Nos Poilus :
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rédaction du 14.10.2009 : Pour bien comprendre l'ambiance des tranchées, je propose la lecture des lignes qui suivent. Elles sont de Paul Vialar, poilu, auteur de théatre.[ les mots entre crochets sont de limafoxromeo ]Mise à jour du 16.05.2017 pour le lien vers l'I.N.A.
[ les lignes qui suivent sont extraites de cet ouvrage, qui permet de monter cette pièce de théatre: celle-ci figure dans les archives de l'Institut National Audiovisuel à cette adresse] |
LaTélévision Française, à loccasion de la commémoration du 11 novembre et du cinquantenaire de larmistice, a choisi "les Hommes" pour montrer aux jeunes gens qui nont rien connu de cette guerre, pour rappeler aux combattants qui lont faite, ce quils nont certes pas oublié, mais ce quont été les souffrances des combattants. Cette pièce, qui nest que ce quelle est, je la dédie aux « hommes », aux vrais, capables de subir cela pour une idée, pour défendre leur sol, révoltés parfois, qui ont su demeurer des hommes cependant à travers les pires horreurs devant lesquelles ceux qui savent nont pas le droit de se taire mais ont au contraire le devoir de parler, de dire la vérité, rendant ainsi hommage à ceux qui nont dautre droit sur les autres que davoir un peu plus souffert mais presque toujours avec ladmirable pudeur de ceux qui ont vraiment combattu : sans jamais en parler. P.V.[le rôle du caporal dinfanterie, qui a perdu son lieutenant et qui pour « les hommes » reste le seul lien avec lautorité : celui qui décide ou non de la pause, et de la fin de la pause... ] : ActeI ScèneII.
[Dans la Tranchée: P.V. plante le décor : ] Un élément de tranchée qui va en biais de la gauche à la droite. A gauche, un boyau samorce sur la tranchée, boyau qui va vers le petit poste et vers lavant. A droite un autre boyau (boyau daccès) débouche ; il vient de larrière. Dans la partie qui sépare ce boyau de la tranchée, souvre lentrée dune sape. On devine lescalier, léchelle qui y descend. Sur la crête, entre le boyau qui va du petit poste et le parapet de la tranchée, réseau de fils de fer barbelés, parapet de sacs à terre. Dans la tranchée même, sur le sol : caillebotis, dans un coin une caisse à savon renversée. Des hommes sont debouts ; ils viennent de sortir de la sape, ils sont avec le sergent qui va les amener presquaussitôt pour relever les hommes du petit poste. Les hommes qui montent au petit poste découte finissent de séquiper. Dautres hommes dans la tranchée, debouts ou assis.
[Lattaque :] Un élément de tranchée : la partie du parapet qui fait face à lennemi. De ce parapet couvert par les barbelés, le sol monte en petite pente jusqu'à une sorte de crête qui masque lhorizon.
Le sol passé cette crête, doit descendre jusquau ravin que lon ne voit pas. Presquà fleur de crête, au lointain, lautre bord du ravin.
Lélément de tranchée nest pas en très bon état, sa partie gauche est même rongée par le cratère dun 21 qui a fait ébouler le parapet. La tranchée est crayeuse comme celles dénommées « ouvrages blancs » qui existaient entre Carency et Ablais-Saint-Nazaire sur le plateau de Notre-Dame de Lorette.
Nous sommes en 1917, les hommes sont habillés de bleu horizon, ils ont le casque.
Une certaine effervescence règne dans la tranchée.
Du côté des canons, des mitrailleuses et des fusils, silence et calme absolus...
tenue bleue sans le sac, musette, casque et couverture en bandoulière
.... arrivent deux hommes du génie, porteurs de tout un fourniment et surtout de sortes déchelles spéciales. Ils sont un peu dépenaillés ; des bricoles de toute sorte : fil de fer, fils électriques, grands clous leur sortent des poches, ils ont le casque et des musettes. Lun est grand et maigre, lautre petit et rond.
.... musette avec six grenades
léchelle est assemblée (8 par sections)
.... « dans lordre.... le fusil-mitrailleur dabord, et puis les grenadiers (ou avec les outils portatifs)
.... le général est dans le boyau daccès....
.... vérification de la présence des 6 grenades par homme.
.... « cest le ruisseau qui est important.
.... » à lheure H toute la division part ensemble sur 3 kilomètres,
...... » baïonnette au canon
.... « quand je ferai signe, 2 hommes à chaque échelle , lun derrière lautre.
..... » oui les chars dassaut (un tanque) nous soutiennent[en avant ]
un grand silence
Le lieutenant qui regardait fixement sa montre lève la main et fait un geste : « En AVANT !
le sergent, montant à son tour sur le parapet, suivi par tous les hommes qui se hissent du mieux quils peuvent: « En AVANT !
les hommes ne sont pas plutôt sorti quon entend le tac, tac, tac des mitrailleuses.
Dès quils sont à la crête toute proche, ils sont à découverts.
Vaissade, un des derniers avec Chose, est arrivé presquà la crête, quand une balle le frappe au ventre. Il reste cloué sur place un court instant
V : « Ah merde alors !
C le voyant hésiter : « Alors ! tu viens ?
Le sergent « En AVANT !
V sécroule, C le regarde un court instant, mais emporté par le flot des hommes, par lattaque quil doit suivre, il entend juste V murmurer dans une plainte
V : « Ah merde alors !
lhomme blessé à mort continue à dire violemment dabord puis comme une plainte qui peu à peu séteint : « Ah merde alors !....mmm alors ......mmm.....mm.... m.[Solitude]
cest la nuit. Demi-clarté, qui ne précise aucun détail, qui ne laisse deviner que des ombres, même pas des silhouettes. Cest le «  bled » chaotique dentre les lignes, le « no mans land. »
Barbelés, trous dobus ou leau miroite, lèpre qui ronge les plaines de la guerre. On ne voit pas les hommes qui parlent
Une plainte dabord
grand temps, pendant lesquels on devine quil rampe
... « pourvu quon vienne nous chercher... si encore on pouvait marcher, pas, on frait quèque chose... mais non, on est comme des noyés perdus en mer ».
Une fusée monte dans le ciel, fusée éclairante et sy fixe quelques instants, loin, à droite, vers lhorizon.
« ... jai mis un paquet de pansement, et puis jai serré sous le pantalon et la capote, mieux vaut pas y toucher, cest tout collé maintenant. »[la fièvre]... « çà nous a bien foutu par terre, cette guerre, tout de même... Tu vivais par terre, tu mangeais par terre, tu dormais par terre, pour un coup qutu te mets dbout, là on trappelle à lordre, tu vas crever par terre...
... « dabord on crèvera pas...çà non...je veux pas.... on crèvera pas... tu veux pas, toi , hein ? »[la soif]
les envies de ce qui leur ferait plaisir
ils se taisent épuisés, regardent le ciel, puis sisolent dans leur souffrance.Chose : « Nous vivions ensemble nest-ce pas, quand on est de la même escouade...le mêmes cantonnements, les mêmes tranchées.
Vaissade : « les mêmes casernes.
Chose : « la même paille...
[Mais dix ans plus tard, la solidarité du front
ne résistera pas au parcours social de chacun... ]
[Notes de lecture effectuées à la Bibliothèque
Médiathèque d'Antigone, à Montpellier.]
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