Bataille de la Marne du 62°RI: Les faits.

Avertissement de limafoxromeo :

Les trois pages qui traitent de l'environnement de la bataille de la Marne font référence à l'ouvrage "Foch à la Marne, la 9°Armée dans les marais de Saint-Gond". Réalisé à partir des travaux du Lieutenant-colonel LESTIEN, instructeur d'histoire militaire à l'Ecole Supérieure de Guerre, il fut publié en 1933 sous la signature du capitaine Robert Villatte, par les éditions Lavauzelle. Pour les internautes qui veulent avoir une vue complète sur la 1ère Victoire de la Marne, cet ouvrage, qui essaie d'être objectif tout en glorifiant le rôle de l'officier d'état-major en général, peut être consulté à l'adresse http://net.lib.byu.edu/~rdh7/wwi/comment/Foch14/MarneTC.htm sur le site de l'université du Kansas(USA).Raffraichissez l'affichage car ce lien a été actualisé le 29 novembre 2019

Les pages précédentes de limafoxromeo traitent du Terrain, des Hommes, celle-ci des événement.

Elles doivent être visionnées avant celle intitulée la Marne STOP ! , qui outre le texte du JMO du 62°RI, comporte l'animation synthèse des faits sur la zone d'action de ce régiment lors des quatre jours de la bataille.

"La bataille de la Marne s'est déroulée sur un énorme front, depuis la forêt de Villers-Cotterêts jusqu'aux rives de la Meuse. Pendant que la 6e armée manœuvre le flanc de l'armée von Klück et l'oblige à se redresser vers le nord, l'armée britannique et la 5e armée pénètrent dans la brèche créée par le repli des corps de l'aile gauche de von Klück, la 4e armée, vers Vitry-le-François, arrête l'ennemi aux portes du Barrois, la 3e armée, étirée à travers les plateaux au sud de l'Argonne, résiste aux furieuses attaques du kronprinz. Au centre du dispositif français, la 9e armée tient une partie de la plaine champenoise. C'est contre elle que se fera sentir l'effort principal allemand, c'est au milieu de ces champs Catalauniques que l'avance allemande sera la plus marquée. Là, un moment, le commandement ennemi croit au triomphe! Et cependant, la victoire lui échappe. Malgré les prodiges de valeur des troupes, malgré l'acharnement des combats, il lui faut donner l'ordre de retraite. La résistance farouche de la 9e armée, l'indomptable énergie du chef et des soldats ont obligé les chefs des IIe et IIIe armées allemandes à engager toutes leurs réserves. Ils ne peuvent plus faire face à la situation, ils ne peuvent que se replier. " (opus cité)

Extrait de l'ordre donné par le général FOCH, à Bergère les Vertus, le 4 septembre.
I.---Demain, 5 septembre, continuation du mouvement vers le sud, en vue de réaliser la situation ci-après
A) ARRIÈRE-GARDES.---A environ 3 kilomètres nord de la ligne Sommesous---Fère-Champenoise---Sézanne.
B) ZONES DE MARCHE ET DE STATIONNEMENT :
11e corps et 60' D. R. : entre la route incluse de Châlons à Arcis-sur-Aube et la ligne incluse Trécon---Clamanges --Normée---Semoine---Viapres-le-Petit---les Grandes-Chapelles.
..

Perception du "Demi-tour de la Marne", par limafoxromeo

Le 5 septembre, le PC de la 9° Armée est à Fère-Champenoise, sur la RN4. L'ordre du GQG de JOFFRE y parvient à 02 h.30. A cette heure, le mouvement des unités vers le Sud est en cours, mais elles sont encore loin de la ligne où elles devront s'arrêter. S'il n'y a pas urgence pour transmettre cet ordre, celui-ci est néanmoins immédiatement exploité au niveau psychologique par FOCH, pour rétablir le moral des grands subordonnés:

La retraite est contrôlée, et malgré les apparences, le G.Q.G. manœuvre l'ennemi !.

Ceci est transmis sous forme d'une série d'ordres préparatoires tout au long de la journée. Les premiers sont expédiés entre 05h.00 et 5h.15 vers la 42° D.I. et les corps d'armée. Celui qui est destiné au 11° Corps est expédié à 05h.05. Il fixe le quadrilatère dans lequel celui-ci devra agir: Arrières gardes à hauteur de celles du 9° CA( Ecury-le-Repos), gros des colonnes au sud de la Somme. Il disposera de l'artillerie de la 60° Division de réserve. La 9° Division de cavalerie, désormais aux ordres de la 9° Armée couvrira le dispositif du front de l'Armée sensiblement marqué par la ligne des marais de Saint-Gond,cours de la Somme d'Ecury à Sommesous. Cet ordre est défensif. Le suivant marquera une volonté offensive.

