux aux campements insoumis.

Reconnaissance vers Zguilma - Poursuite d'un djich - Première participation de l'aviation (janvier 1933).

     Le 8 janvier 1933, le groupe mobile de la compagnie de la Saoura quitte Tabelbala avec mission de reconnaître une piste automobile entre Zegdou et Zguilma.

     Le 16, à Zegdou, arrive la nouvelle qu'un djich venant de l'ouest a l'intention d' opérer dans la Daoura. Le groupe mobile sous le commandement du capitaine Pigeot revient vers la Daoura pour en fouiller toute la vallée. Le djich a la chance de recouper le premier les traces toutes fraîches des sahariens. Se sentant recherché, il fuit à toute allure non sans avoir pillé près de Bou el Ladam un campement Arib. La compagnie recoupe à son tour les traces du djich le lendemain seulement. Le lieutenant Rondet envoyé en poursuite avec son peloton doit bientôt renoncer à atteindre les pillards dans les limites imposées à la compagnie. L'aviation réussit, elle, à repérer et bombarder le djich.

Participation de la Saoura aux opérations du Sarho (1933)

     Le groupe mobile de la Saoura sous le commandement du lieutenant Préa est chargé de faire barrage dans la région de Bou Haiara au début des opérations du Sarho en février-mars 1933. Celles-ci se prolongeant et le terrain ne se prêtant pas à l'emploi des méharistes, la compagnie reçoit l'ordre de regagner la région de Tabelbala.

Reconnaissance à Agueraktem - Capitaine Gierzynski (novembre 1933-janvier 1934).

     En novembre 1933, le capitaine Gierzynski, commandant la compagnie du Touat, reçoit l'ordre de faire liaison avec le groupe nomade d'Arouane et de se porter ensuite avec lui à Agueraktem (1). Il quitte Adrar le 3 novembre 1933 avec les pelotons Coulange et Menthon et le médecin-lieutenant Rolland (en tout cent trente-sept hommes). Le 14 il est à Bou Bernous et, par Chenachane et Toufourine, arrive à Terhazza le 6 décembre. Le puits est effondré et il n'existe aucun pâturage à proximité. Pendant qu'on remet le point d'eau en état, le groupe nomade d'Araouane arrive sous la conduite du capitaine Delange (lieutenants Coste, Dufour et Durand-Gasselin) avec cent soixante-cinq fusils et trois cent dix chameaux venant encore compliquer le problème de l'alimentation en eau. La liaison avait été prévue à Bir Chali mais les coloniaux ayant trouvé la région dépourvue de végétation avaient poussé jusqu'à Terhazza dans l'espoir de meilleurs pâturages. Les deux détachements quittent donc les anciennes salines pour tenter, sans guides, de découvrir Agueraktem.

    (1) Le puits d'Agueraktem avait été atteint en 1928 par le lieutenant Jayet mais était inconnu des méharistes algériens.

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Après avoir creusé des puits dans une sebkha et trouvé une nappe très salée (Hassi Beguar) , les Soudanais et les Algériens lancent des patrouilles de découverte. Le 13 décembre, l'une d'elle trouve le puits abondant d'Agueraktem, très important relai des rezzou ainsi que l'attestent plusieurs bouches de puits, des ossements d'animaux et un assez grand nombre de tombes. Le 16 décembre, les deux groupes se séparent, les Soudanais rentrant par El Kseib Ounane et les Algériens par Tamsagoute (19 décembre) et El Mzerreb (29 décembre). Pendant une quinzaine de jours, la compagnie du Touat reconnait la région d'El Mzerreb et y aménage un terrain d'atterrissage où le colonel Trinquet, commandant militaire du Territoire d'Ain Sefra et commandant des confins algéro-marocains, vient se poser le 6 janvier 1934. Le 10, le groupe Gierzynski reprend la route du Menakeb par Miat Oglat, El Kseib, Chegga, Souid el Amia, Oglet Yacoub, El Rhers, et arrive à Bou Bernous le 30 janvier après une randonnée rendue très pénible par l'absence de pâturages.

Incursion d'un djich (décembre 1933).

     Un djich ayant opéré le 25 décembre près de Taouz, le groupe mobile de la Saoura reçoit l'ordre de dresser dans la journée du 26 des embuscades aux principales issues du massif des Kem-Kem. Le 27, le capitaine Pigeot exécute, seul en automobile, une reconnaissance. Il recoupe les traces de la veille du rezzou qui se dirige à toute allure vers l'ouest. Les pillards ayant cent cinquante kilomètres d'avance, il ne peut être question de les poursuivre.

