Nos (futurs) Poilus

Nouvelles de la guerre

Lundi 14 septembre 1914,
L’armée allemande se retire au nord de l’Aisne, après avoir abandonné la ligne de défense qu’elle s’était préparée entre Compiègne et Soissons. Elle se retire également de ses positions en arrière de Reims. Elle se replie dans l’Argonne, au delà de Triancourt et bas en retraite de Nancy aux Vosges. En somme, le mouvement de retraite est général. Nous avons repris Amiens, et dans la Woëvre le fort de Troyon.
Les Russes, après un temps d’arrêt ont repris leurs opérations en Prusse orientale ; ils ont enlevé en Autriche la province de Bukovine qui confine à la Roumanie...
L’armée belge est rentrée dans Anvers...
Le gouvernement de Berlin s’efforce en vain de placer immédiatement son emprunt de 1.250 millions... Les Américains font grise mine au pays responsable du sac de Louvain.
Les journaux populaires italiens revendiquent de plus en plus hautement une coopération avisée avec la France...
Mardi 15 septembre
Les Allemands ont résisté sur une ligne jalonnée, au nord de l’Aisne par la forêt de Laigle et par la position de Craonne, devenue célèbre depuis la campagne de Napoléon 1er, en 1814. Nos troupes de ce côté sont en contact étroit avec eux. Elles ont pris également le contact au nord de Reims. Au centre nous marchons de l’avant vers la Meuse, l’ennemi occupant le front Varennes-Consenvoye. A notre droite, il se retire sur Etain, Metz, Delme, et Château-Salins.
Les Serbes ont pris Orsova, à la frontière Roumaine ...
Mercredi 16 Septembre
L’ennemi livre une bataille défensive sur l’Aisne, après s’être fortement retranché sur certaines parties de son front. Ce front est marqué par Noyon, une ligne passant par au nord de Vic-sur-Aisne et de Soissons, le massif de Laon, les hauteurs qui couvrent Reims au Nord et à l’ouest, et une ligne qui prolonge ce premier tracé.
Beaucoup de prisonniers, d’armes et de munitions sont tombés entre nos mains au cours de la poursuite qui a succédé à la bataille de la Marne
Brillant fait d’armes de nos troupes à Poperinghe, dans la Flandre orientale sur la ligne d’Hazebrook à Ypres...
Les prix haussent de plus en plus en Allemagne et la récolte n’a pu être faite en Prusse orientale.
L’attaché militaire Italien a quitté Berlin...
Jeudi 17 septembre
La résistance de l’ennemi continue sur les hauteurs de l’Aisne, de Noyon à Craonne. Il semble pourtant qu’ils ont fléchi en quelques endroits. Cette indication se trouve dans le communiqués officiels français et dans les communiqués officiels anglais. Ce qui est sûr, c’est que les Allemands, de ce côté, ont subi des pertes élevées.
Ils se fortifient sur le piton de Montfaucon dans l’Argonne. Plus à l’est des combats se sont engagés dans la Woëvre entre Verdun et la frontière.
Les Japonais progressent dans la colonie allemande de Kiao-Tchou en Chine... Leur action justifie les propos de Guillaume II dans un manifeste d’encouragement à la souscription de l’emprunt : « nous sommes en lutte contre le monde en armes. »
Si le cabinet de Berlin, qui n’inspire que méfiance, ne trouve pas d’argent, l’emprunt anglais de 375 millions de francs a été couvert trois fois.
Vendredi 18 septembre
les troupes franco-anglaises ont progressé à l’aile gauche, le long de la ligne de bataille. Plusieurs contre-offensives exécutées de nuit par les Allemands ont été repoussées, de Noyon à Craonne et jusqu'à Reims que l’ennemi a vainement essayé d’attaquer.
Entre Reims et l’Argonne, cet ennemi s’est vigoureusement fortifié, en construisant des tranchées où tout a été prévu...
les Russes marchent sur Cracovie...
Les Anglais pourraient dans un bref délai avoir 400.000 hommes sur le continent, en quatre armées.
Il faut démentir que des troupes russes auraient débarquées sur le sol du Royaume-Uni.
Samedi 19 septembre
Nos troupes ont progressé à l’aile gauche sur la ligne de l’Aisne, mais la bataille, dans l’ensemble, offre une légère accalmie...
