Chez LADOGA BLANC
PC KARA : LA BOUGEOTTE
Portraits de stagiaires.  

A Jeanne d’Arc, sur la plage, il y a un établissement privé avec une piscine d’eau de mer. Quelques européens le fréquentent encore, mais ce sont pour la majorité des militaires en civil. Sur les bords de la piscine, je découvre un personnage étonnant. De petite taille, très velu, il porte un maillot réglementaire : le boxer-short bleu pétrole en Nylon, d’une coupe difficile à décrire, mais qui est manifestement d’une trop grande taille ; aux pieds les espadrilles réglementaires en toile qui fut blanche, et aux épaisses semelles de caoutchouc... Il s’agit de B. stagiaire de la brigade BA1 logée à Jeanne d’Arc. Mais c’est aussi l’un de nos anciens de la 29° Promo... Oui, vous l’avez reconnu si vous êtes de la 30 !
X, qui approche déjà de la trentaine fut vite surnommé « la Scoumoune »(la malchance). Il trouva le moyen de nous précipiter à l’infirmerie pour réclamer de la poudre de D.D.T. et demander la désinfection de la tente et des couchages: il avait amené les morpions avec lui ! . Se plaignant toujours, il venait de sentir le couperet de l’échec aux tests tomber derrière lui, et suivait le stage non sans difficulté. Mais là où la malchance le frappa une nouvelle fois, ce fut au cours d’un exercice d’embuscade à tir réel : les stagiaires du B.A.2 et ceux du B.A.1 confondus assistaient à une démonstration : une embuscade était déclenchée sur un convoi lorsque celui-ci arrivait à un pont. Une charge explosive réelle explosait, pour marquer la destruction du 1er véhicule sur le pont, tandis que les autres étaient pris sous le feu de mitrailleuses . Celles-ci tiraient réellement, mais sur une butte, et ma brigade qui figurait les personnels du malheureux convoi ne risquait rien. Avec les camarades de la tente, je me trouvais dans l’un des Dodge 6x6 et le chauffeur s’arrêta à l’ endroit prévu : nous mimons les occupants qui essaient de fuir sans succès, selon la mise en scène et les rôles répétés la veille, avec l’autre brigade qui tend l’embuscade. A la répétition, tout s’est bien passé, et les grenades offensives lancées par le groupe d’assaut sur notre Dodge ont bien été lancées par dessus la route, et explosent en contrebas de celle-ci. Mais le jour de la démonstration, l’une tombe dans la caisse du Dodge, et de légers éclats de son enveloppe blessent légèrement à la fesse notre camarade X, désigné pour rester contre la cabine... Pendant près de trois semaines, une paire de béquilles lui sera nécessaire.
Après un mois de stage, une réorganisation a lieu, et les « chambres » recomposées. C’est ainsi que je retrouve un autre camarade de Promo, le saharien F. Il y a aussi X et un autre jeune sergent que je nommerai W. Un matin au réveil, nous retournons machinalement nos rangers avant de les chausser, et de l’une d’entre elles ... tombe un petit scorpion noir ! Hasard, qui allait être la victime de ce petit monstre ? X bien sûr.

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