Poursuite d'un djich (janvier 1934).

     Trois semaines plus tard, alors que le groupe mobile nomadise dans la Daoura, la nouvelle parvient qu'une caravane passée la veille au camp des méharistes et se dirigeant vers Tabelbala a été attaquée près des Gour Mouhani. Le peloton du lieutenant de Fraguier (maréchal-des-logis Lecuret, brigadier Jentet) part aussitôt de Chefaïa, recoupe les traces près d'Hassi Chaamba et parvient à rejoindre le dijch près de Tinfouchy après une poursuite a vive allure de trente heures. Malheureusement plus de la moitié des méhara, très fatigués, n'ont pu suivre. Les vingt- cinq fusils qui arrivent au contact du djich bien retranché suffisent a donner l'avantage mais non une issue décisive au combat. Le maréchal-des-logis Hakoum qui a mission avec dix hommes de manœuvrer l'ennemi par le sud est tué, un autre méhariste blessé. Une partie des animaux de prise est récupérée. Les montures que l'ennemi a gardées, entravées près de lui, sont mitraillées. A la nuit le combat cesse: avec l'encombrement des prises, la poursuite n'est pas possible.

Participation de la Saoura aux opérations de l'Anti-Atlas (1934).

     Le 5 février 1934, les trois pelotons de la compagnie de la Saoura (lieutenants Noé, Rault et de Fraguier) sous les ordres du capitaine Pigeot partent de l'oued Daoura pour se rendre par la Hamada du Dra dans la région d'Aqqa, base de départ des opérations de l'Anti-Atlas.
    Après dix-huit jours de marche, la compagnie arrive le 23 février à Igdi, au sud-ouest d'Aqqa et fait jonction avec la compagnie saharienne marocaine du Haut Guir. Elle forme avec elle pour la durée des opérations le « sous-groupement saharien ». Le 25, celui-ci est chargé d'occuper le passage de Foum el Hassane une des cluses du Djebel Bani, tandis que la colonne motorisée prononce son action sur Icht.
     Lorsque le sous-groupement se présente devant Foum el Hassane, des dissidents qui occupent les pentes du Bani ouvrent le feu sur la compagnie et particulièremént sur le peloton Rault au nord du dispositif. Le capitaine Pigeot fait mettre pied à terre et prendre les dispositions de combat puis la compagnie gravit les pentes de la montagne. L'ennemi abandonnant sa position s'enfuit dans le djebel. L'occupation de Foum et de la palmeraie d'Imine ou Gadir se fait ensuite sans incident.

     Le 1er mars, le sous-groupement auquel est adjoint un escadron d'autos-mitrailleuses du 1er régiment étranger de cavalerie (capitaine Robert) reçoit la mission de marcher sur Assa pendant que la colonne motorisée, par le nord du Bani, continue sa progression vers Tachjicht et Goulimine.
     L'escadron du 1er R.E.C. est retardé par le terrain difficile; la compagnie de la Saoura parvient la première devant Assa et reçoit la soumission du ksar (2 mars). Le capitaine Pigeot y reçoit l'ordre de ratisser toute la vallée du Dra jusqu'à la mer, afin de couper la route du Rio de Oro aux dissidents Aït Khebbach et Aït Hamou que poursuit la colonne motorisée du colonel Trinquet. A partir de ce jour la compagnie ne se déplace plus qu'à pied en raison de l'état des montures dont de nombreuses doivent être abandonnées. Le 10, après cinq jours de marche forcée dans un terrain montagneux très difficile, elle parvient au contact des Ait Hamou. Ceux-ci également rejoints par les motorisés venus du nord font leur soumission ainsi que de nombreux Aït Khebbach.
     Le 12 mars, la Saoura opère sa jonction avec la colonne Trinquet à Chammar sur le Dra à quelques kilomètres de l'Atlantique.
     Le 20, à Goulimine, un détachement remonté avec les trente meilleurs animaux part pour Aqqa sous le commandement du lieutenant Noé. Il participe au début d'avril à l'occupation de Tindouf, puis à la première liaison Algérie-Maroc-Mauritanie à Bel Gardane.
     Pendant ce temps, le reste de la compagnie aux ordres du lieutenant Rault regagne Tabelbala. Les montures sont si faibles que le retour (plus de mille kilomètres) se fait entièrement à pied. Jusqu'au Mahjez le détachement reconnaît la vallée moyenne du Dra puis par le Mhamid, Zegdou, la Daoura, rentre le 1er mai à Tabelbala.