Dimanche 20 septembre
Nous n’avons cessé de progresser à notre aile gauche dans les combats sur l’Aisne...
Les Allemands n’ont pu reprendre Reims...ils se vengent en bombardant la cathédrale. A notre droite l’armée du Kronprinz continue à se replier—et nous cheminons normalement en Lorraine...
Lundi 21 septembre
De nouveaux progrès ont été réalisés par nos soldats rive droite de l’Oise, dans la direction de Ribécourt-Noyon. Des contre-attaques ennemies ont été repoussés au nord de l’Aisne, et aussi entre Craonne et Soissons où nous avons progressé, fait des prisonniers et enlevé le village de Souain. Des progrès ont été de même accompli en Argonne. En Woëvre, les pluies détrempant le terrain, l’ont rendu difficile.
La garnison allemande de Kiao-Tchou, 6000 hommes, est affamée et épuisée...
Mardi 22 septembre
Toutes les offensives allemandes sur le front, de Soissons à Reims ont été brisées. Nous avons réalisé des progrès sensibles entre Reims et Argonne, en prenant plusieurs localités, et dans l’ensemble, il semble que le combat soit devenu moins violent.
On signale des cas nombreux d’insubordination dans l’armée bavaroise qui est d’ailleurs très irritée de l’attitude de l’état-major prussien à son égard...
Mercredi 23 septembre
Les allemands manifestent quelque activité mais sans en retirer le moindre profit...
Jeudi 24 septembre
Progrès de notre aile gauche, après de violents combats dans la région de Lassigny, Situation inchangée sur la rive gauche de l’Oise et au nord de l’Aisne, comme aussi entre Reims et la Meuse. Les attaques de l’ennemi sont repoussés en Woëvre, au nord-est comme aussi au sud-est de Verdun :-- ses pertes sont là sensibles. En Lorraine, il a évacué Nomény et Arracourt, aux confins de Meurthe-et-Moselle.
La bataille de l’Aisne prend de plus en plus le caractère d’une guerre de forteresse, analogue aux opérations qui se sont déroulées six ans plus tôt en Mandchourie. Par suite la progression ne peut être que lente...
Vendredi 25 septembre
Des progrès se marquent, et des progrès importants.
Entre Somme et Oise nous avons marché vers Roye, tandis que plus au nord un détachement occupait Péronne et s’y maintenait malgré les attaques furieuses de l’ennemi. Une accalmie s’est marquée vers Reims. Dans l’Argonne et les Hauts-de-Meuse, les attaques ennemies ont dû cesser, comme l’offensive de quelques colonnes en Meurthe-et-Moselle...
...Le croiseur allemand Emden a tiré quelques obus sur Madras, dans l’Inde anglaise...
Samedi 26 septembre
Une violente action s’est engagée à l’aile gauche de notre armée entre celles de nos forces qui opèrent entre Somme et Oise et les corps que l’ennemi a concentré de Tergnier à Saint-Quentin. Pour opérer cette concentration, il a dû faire venir des contingents du centre de sa ligne de bataille et aussi de Lorraine et des Vosges. Ceux-ci ont fait pour arriver un immense détour.
L’action est surtout très vive au nord-ouest de Noyon, où nous avons pris une offensive très serrée... [la division du 62ème RI, la 22ème , arrive en renfort près d’Amiens, à 60km au N-O de Noyon : voir JMO 62ème R.I.]
Plusieurs dépêches signalent le passage d’une forte escadre dans le Sund, c’est à dire dans le détroit qui sépare Copenhague au Danemark de Malmoë en Suède, et dont la largeur ne fait que quatre à cinq kilomètres. Cette escadre [que l’on croit anglaise] se dirigeait vers le Sud [entrée de la Baltique]
Le président des États-Unis, M. Woodnow Wilson, excédé des propos intempérants des membres de l’Ambassade d’Allemagne à Washington, les a invités à s’abstenir de toute déclaration agressive pour une autre puissance. L’opinion américaine a pris nettement parti maintenant contre l’empire germanique.
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[ texte transcrit d'après la page trois du Miroir du 27 Septembre; documentation familiale]

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