A 09h.30 un nouvel ordre sera diffusé:

" en vue de couvrir la droite de la 5° Armée dont le 10° Corps [notre voisin Ouest [ attaquera demain dans la direction Sezanne-Montmirail ..." FOCH fait déplacer vers le Nord-Ouest la 42° DI et le 9°CA. et précise "le 11° Corps restera dans la situation qu'il occupe actuellement sur la rive Sud de la Somme vers Normée... les Avants-Gardes organiseront solidement leurs positions."

Cette décision confie au seul 11° Corps, le plus fatigué de tous, le front attribué le matin au 9° et 11° CA réunis. Cette décision hardie qui compromet la sécurité de la 9°Armée est celle qui permet le mieux de participer à la manœuvre d'ensemble, en liaison avec la 9° Armée à qui est confié l'effort principal de contre-attaque.
Simultanément, FOCH prends contact avec son voisin de droite, le général de Langle de Cary, sans grande illusion sur les capacités d'étalement de la 4° Armée.

Cette construction de manœuvre s'appuie sur un fait concret: l'arrivée des éléments du 9° Corps, restés jusque là en Lorraine, et qui sont annoncés en débarquement de V.F. dans la région de Troyes, vers Thaas et Angluzelles. Pour gagner du temps, FOCH dépêche son sous-chef d'état-major sur place pour coordonner le transport par tous les camions disponibles. Les détachements à venir devront être rapprochés par V.F., puis continueront à pied pour rejoindre leurs zones respectives...

A 17h.45, JOFFRE donne son ordre pour la journée du 6; le schéma en est résumé ci-dessous.

En vue de couvrir la droite de la 5e armée et d'appuyer son offensive vers le nord-ouest...
à gauche, la 12°Division voisine du 10° Corps de la 5° Armée liera son attaque à celui-ci.
au centre,
le 9°CA s'établira défensivement sur la ligne des marais de Saint-Gond,de Oyes inclus à Bannes inclus, maintiendra des AVG fortement organisées au nord des marais et maintiendra des forces prêtes à déboucher vers Champaubert. Il disposera de la 52°Division de réserve.
le 11°CA disposant de la 60° Division de réserve s'établira défensivement de Morains-le-Petit à Lenharrée, pour barrer indiscutablement à l'ennemi les routes venant de Chalons et de Vertus.
à droite, la 9° Division de cavalerie tiendra la direction de Chalons à Sommesous avec repli éventuel sur Sommesous.
PC à Pleurs à partir de 08h.00.

Ceci s'insère dans la volonté du G.Q.G. qui veut une offensive, limitée aux armées de sa gauche pour le moment. La 9° Armée est au niveau du pivot: sa gauche va bouger, sa droite est très légère, son centre se tiendra prêt à exploiter les débouchés qu'il doit conserver.

Durant ce temps, la marche vers le Sud se poursuit, ...le 62°RI est arrivé dans la matinée au nord de Sommesous, et vers 17h.00 se place en défensive sur les bords de Somme, à l'ouest de Sommesous.

 

Tandis que le 62° RI s'installe sur la Somme...Le général Eydoux donne ses ordres le 5, à 22 h. 30, pour l'exécution de cette mission :
I.---Le front défensif assigné au 11e corps d'armée sera réparti ainsi qu'il suit :
II.---21e division, de Morains-le-Petit inclus à Normée inclus.
Le général commandant la 21e division disposera, pour l'occupation et l'organisation de son secteur, de toutes les troupes de sa division, y compris le 293e, qui sera rendu à la sortie nord de Fère-Champenoise demain à 6 heures; seront, en outre, mises à sa disposition les deux compagnies du génie de corps, rendues dans la nuit à Connantray avec deux prolonges d'outils.
Le quartier général de la 21e division sera transféré à Fère-Champenoise demain matin à 6 heures.
22e division, de Normée exclu à Lenharrée, inclus, avec détachement sur le flanc droit, pour tenir la route de Châlons et couvrir le flanc droit du dispositif.
Un régiment de la 22e division, à la disposition du général commandant le corps d'armée, à Connantray (sortie ouest)., à 6 heures.
Le Q. G. de la 22e division sera transféré à Connantray demain à 6 heures.
La zone d'action des deux divisions sera séparée par le chemin partant de la lisière est de Normée et aboutissant à la lisière nord-ouest de Connantray.
Artillerie de corps se portera au nord (le Fère-Champenoise, où elle sera rendue à 6 heures; elle sera accompagnée par le 293e, qui sera remis à la disposition du général de division.
L'artillerie de la 60' division sera rendue à la même heure à Connantray; ...elle sera accompagnée par un bataillon de la 60e division, qui lui servira de soutien.
60e division de réserve enverra les deux bataillons dont l'organisation lui a été prescrite au nord de Fère-Champenoise pour 7 heures .
... Elle portera à Semoine une brigade (rendue à 5 heures), détachant un bataillon à Montépreux (rendu à 6 heures). Le reste de la division se portera à Herbisse et Villiers-Herbisse.
Q. G. de la 60e division : Semoine.
Le 2e régiment de chasseurs se portera vers la ferme La Maltournée et éclairera dans les directions de Châlons, Sommesous et Mailly.
. . .. ...........................................................
III.---Le quartier général du corps d'armée sera transféré à Connantre, où il fonctionnera à partir de 6 heures.