Combat d'Ichaf (31 mai 1934)

     Le 21 mai 1934, la nouvelle parvenait à Tindouf qu'un rezzou de cinquante fusils Reguibat se portait dans la région d'Oum el Assel-Zemoul afin d'opérer sur les campements Ait Oussa.
     Du 21 au 28 mai, le peloton du lieutenant Noé parcourt la région. en tous sens essayant de recouper les traces du rezzou. Ses efforts sont vains ainsi d'ailleurs que ceux des détachements automobiles. Sur ces entrefaites, on signale que le rezzou a opéré au sud de Tatta. Afin d'agir rapidement le colonel commandant les confins prescrit au capitaine Brosset de constituer un détachement saharien porté sur camionnettes qui ira immédiatement dans la région d'Oum el Assel couper la route aux pillards. Ce détachement aux ordres du capitaine Brosset, assisté du lieutenant Noé comprenait trois camionnettes avec trente-sept hommes dont vingt-sept méharistes; une quatrième voiture chargée de sahariens devait le renforcer dans la journée du lendemain.
     Le 29, les traces d'aller du rezzou sont recoupées, vieilles de trois jours. Le 31, vers 11 heures après de longues recherches le détachement trouve les traces de retour de la bande et entame la poursuite en direction d'Ichaf; à 17 heures le rezzou, qui pousse ses prises, est en vue.
     Il est tard lorsque le contact est pris dans un terrain de dunes inaccessible aux automobiles. Jusqu'à la nuit. le combat est très violent: trois djicheurs sont tués au cours de l'action. Mais à la faveur de l'obscurité, le rezzou s'enfuit, abandonnant quelques prises. Surpris plus tôt il eût pu être anéanti. Le terrain très sablonneux empêche de continuer la poursuite le lendemain.

Etablissement de la compagnie de la Saoura à Tindouf - Reconnaissance du Zemmour (1934).

     En juin 1934, le capitaine Fouchet succède au capitaine Pigeot à la tête de la compagnie de la Saoura dont la base est transférée de Tabelbala à Tindouf. Pendant l'été, un groupe mixte méhariste-porté reconnaît le Zemmour (Aïn ben Tili, Agmar, Bir Moghrein) et prépare notre installation (construction de points d'appui, terrains d'aviation).

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    A l'automne, les trois pelotons méharistes de la compagnie (lieutenants Noé, du Tertre, de Fraguier) se groupent à Tindouf qu'ils quittent le 22 novembre en direction du sud. Par Ain ben Tili et Agmar, sous les ordres du lieutenant Noé, ils arrivent à Bir Moghrein le 20 décembre et y font liaison avec le groupe nomade d'Idjil.

     A la même époque, deux colonnes motorisées sont parties de Tindouf pour Aïoun Abd el Malek. La première sous les ordres du Colonel Trinquet, commandant les confins algéro-marocains, comprend la section d'autos- spéciales sahariennes (lieutenant Hourcabie) et des éléments portés de la Saoura (capitaine Fouchet). Elle rejoint Aïouh Abd el Malek le 16 décembre.

     La deuxième colonne passe par Ain ben Tili et atteint Aioun avec le groupe méhariste du Touat (capitaine Gierzynski), le groupe nomade de Chinguetti (capitaine Châpouty). Enfin, le 18 décembre, arrive à Aioun une colonne automobile de Mauritanie avec le représentant du lieutenant-gouverneur de Mauritanie. Tous les éléments motorisés quittent Aioun Abd el Malek le 19 décembre et se portent par Ain ben Tili sur Bir Moghrein où ils retrouvent le groupement Noé et le groupe nomade d'Idjil.

     Pendant l'année 1935, les pelotons méharistes de la Saoura multiplient les reconnaissances dans le Zemmour et les contacts avec les Reguibat. A la fin d'avril, une forte patrouille de Chaamba commandée par le lieutenant de Fraguier se rend pour la première fois à Atar par Fort-Gouraud faire liaison avec des éléments des groupes nomades d' Atar et de Chinguetti.

     Nous arrêterons là cet historique des compagnies méharistes dans le Sahara occidental. L'occupation des oasis du sud marocain, celle de Tindouf et nos contacts permanents avec les Reguibat, ont eu pour conséquence immédiate de faire cesser les rezzous qui désolèrent si long- temps cette vaste région entre Dra et Niger. Les compagnies méharistes ont rempli leur mission pacificatrice. Il leur reste celle de maintenir cette paix toujours précaire en pays nomade.

Photo PANIER
Méharistes

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