Nos (futurs) Poilus
Octobre 1914

Dimanche 4 Octobre
Les attaques allemandes quotidiennes ont été repoussées dans la région de Roye. Dans l’Argonne, l’Armée du Kronprinz (16°corps allemand) a été refoulée au nord de Varennes et de Vienne-la-Ville. Notre progression continue sur les Hauts-de-Meuse et dans la Woëvre. La situation apparaît dans l’ensemble favorable...
En Belgique, les Allemands n’ont obtenu aucun avantage sérieux dans leur attaque d’artillerie contre les forts d’Anvers. Leurs attaques d’infanterie ont toutes été brisées...
Deux croiseurs allemands, le Scharnhorst et le Gneissau ont bombardé Papeete, ville ouverte, capitale de Taïti dans le Pacifique...
Lundi 5 octobre
Après avoir repoussé à notre aile gauche toutes les attaques ennemies, nous avons repris l’offensive. Une très violente bataille se déroule autour ou auprès d’Arras, tandis que le combat semble s’atténuer un peu entre l’Ancre et la Somme d’une part, entre la Somme et l’Oise de l’autre.
Nous avons progressé dans la région de Soissons, au nord de l’Aisne, où les Allemands s’étaient fortement retranchés. Là, ils ont été quelque peu débusqués.
La situation du camp d’Anvers est stable.
Sarajevo est complètement investi par les forces serbes.
Une flotte franco-anglaise a bombardé les forts des bouches de Cattaro, dans l’Adriatique...
Mardi 6 octobre
La bataille bat son plein à l’aile gauche, au nord de l’Oise. Nous avons dû, sur plusieurs points, céder du terrain. Nous avons repoussé les attaques dans l’Argonne.
Des engagements se sont produits à Kiao-Tchéou entre Allemands et Japonais.
La situation à Anvers est qualifiée de stationnaire.
Mercredi 7 octobre
Le front s’étend de plus en plus à l’aile gauche de nos armées. De la cavalerie Allemande, précédent d’autres éléments, apparaît en force autour de Lille, Tourcoing, Armentières. Notre situation n’a pas changé autour d’Arras et sur la rive droite de la Somme. Entre cette rivière et l’Oise, il y a eu des avances et des reculs. L’ennemi a été repoussé près de Lassigny. Au nord de Soissons nous avons progressé avec la coopération anglaise, comme d’ailleurs à Berry-au-Bac et sur les Hauts-de-Meuse.
Les attaques allemandes ont échoué contre les forces belges, sur la Nêthe et la Ruppel en aval d’Anvers.
Les armées russes marchent à nouveau par deux colonnes sur la ville de Allenstein, en Prusse orientale. Là, le maréchal Hindenburg a été remplacé.
Les soldats anglais de l’infanterie de marine ont pris la colonie allemande du Marshall en Océanie...
Jeudi 8 Octobre
Toutes les attaques allemandes ont été repoussées à l’aile gauche et en Woëvre ; la cavalerie allemande a été maintenue au nord de Lille où elle avait été refoulée. Nous avons repris du terrain entre Chaulnes et Roye. Nous avons également progressé au centre.
Le président de la République a adressé un hommage éloquent à nos armées et échangé des télégrammes cordiaux avec George V. Les Allemands essaient vainement de résister à la poussée russe en Prusse orientale...
Un contre-torpilleur allemand a été coulé par un sous-marin anglais près de l’embouchure de l’Ems.
Vendredi 9 octobre
L’ennemi n’a progressé nulle part à l’aile gauche. Il a reculé au nord d’Arras et les opérations de cavalerie se prolongent jusqu’aux abords de la mer du Nord. Près de Royes, nous avons repris de nouvelles positions. Nous avons repris aussi Hattonchâtel sur les Côtes-de-Meuse, et rejeté une attaque en Woëvre près d’Apremont.
L’offensive russe se poursuit.
Les Japonais ont pris l’île de Yap, la principale des Carolines.
Le Président de la République et Mr. Millerand[ premier ministre] sont rentrés à Bordeaux.
Samedi 10 octobre
La situation a peu changé sur le front jalonné par Lens, Arras, Bray-sur-Somme, Chaulnes, Roye, et Lassigny. A Roye, nos troupes ont fait 1600 prisonniers.
Les Russes pressant l’armée allemande qui résistait sur la frontière, l’ont ramenée du côté de Wirballen et se sont emparées de Lyck, en territoire prussien.
Le bombardement de la ville d’Anvers a commencé. Des obus sont tombés sur diverses parties de la ville. Des milliers d’Anversois se sont réfugiés en Hollande [neutre ]
Des aéroplanes anglais ont bombardés des hangars à Zeppelin à Cologne et Düsseldorf.
Notre escadre de l’Adriatique a fait son apparition devant Raguse.
Tension entre Autriche-Hongrie, la Turquie, et l’Italie...
Les Canadiens annoncent qu’ils pourraient fournir 300.000 hommes si la guerre européenne si elle se prolongeait.
Les Japonais se sont emparés de la principale île des Carolines -- possession allemande du Pacifique, mais ils ont fourni aux Etats-Unis des assurances à cet égard—pour ne pas porter ombrage au cabinet de Washington.
Dimanche 11 octobre.
Les allemands ont pénétré dans Anvers, dont quelque forts tiennent encore, mais l’armée belge est sortie de la ville, avant l’occupation, et la victoire de l’ennemi s’en trouve d’autant diminuée.
Notre ligne dans tout le Nord de la France demeure intacte, et c’est là un succès pour nous, en présence de la violence des attaques germaniques. Autour de Lille, à la Basée, Armentières, Cassel, les engagements de cavalerie continuent. Une grande action se déploie au nord, au sud et à l’est d’Arras ; nous avons progressé au nord de l’Oise et à Saint-Mihiel.
Les Russes peu à peu refoulent les Allemands qui essayaient de se défendre à la frontière de la Prusse orientale et qui ont perdu 100.000 hommes à la bataille d’Augustovo.
Lundi 12 octobre
Tout notre front riposte victorieusement à l’ennemi. Même nous avons encore avancé au nord-ouest de Soissons, et nous avons pris un drapeau à Lassigny.
Deux Taubes ont survolé Paris, lançant des bombes qui ont tué et blessé dix-sept personnes, un engin incendiaire et venu s’abattre sur la toiture de Notre-Dame.
L’armée belge d’occupation a quitté tout entier Anvers, accompagnée par deux brigades anglaises qui ont rejoint les forces alliées, importantes, dit-on, dans la région de Gand.
Les troupes russes auraient remportée une victoire importante au nord de la plaine hongroise...
En France, le général Bernard, directeur de l’aéronautique militaire, est remplacée par le général Hirschauer.
La Turquie poursuit de nouvelles négociations secrètes avec l’Allemagne, mais jusqu'à présent, elle demeure immobile.
......
[fin de la transcription des articles extraits de la revue LE MIRROIR.

[ texte transcrit d'après la page trois du" Miroir" du Dimanche 25 Octobre 1914; documentation familiale]

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