Selon la localisation, les matériels utilisés peuvent être
très différents. Dans lancien sous-quartier du 7°B.C.A
à Tassaft, en avril 1962, chez BLANC, je démonte une ancienne ligne
téléphonique militaire. Mais Chez CARMIN, je nai guère
vu de ligne téléphonique, si ce nest à lintérieur
du poste lui-même : les sentinelles des miradors sont ainsi reliées
au poste de garde par un fil téléphonique et un poste téléphonique
de campagne : une magnéto entraînée par une poignée
quil faut tourner de façon énergique crée un courant
suffisamment fort pour déclencher une sonnerie sur lappareil du correspondant.
En décrochant alors les combinés, ceux-ci sont alors en liaison.
Ici, elle se fait en ligne directe. Mais elle peut passer par un ensemble de connexion
appelé central : un coffre à lagencement étudié
qui se transforme en pupitre de travail pour lopérateur. Ce dernier,
chez CARMIN, est lun des deux chasseurs, spécialistes transmissions.
Deux appelés qui logent, et travaillent vingt-quatre sur vingt-quatre,
dans une pièce contiguë au bureau du Cdt de Cie.
Ils assurent la veille radio, dès quune section est dehors, à
moins quun régime de rendez-vous horaire, les vacations, ait été
prescrit. Ils assurent la liaison vers le PC Bataillon au moyen dun poste
à modulation damplitude, le C9. Celui-ci permet des communications
en radiotéléphonie, mais surtout en graphie. Les antennes déployées
sont longues, filaires, et accordées aux plages de fréquence utilisées.
Travaillant en modulation damplitude, la radiotélégraphie
est le mode dexploitation privilégié. La portée en
émission peut être de plusieurs centaines de kilomètres. Les
messages sont écrits et codés(voir
note 57) par lautorité (Officier du PC Bataillon ou Cdt de Compagnie):
formatés selon les règles de la procédure radio par les opérateurs
puis transmis lettre par lettre en signal morse.
Un bon opérateur émet à près de cinq à six
cents signes par minute. Doù lintérêt de bannir
les mots inutiles ou dutiliser le formatage du « code Q »dans
lequel une série de trigrammes remplace des séquences de mots habituels.
A lorigine réservé à la télégraphie,
ce code est utilisé par les opérateurs radiotélégraphistes
travaillant en phonie, puis par mimétisme par les chefs eux-mêmes,
et même par les radiophonistes confirmés. Ainsi le radio du convoi
« appros » de CARMIN annonce « CARMIN ZERO Québec
Sierra Lima (pour QSL) ONZE DIX NEUF » : à lécoute,
le radio fixe de CARMIN qui est en QAP(écoute radio permanente) a reçu
le message dun émetteur en QRX( contact obligatoire, à lhoraire
ou au passage dun point particulier), et sur le registre de procès-verbal
dexploitation radio, il note linstant horaire(Heure et minute) et
le texte mot à mot. Cela signifie « Elément mobile de
la section de Commandement et dAppui (CARMIN ZERO) Ma position est (QSL)
1119 (le point côté) » . Pour les initiés, « Je
suis le radio du convoi de ravitaillement de la Compagnie CARMIN, je suis sur
mon itinéraire, je viens de passer le col dont laltitude de 1119m
figure sur la carte en lecture directe » ; quand lautorité
reçoit ce message, avec lheure de réception, elle sait quand
le convoi est passé au col où se situe le carrefour de la route
goudronnée et de la piste qui mène à Iferounene.
Pour écouter, il est possible de se contenter de lénergie
fournie par une batterie de cinq kilos environ. Pour émettre, il est nécessaire
de fournir une intensité de courant supérieure : cest le rôle
dun appareil spécial, qui consiste en un tripode au sommet duquel
est fixé un cube denviron 15 cm darête. Un des pieds
possède une planchette horizontale faisant office de siège. Par
rapport à celui-ci, les deux faces latérales du cube présentent
un axe, sur lequel, viennent se fixer deux manivelles quun aide opérateur
devra tourner de façon continue durant toute la durée de la communication.
Le courant produit est supérieur à 100 volts. Cet appareil est recensé
sous le sigle américain de GN57. Mais il est plus connu sous le nom de
Gégène(voir note58).
Lensemble de ce poste radio se nomme lANGRC/9 . Sigle américain
pour Army Navy Ground Radio modèle C/9. Poste Radio modèle 9, destiné
à être utilisé à terre, par lArmée et
la Marine.
Car, à linstar des matériels automobiles et darmement,
les matériels de télécommunications sont encore essentiellement
dorigine américaine. On trouve ainsi le vénérable SCR300
: un poste utilisé par le Signal Corps Radio, (Spécialistes des
Transmissions de lArmée et des Marines) utilisé à Guadalcanal,
en 1942, au début de la reconquête du Pacifique, contre les Japonais.
Ce poste de radiophonie, utilisable lors de son transport à dos dhommes
pèse, en ordre de marche, 17 kilos, dont 11 pour la pile qui ne dure pas
12 heures...Sa portée est inférieure à 5 Km. Chez CARMIN
3, il est utilisé en point fixe, dans un poste de section, pour la liaison
avec le PC Compagnie dIFEROUNENE.
CARMIN 2 utilise, pour communiquer avec celui-ci un poste de la génération
de la guerre de Corée (1950-1952) : cest lANPRC/10 . Modèle
10, pouvant être utilisé comme Portable, et non plus à terre
comme le C/9. Il pèse en ordre de marche près de 11 Kilos, dont
5 pour la pile. Il se porte sur un harnais dorsal ou dans le sac à dos.
Il dispose dune antenne courte, de 90 cm environ, constituée de plaques
souples daluminium, très minces, et relativement fragiles. Sa portée
est alors de lordre de 4 à 5 Km. Avec sa « grande » antenne
de 3m, pliable en brins rigides, elle atteint 10 km.
Mais toutes ces portées sont théoriques :les obstacles freinent
la propagation des ondes au sol , et il existe tout près dIferounene
des zones dans lesquelles il est impossible dentrer en liaison avec le PC
: ceux sont les « zones de silence ». Pour avoir la liaison, il sera
nécessaire de passer par un relais intermédiaire. Par ailleurs,
la mise en uvre requiert un certain savoir-faire, car il est nécessaire
de bien afficher la fréquence, après avoir « calé »
celle-ci sur un index repère le plus proche. Cette opération est
nommée « le battement zéro » : lopérateur
entend un sifflement qui passe de laigu au grave, sinterrompt, reprend
en grave avant de redevenir de plus en plus aigu. En manipulant lindex mobile
et le tambour des fréquences, lopérateur pourra ainsi afficher
la bonne fréquence, et la verrouiller.
Ce poste C/10 est le plus moderne de lépoque. Son antenne manque
de discrétion et le porteur du poste se trouve toujours à côté
du chef, à qui il tend le combiné, au bout dun cordon de 1
à 1,50 m de long. Doù le risque plus grand dêtre
pris pour cible, pour les deux hommes.
Un autre poste de la même génération équipe le groupe
de combat : il sagit de lANPRC/6, qui pèse 6 kg environ, et
qui peut se placer dans le sac à dos, car il dispose dun cordon avec
combiné. Mais lemploi de ce dernier est censé diminuer la
portée. Aussi est-il plus convenable de le porter autour du cou en sautoir,
et dutiliser ses microphones et écouteur incorporés : cest
lhéritier du talkie-walkie SCR536 dont quelques exemplaires sont
encore en dotation, pour les sentinelles en faction de jour de par et dautre
du poste de CARMIN à Iferounene.