Les Chefs:
Commandant la 9° Armée : général FOCH,
ancien professeur à l'Ecole Supérieure de Guerre,
Directeur de cette école, il commande depuis l'été
1913 le 20° Corps d'Armée de Nancy, avant d'être
convoqué par le Commandant en Chef, le général
JOFFRE, le 28 Août à son GQG de Chateau-Thierry.Le
29,il est porteur de cet ordre qu'il doit remettre au général
de Langle, commandant de la 4e armée :
Les 9e et 11e C. A. et la 9e D. C. formeront un groupement
particulier aux ordres du général Foch, qui, relevant
du commandant de la 4e armée, aura pour mission de couvrir
le mouvement de cette armée contre les forces adverses
qui déboucheraient de la région de Rocroi.
Le général Foch se tiendra en relation avec la
droite de la 5e armée, dont la 4e D. C. est vers Landouzy
(est de Vervins).
La direction générale de repli du groupement est
entre Saint-Erme et Guignicourt, point sur lequel une division
du 6e C. A. (42e) est dirigée par voie de fer. Cette
division entrera dans la composition du groupement Signé
J. JOFFRE.
Chef d'état-major, lieutenant-colonel WEYGAND .
Commandant le 11°Corps d'Armée (QG paix : Nantes):
depuis quelques mois, le général EYDOUX
Comandant la 22° Division (QG paix : Vannes): général
PAMBET
Commandant la 43° Brigade(QG paix : Vannes) : colonel
Commandant le 62° R.I.(garnison : Lorient) colonel COSTEBELLE
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La Troupe:
"Le 11e corps, que commande depuis quelques mois le général
Eydoux, est épuisé physiquement. Il a pris une part
glorieuse à la bataille des Ardennes, le 22 août
: ses régiments y ont eu de 300 à 600 tués.
Sur la Meuse, du 26 au 28 août, il a eu trois journées
de rudes combats, où il a achevé de perdre les meilleurs
de ses cadres. Pour nous borner ici à un seul chiffre,
l'un de ses régiments, le 64e, n'a plus, le 7 septembre,
que 7 officiers. Il ne sera pas recomplété en effectifs
avant la Marne. Ses deux divisions sont commandées, la
21e par le général Radiguet, la 22e par le général
Pambet. "(opus cité).
Le 62°RI a, pour sa part, perdu 26 officiers et 638 hommes
de troupe au combat.
Depuis le 10 Août, 450 kms à pieds, sous la chaleur
d'un été brûlant et la fraicheur des bivouacs
de fortune, seuls repos après les combats, ont mis à
mal le bel enthousiasme initial des bretons. Autour d'eux, des
isolés, des civils qui fuient les villages incendiés..Au
moins leurs familles en Bretagne ne sont pas touchées;
mais les reverront-ils ? Les derniers jours, les pertes ont été
de 4 officiers et 134 hommes...et l'on bat en retraite, à
marches forcées, sur les routes encombrées... Que
mangent-ils? sans doute un peu de pain de munition. Les bidons
sont-ils pleins? ... Il semble que le ravitaillement fonctionne
à peu près correctement. mais de façon irrégulière,
et de plus en plus souvent, dès l'arrêt, il faut
trouver des outils pour creuser des fossés dans lesquels
ils chercheront à s'abriter des feux de l'ennemi s'il faut
faire face, sur place.
L'hygiène? Elle doit être très sommaire,
car y a-t-il des vêtements de rechange dans les sacs? Peut-être
quelques hommes en ont-il gardé. Les sacs d'allègements,
s'ils existent, ne peuvent être qu'avec les trains de combats,
tous hippomobiles... et rares sont les instants de rencontre.
Car nous sommes encore dans la civilisation du cheval, qui a
été massivement réquisitionné. Les
officiers se déplacent à cheval, mais sous-officiers
et troupe sont à pied. Et lors du transport en chemin de
fer, de Lorient à Reims, les fourgons de transports portaient
bien à l'extérieur la mention: Hommes 40, Chevaux
8.
Pour l'instant, quelques fantassins bravent l'interdiction de
monter sur les caissons et autres charettes, pour dormir un peu
, pendant les marches qui, depuis trois jours, ont lieu bien souvent
de nuit... Au moins, sur ces routes empierrées ou de terre
battue, la poussière est moindre mais les déjections
d'animaux aussi nombreuses... et les bas-côtés encombrés
par les réfugiés civils portant, poussant ou traînant
leurs hardes, ceux-ci n'ayant le droit de circuler qu'après
les militaires, de 15 à 24 heures. Les gendarmes, qui ne
sont pas montés à la bataille, y veillent.
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