Bataille de la Marne du 62°RI: Le Terrain

Avertissement de limafoxromeo :

Les trois pages qui traitent de l'environnement de la bataille de la Marne font référence à l'ouvrage "Foch à la Marne, la 9°Armée dans les marais de Saint-Gond". Réalisé à partir des travaux du Lieutenant-colonel LESTIEN, instructeur d'histoire militaire à l'Ecole Supérieure de Guerre, il fut publié en 1933 sous la signature du capitaine Robert Villatte, par les éditions Lavauzelle. Pour les internautes qui veulent avoir une vue complète sur la 1ère Victoire de la Marne, cet ouvrage, qui essaie d'être objectif tout en glorifiant le rôle de l'officier d'état-major en général, peut être consulté à l'adresse http://net.lib.byu.edu/~rdh7/wwi/comment/Foch14/MarneTC.htm sur le site de l'université du Kansas(USA).Raffraichissez l'affichage car ce lien a été actualisé le 29 novembre 2019

Cette page de limafoxromeo traite du Terrain, la suivante des Hommes, la troisième des faits.

Elles doivent être visionnées avant celle intitulée la Marne STOP ! qui, outre le texte du JMO du 62°RI, comporte l'animation synthèse des faits sur la zone d'action de ce régiment lors des quatre jours de la bataille

 

 


LA PLAINE CHAMPENOISE.

La monotonie de cette plaine est connue. Le sol, presque uniquement composé de craie sur une grande épaisseur, apparaît uniforme dans son relief, dans les cultures qui le recouvrent, dans la vie qui s'y développe.

Le pays est sec, son aridité est presque proverbiale, la craie est essentiellement fissurée et spongieuse. Les eaux ne séjournent pas à la surface, elles s'infiltrent partout. On ne trouve presque nulle part des dépôts superficiels plus argileux, on ne voit nulle trace d'argile à silex ou de limon.

Le relief se présente soit sous forme de-grandes étendues plates, à peine marquées par une faible dénivellation, presque un sillon, soit par de grandes croupes aux pentes douces , entre deux vallées parallèles. Aucun point dominant ne permet d'avoir une vue d'ensemble du pays, aucun relief sérieux ne vient procurer un observatoire. Il faut monter sur le Mont Aimé ou sur le Mont Août, grimper sur la côte pour voir la campagne.

Il y a peu de cours d'eau au milieu de cette plaine à peine ondulée, il n'y a aucune grande rivière. La Somme, la Vaure et la Maurienne sont des ruisseaux coulant dans des vallées tourbeuses par place, aux rives bordées de saules ou de peupliers. Elles ont un régime très régulier. Les versants des vallées sont à pente douce, sauf pour la Somme, qui est plus encaissée en aval d'Ecury, où l'ancien cours supérieur du Petit-Morin fut capté par la Soude.

Leur direction générale est est-ouest. Cependant la Somme, en aval de sa capture, se dirige vers le nord-est, tandis que, vers Fère-Champenoise, la Vaure fait un coude et se dirige vers le sud-ouest. Le mouvement de terrain qui se trouve entre la Somme et la Vaure marque la ligne de partage des eaux entre les affluents de la Seine et ceux de la Marne, mais il n'est pas plus haut que la plaine environnante.

Toute la vie est concentrée le long des cours d'eau. C'est là que s'allongent les villages dont les maisons sont en file sur la rue. Les maisons sont rapprochées, mais non contiguës; elles sont généralement construites en briques; le torchis a disparu depuis quelques années. Les villages étant dans les vallées, même leurs clochers ne peuvent servir d'observatoire, c'est à peine s'ils dépassent le niveau des ondulations voisines. Dans la région qui nous intéresse, un seul village est en dehors des vallées, c'est Pierre-Morains. Montépreux et Œuvy, s'ils ne sont pas sur une rivière, sont à une source au fond d'une vallée, parfois sèche.

Dans les vallées, nous trouvons des prairies généralement étroites, mais au sol ferme. Sur le plateau, dans les parties les plus fertiles et à proximité des villages, des champs dont les récoltes ne sont guère riches. Là où la terre est plus pauvre, s'étendent des bois de pins ou des landes, maigres pâturages sur lesquels se promènent des troupeaux de moutons. Ces bois et ces landes sont enchevêtrés. Ils s'étendent sur des hectares de superficie, formant ainsi une zone sans grands champs de tir, où l'infanterie de la défense peut toujours craindre une infiltration et ne peut guère faire un bon usage de ses armes, tandis que son artillerie est trop souvent réduite à tirer en aveugle sur des buts qu'elle ne voit pas.

Ainsi, le terrain où la 9e armée va livrer la bataille présente trois zones caractéristiques :

A l'ouest, la Brie, que les Français tiennent, au sud d'une coupure très nette du terrain, où les bois individualisés, les villages isolés au même niveau que la campagne environnante, donnent des centres de résistance dans lesquels on se battra et où s'appuiera une défensive tenace et active;

Au centre, les marais, se déversant par une brèche à travers la côte tertiaire, dominés au nord par une crète tenue par les Allemands, et au sud par l'avancée d'Allemant, d'où nos observateurs verront les mouvements ennemis à travers les marécages et où s'accrochera notre résistance;

A l'est, au contraire, la Champagne, zone plate et libre, sans accidents de terrain, sans observatoire, merveilleux terrain d'infanterie pour celui qui attaque, à travers laquelle l'avance allemande continuera à déferler.

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