Le plan de déportation élaboré par LAWRENCE, le gouverneur de Nouvelle-Ecosse, prévoit la dispersion des Acadiens dans les colonies britanniques, depuis BOSTON au fond de la baie de Massachussets, jusqu'aux Carolines et Géorgie. Théoriquement, les gouverneurs de ces colonies ont été avisés, par des messages confiés aux capitaines de navires...

Certains ont dû se perdre en route, car selon le port de destination, les réactions locales et les conditons d'accueil seront très différentes. Climat, origine de la population locale, confession religieuse, économie locale, tout cela jouera naturellement sur l'avenir des Acadiens qui sont d'origine Française, catholiques, neutres. Ces trois caractéristiques amèneront les "accueillants" à des attitudes diversifiées.Celles-ci évoluent depuis le Nord, puritain, au Sud, blanc et esclavagiste.

Toujours en Nouvelle-Angleterre, mais un peu plus au sud, dans ce qui deviendra le Connecticut, dans la région de NEW-HAVEN, 700 Acadiens venant de Port-Royal et de Grand'Prée seront débarqués et dispersés. Ultérieuremnt, ils se dirigeront nombreux vers la région de Montréal en Nouvelle-France.

A NEW-YORK, 250 seront débarqués et dispersés . Dix ans plus tard, la plupart de ceux-ci demandera à être rapatrié en France.

De l'autre côté de la très longue péninsule (250 kms) de DELMARVA, partagée entre les colonies du Delaware et du Maryland au fond de la profonde baie de la Chesapeake, à BALTIMORE, le 30 Novembre 1755, 1000 Acadiens sont accueillis par des familles catholiques accompagnées de prêtres; ils pouront travailler, installés dans un quartier de la ville à qui ils donneront leur nom: ce sera Frenchtown. Certains feront souche au Maryland, d'autres partiront pour la Louisiane ou les Antilles

Un plus tôt, le 14 novembre, plus au sud, à hauteur de l'entrée de la Baie de la Chesapeake, le gouverneur de Virginie DINWIDDIE n'accepte pas de devoir gérer l'arrivée inattendue de 1200 Acadiens.
Très méfiant vis-à-vis de gens qui, catholiques, parlent français comme ces coureurs des bois amis des indiens qui s'opposent aux colons. Il rend compte à Londres de la méthode Lawrence et portera même plainte contre lui... Les Français neutres ne sont pas acceptés. Incarcérés dans les prisons de WILLIAMSBURG, les déportés y resteront groupés près de six mois.
Au printemps, DINWIDDIE opère de la même façon que LAWRENCE à son égard.

Pour 5000 livres, ces Français Neutres de WILLIAMSBURG sont déportés vers l'Angleterre, à bord de quatre navires.
[la suite de leur "dérangement" constitue la troisième partie du Grand Dérangement; pour l'afficher, en bas de page, sélectionner le lien document suivant. Par ailleurs, en consultant la déclaration de généalogie de Marie-Rose Rivet, on constate que ses frères,soeurs,belles-soeurs et beaux-frères ont été déportés au Maryland]

400 Acadiens, de Beaubassin également, destinés à la Georgie arrivent à SAVANNAH en décembre 1755. Ils y reçoivent des subsides, trouvent du travail dans les plantations. Dès mars 1756, certains tentent l'aventure pour revenir vers le nord et s'établir au Madawaska, territoire frontière du Maine actuel et de la Province Canadienne du Nouveau-Brunswick. En 1763, il ne reste que 83 acadiens en Géorgie: ils partiront en Louisiane ou au Canada.