"Afféagement"...

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N.d.R.: Afféagiste à Belle-Isle... Explications: l' afféagement est un ancien vocable du vieux droit féodal français qui consiste à céder gracieusement des terres et des biens soit à un vassal qui les fait exploiter par des tiers, paysans, soit directement à ceux-ci.
Juin 1763, la situation à Belle-Isle-en-Mer est la suivante: Le traité de Paris qui vient de mettre fin à la Guerre de sept ans qui opposait la France et l'Angleterre consacre la suprématie britannique dans l'atlantique Nord: La France reconnaît la perte de la Nouvelle-France autour du Saint-Laurent... échange Minorque pour reprendre possession de Belle-Isle-en-Mer, conquise, ravagée, et occupée par les Britanniques depuis 1761. Le gouverneur britannique Crawford, quitte ses fonctions. L'île, était restée propriété des héritiers de Fouquet jusqu'en 1719 : petit-fils du Surintendant, le Maréchal de Belle-Isle l'échange contre des terres continentales du domaine royal, dont le vicomté de Gisors. Sans seigneur intermédiaire, l'île est au Roi.
A Belle-Isle peut-être plus qu'ailleurs, l'agriculture est victime du morcellement des terres entre les paysans, locataires héréditaires selon le droit coutumier(voir Docu Eco 01 en cours). Une réforme est suggérée aux états dès 1751 par le procureur local, Mr. de Kermarquer. En 1752, le commissaire des guerres Porée d'Alion adresse un Mémoire au Roi, servant à faire connaître l'utilité d'afféager les terrains et bâtiments de son domaine de Belle-Isle-en-Mer
Louis XV, à Versailles, est sensible à l'influence de Mme de Pompadour, dont un protégé, philosophe, est le médecin du Roi: le docteur Quesnay est un apôtre de l'agriculture. En 1759, les commissaires du roi retirent l'administration de l'île aux fermiers généraux et la confient aux Etats de Bretagne, autorisés à pratiquer l'afféagement, sous réserve d'approbation par arrêt royal...La réalisation de ce projet est interrompue par la prise de Belle-Isle par les Anglais en juin 1761...
En octobre 1763, dans le cadre de la remise en valeur de Belle-Isle-en-Mer, les Etats de Bretagne proposent d'établir, dans le cadre d'un afféagement total de l' île, des familles acadiennes revenues de Grande Bretagne, en attente à Morlaix et St-Malo depuis le début de l'été.
En juillet, 3 Acadiens de Morlaix effectuent une reconnaissance de Belle-Isle, et, fin octobre, font part de leurs observations aux Etats .
Avec l'accord du ministre CHOISEUL en date du 27 octobre 1763, grâce aux volontés conjuguées de
- Mr. de Warren, farouche adversaire des Anglais et gouverneur de Belle-Isle-en-Mer depuis le 24 juin,
- de Mr. de Kermarquer, sénéchal de Belle-Isle, originaire de Morlaix,
- de l'abbé LE LOUTRE, ex -missionnaire en Acadie, et en dépit de l' adversité de certains membres du clergé local(dont celle du recteur de Bangor, l'abbé LE SERGENT),
-et une concertation de deux ans,
l'arrivée des Acadiens à Belle-Isle se réalise à l'automne 1765.
Peu à peu, et non sans difficultées, l'implantation sera une réussite, unique parmi toutes les tentatives ( Poitou, îles Malouines, etc...): En accord, soixante-dix-huit familles acadiennes seront réparties dans les quatre paroisses de l'île, et recevront six sols par jour, une maison modeste et identique, un cheval, une vache, une paire de boeufs, attelage, charrette, ustensiles de labourage, et 20 journaux* de terre. D'autres familles belle-iloises désignées sous le nom générique de "colons" et de "gourdiec" ne seront pas lésées: au lieu d'être simples fermiers ils seront eux aussi afféagistes, ... C'est à dire propriétaires. Cette répartition des familles acadiennes facilitera l'intégration car elles, parlent français, et les locaux, le breton... Seules, les surfaces des terres attribuées aux afféagistes seront différentes selon les familles.
LE BLANC, Charles sera afféagiste au village de Bordrouant (en Bangor) avec son épouse Anne ,ses deux enfants (Claude- Marie né en 1765 à Morlaix ; et Marie née en 1763 - Sosa n°0001- pour l'ascendance acadienne, et Sosa n° 0127 pour la génération de François Raymond Lamour, rédacteur, automne 1998-février 2004).
* un journal de terre = 0,4862 ha

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