la Paroisse, collectivité territoriale du XVII°siècle


La paroisse est au coeur de la vie paysanne


En 2004, le découpage administratif de la France en 33 000 communes relève d'un archaïsme hérité de l'Ancien Régime, dominé par la toute puissance de l'Eglise. Les acquis de la Couronnne se sont faits aux cours des siècles, sur l'autonomie des Provinces qui, quoique différentes, étaient toutes découpées en diocèses, eux-mêmes fragmentés en paroisses, celles-ci pouvant contrôler des trêves. C'est ce qui explique l'importance des registres paroissiaux comme documents de référence. A la Révolution, ces paroisses ont naturellement été, en dehors des villes, rebaptisées communes.

La Bretagne est alors, encore plus qu'aujourd'hui après le remenbrement des terres des années 1970, un pays de bocage. Le Morbihan, en particulier au sud de Locminé, semble avoir relativement échappé à ce remembrement et le paysage actuel laisse apparaitre cet habitat dispersé en fermes isolées, hameaux ou villages, répartis sur le territoire de la commune qui, parfois, est moins étendue que l'ancienne paroisse.

 

Une paroisse rurale :

 

 

Ne sont pas portés sur cette carte les 106 autres villages ou hameaux qui abritent sa population .

La route en jaune a été tracée au 19° siècle.

 

Dans ce pays de bocage, coupé de petites vallées humides et où les bois disputent les crêtes aux landes, la majorité de la population habite les villages et hameaux, éparpillés sur tout le territoire de la paroisse, reliés par des voies carrossables qui n'ont remplacés les mauvais chemins creux qu'après 1950. Se sont regroupés autour de l’église, dans le Bourg, quelques paysans et les artisans de la communauté: le mécanicien agricole a remplacé le forgeron, le taxi le voiturier, les cafetiers les cabaretiers et l'actuel Conseil Municipal qui administre cette communauté est le successeur du conseil paroissial, nommé « général de paroisse ».

A l’origine, cette assemblée accueillait tous les chefs de famille. Au XVII° siècle, le Parlement de Bretagne a limité le nombre de ses représentants. Ils se réunissent après la grand-messe sous le porche de l’église ou dans la sacristie, huit à neuf fois l’an.
Les fonctions à l’intérieur du général sont bien définies. Le procureur fiscal, sous couvert de représenter l’intérêt public, apparaît bien souvent comme l’homme du seigneur local. Deux trésoriers ou marguilliers élus pour un an gèrent les biens de la   .

Fabrique : désigne en Bretagne les biens et les revenus attachés à l’église de la paroisse. Ces biens, (terres louées, donations, quêtes, et offrandes) servent à l’entretien de l’église, car le général de paroisse n’a pas son propre budget.
Ces biens ont une origine très diverses : location de terres ou de fermes, vente de cierges, gains du casuel, à savoir l’argent que rapporte chaque cérémonie religieuse, en particulier les enterrements. Avec ses ressources, le général paye le bedeau, les sonneurs de cloches, entretient le presbytère. Parfois, il consent des prêts au denier vingt, c’est à dire à 5% d’intérêts, mais uniquement à des familles connues de la paroisse.

3 Transcriptions d’après les registres des sépultures de Moustoir’Ac de 1618 à 1688
Le vingt et unième jour de Janvier 1671 a été enterré en l’eglise de Moustoir’Ac, Jan EVENO dit QUERIZAC dont les frais ont esté paie par Yves EVENO dit QUERIZAC son frère qui sont
premièrement à dom Alain LE CORF
curé 32 s
à dom Jacques HUICHON 19 s
à dom Olivier THEBAUD 23 s
Pierre MORICE 18 s
Jean LE MERLE 18 s
Pour le luminaire 18 s
pour la sonnerie des cloches 12 s
pour le fossage 7 s
aux escoliers 3 s
pour sonner le clocher de querhéro 8 s
pour le cercueil 70 s
pour la donnée 28 s
notes
1 les sommes sont suivies d'un " f " pour s soit sols ou sous ...
2 outre le curé, les autres bénéficiaires sont les prêtres permanents ou "abonnés" à la paroisse de Moustoir’Ac
3 pour la donnée ... aux pauvres.
4 le village de querhero est aujourdhui celui de Kerhéro sur la D 16 (IGN 0920 ouest au 1/25000) et sa chapelle est à 3,5 km de l’église paroissiale... (voir fiche circuit en vtt au pays de mes aïeux)

 

autres relevés :
13.12.1670 Janne RUAUL frais payés par Jan BONNABES
curé :60 S tant pour lui avoir administré les sacrements que pour les droits de MonSieur le Recteur
O.T 20 Pierre MORICE 30 JH 30 J LE MERLE 20
Cierges et Ecoliers 20 S et 6 deniers
Fossage 20 sonneur de cloche 12 S

Inhumations [célébrées] en l’église de Moustoir’Ac.

Le sixième jour de mars mil six cent septante dix a este enterre Yves PICAUT dont les frais funéraires ont esté payé et debbourfé par Jan RAGUEDAL *

à dom Alain LE CORF, curé, tant pour les droits de Mons. le Recteur que pour ses assistants

soixante sols
60 s
à dom Olivier DREANNO vingt sol
xx s
à dom Jacques HUICHON vingt cinq sols
xxv s
à dom Jacques LE MERL cinq sols
v s
à dom Pierre MORICE cinq sols
v s
pour le vin à dire les messes
1 s 3 d
pour les cierges quinze sols
xv s
pour le fossage vingt sols
xx s
pour sonner les cloches douze sols
x y s
pour la donnée aux pauvres 4 livres dix sols
4 L x s
* Jan Raguedal était témoin le 24/10/1662 au second mariage du défunt Yves Picaut, avec Jacquette Raguedal, soeur de Jean, qui devient veuve avec ses 2 enfants, Janne 7 ans, et Olivier, 5 ans, et deux autres à charge.

 

Des « délibérants » complètent ce « conseil municipal » avant la lettre. Ce sont souvent les familles les plus riches, laboureurs aisés, gros métayers qui monopolisent ces places. Les plus pauvres, journaliers et domestiques, se trouvent ainsi écartés des affaires de la paroisse.

Il n’en va pas de même avec le recteur, nom qui désigne le curé en Bretagne. Nommé par l’évêque, il peut être secondé par un vicaire dans les paroisses les plus importantes. Il est l’autorité morale de la communauté ; tous les grands moments de la vie, naissance, mariage sont bénis par lui. Mais le rôle du recteur ne s ‘arrête pas là : il lit, après la messe, les messages importants de l’intendant ou de son délégué.
Ses revenus varient selon qu’il perçoit la portion congrue, sorte de pension annuelle d’environ sept cent livres versée par l’évêque, ou les dîmes. Dans ce cas, il retient à son profit une partie des récoltes (à la onzième ou douzième gerbe) des paysans. Il peut apparaître parfois comme un favorisé.
Dans les îles du Morbihan comme Belle-Isle-en-Mer mais surtout Houat et Hoëdic, le pouvoir du recteur restera extraordinaire jusqu'à la fin du XIX° siècle.
Pour cette page mise en ligne le 20/09/09 par limafoxromeo, votre badge de visiteur porte le n° 

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