Chez LADOGA BLANC
PC KARA : LA BOUGEOTTE
En stage à Jeanne d'Arc.  

L’arrivée à Philippeville, terminus du train, nous fait comprendre que désormais, ce qui se fait appeler l’ A.L.N. cherche à singer le comportement de l’Armée Française : Police militaire et patrouille en ville sont en double : chaque camp a les siennes.
Nos stages se déroulent au Centre de Perfectionnement des Cadres d’Infanterie N° 2. qui accueille les personnels sous-officiers servant en Afrique du Nord. A Besançon se trouve un centre identique: le CPCI n° 1 destiné aux personnels en service en métropole et en Allemagne. Seuls, les candidats au B.A.2 stationnent à Jeanne d’Arc, dans des bâtiments en préfabriqué. La majorité des stagiaires du B.A.1 est à 500m en arrière de la plage, dans les dunes, au Camp Morillon. Les logements sont des guitounes(tentes), assez vastes pour loger à 4, chacun ayant à sa disposition lit et couchage normal ainsi qu’une armoire type mobilier classique sous-officier, en bois, à deux portes,. Au centre, une table métallique, et quatre tabourets. Le tout sur une dalle de ciment.
Les locaux collectifs comme les sanitaires , les salles à manger du « mess » sont en dur. Les cours se font sous des tentes aménagées, parfois en salle, et certains à Jeanne d’Arc.
Des poteaux en bois distribuent les lignes électriques qui alimentent tous les locaux. Certains portent aussi des grappes de haut-parleurs, et il y en a un juste à côté de la tente que je partage avec P, M, et X.
A 6h. le lendemain, nous faisons un bond : le haut parleur nous balance dans les oreilles la sonnerie du réveil ! Mais ce n’est pas fini : pendant près de 45 minutes nous avons droit à la diffusion de chants et de musiques militaires : ici, nous sommes dans un camp d’instruction et l’action psychologique réapparaît. Certains parlaient de Bigeardville...
La semaine de tests est à peine terminée qu’une note relative au PPEMIA est communiquée au rapport (voir note 49) : dès septembre, à l’Ecole Militaire de Strasbourg, un deuxième peloton de préparation est créé : il recrute les candidats militaires ayant au moins 21 ans, le Bac 1ère partie et 18 mois de service actif. La scolarité à Strasbourg sera de 2 ans : 2nde partie du Bac en fin de 1ère année, concours E.M.I.A. en fin de 2ème année.
P. est dans ce cas : il choisit cette option et nous quitte. Moi-même je satisfais aux 2ème et 3ème conditions, mais je fêterai mes 20 ans quelques jours plus tard d’une façon originale : Au cours du repas de midi, nous avons du sanglier. Une harde a été victime d’un tir de mortier ! Deux jours plus tôt, une brigade en cours d’instruction venait de terminer le tir de réglage et de lancer les premiers coups du tir d’efficacité quand les observateurs qui scrutaient avec leurs jumelles l’objectif désigné aperçurent une harde de quelques sangliers qui y arrivait ... La formule « aux résultats » s’imposait !
Par un accord tacite avec le nouveau pouvoir local, il y a comme une zone autonome de quelques kilomètres de rayon autour de l’ensemble de cantonnements militaires que constitue Jeanne d’Arc, le camp Morillon, et le Camp Péhau, à quelques centaines de mètres, plus à l’est. Ce dernier camp était le cantonnement de tradition du 1° R.C.P. Avant le rapatriement des divisions parachutistes, celui-ci qui a été créé en 1942 au Maroc, et fait la campagne de France avec la 1ère Armée de De Lattre, avait regagné l’Afrique du Nord, dès 1945. C’est d’ici que partaient à tour de rôle pour l’Extrême-Orient ses bataillons. Au début de la rébellion algérienne, le 18 Juin 1955, c’est d’ici que se fait la réaction sur le massacre des Européens de la mine d’El-Halia située à 15 Km (voir note 50). En 1961, le Bataillon de Corée ( Infanterie non parachutiste) occupe les cantonnements du camp Péhau. A l’extérieur des camps bâtis, une bonne partie du paysage constitue des champs de tir, et des zones d’instruction pour le combat. Dans cette zone, y compris sur la plage fréquentée pour les footings du matin, nous n’avons jamais vu de membres de l’A.L.N. En revanche, de la plage, l’on aperçoit au loin le site d’El-Halia.
A la fin du stage, une épreuve consiste à effectuer une marche de 8 Km en moins de 60mn, avec casque, sac et arme, suivie d’un tir au fusil de 5 cartouches sur cible à 200 m. dans la minute qui suit. Le plus dur , c’est ce casque français, réglementaire, qui a été copié sur le modèle US, mais mal : l’air ne circule pas...Et même en octobre, il fait très chaud sous ce casque, car pour être dans les temps et faire un bon tir, il vaut mieux contrôler que d’être stressé. Peu de temps avant, une courte ballade nous fut offerte en hélico, non pas en « mammouth », mais en « banane ». C’est l’hélicoptère VERTOL H21, à deux rotors qui transporte une quinzaine de passagers, mais au niveau de la mer. Dès que l’altitude augmente, ses capacités baissent : il n’y en a pas en Grande Kabylie. Les derniers appareils de ce type seront réformés vers 1970.

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En stage à Jeanne d'Arc