 

6 Septembre

Au 11° Corps, par le jeu du dispositif et celui de la progression allemande, c'est la 21°Division qui encaisse le choc de la II° Division de la garde prussienne, (II° Armée, von BULOW) et celui de la XXXII Division d'Infanterie (III° Armée, von Hausen). La journée est terrible et au PC de la 21°, la tension fait écrire en fin de journée :..." D'ailleurs, il a été nettement constaté aujourd'hui que presque tous les hommes restés tués sur le terrain... n'auraient pas été touchés, vraisemblablement, à leur poste de combat. Il faut que, dès la pointe du jour, on fasse savoir à tous que les hommes qui quittent le champ de bataille... seront considérés comme des fuyards, arrêtés et traduits devant la cour martiale." Le colonel Lamey répond par un compte-rendu cinglant au commandant de division pour lui "rappeler une fois encore" l'état réel des régiments en ligne.

A la 22e division, la journée a été plus calme. Les deux brigades ont été accolées, la 44e tenant le front Normée, (exclu)---Lenharrée (inclus), la 43e couvrant le flanc droit, L'ordre du corps d'armée a prescrit l'occupation des positions pour 5 heures; ce n'est que vers 5 h. 20 que les régiments de la 44e brigade reçoivent leurs ordres. Le 19e régiment d'infanterie est poussé à Lenharrée, où il arrive à 8 h. 30; il place un bataillon avec deux sections de mitrailleuses en avant du village; un autre bataillon organise le cimetière; le troisième s'établit en réserve derrière le remblai de la voie ferrée. Le 118e s'installe dans les bois au sud de Normée (57). Il est plus de 10 heures quand toutes les unités de la brigade sont à leurs emplacements.

La 43e brigade a placé le 62e régiment d'infanterie en première ligne, très échelonné, avec un bataillon aux ponts d'Haussimont et de Vassimont, un bataillon sur la ligne Constantine --Chapelaine, et le dernier en réserve vers la cote 172. Ainsi disposé, ce régiment couvre la division vers le nord-est en direction de Sommesous. Le 116e est en réserve à la Maltournée, d'où il sera ramené dans la journée vers Connantray, après avoir été remplacé par le 337e.

L'artillerie de la 22e division est à la Maltournée face au nord-est; celle de la 60e division face à l'est, entre Chapelaine et la cote 188.

Les seuls incidents dignes d'être signalés sont l'intervention de l'artillerie contre un bataillon allemand qui, vers 14 h. 30, sort, en formation serrée, des bois au nord de Normée et se jette dans Normée, évacué par le 137e; et l'action d'une forte reconnaissance de cavalerie allemande, qui, vers 17 heures, pousse sur Haussimont, mais ne réussit pas à y pénétrer, bien que le village paraisse avoir été un moment évacue par ses occupants.

Il n'y a rien à signaler à la 60e division, qui a occupé sans incident les emplacements qui lui étaient assignés et assuré la liaison avec la 9e division de cavalerie."

Cependant, pour la Garde Prussienne, la journée a été très difficile.

"La résistance française paraît si forte au général von Winckler et la menace sur son flanc lui semble si sérieuse qu'il arrête la marche de sa division, voulant attendre que l'action du XlIe corps se fasse sentir d'une façon plus énergique.
Ainsi la défense du 9e corps sur la ligne des marais et celle du 11e corps, ...à l'est des marais, ont arrêté l'impétuosité de la Garde et amènent le général von Plettenberg à modifier complètement son dispositif pour le 7 au matin."
"Vers 17 heures, von Hausen se trouve avec une armée séparée en deux tronçons par une trentaine de kilomètres. Il décide de constituer deux groupements, l'un à l'ouest avec la XXXIIe division, voisine de la Garde, tandis que la XXIIIe division et le XIXe corps appuieront la IVe armée. Pour fermer le trou, il va prescrire a la XXIIIe division de réserve qui doit atteindre Villeneuve le soir de poursuivre sur Vatry. Dans la nuit, il donnera l'ordre de pousser successivement, à l'aide de la XXXIIe division, les deux groupes du 24e régiment d'artillerie de réserve, la moitié du 3e bataillon d'artillerie à pied de réserve, puis d'axer vers la gauche de cette division le 100e régiment de réserve de grenadiers. La conclusion sera l'engagement de la XXIIIe D. R. près de la XXXIIe dans la journée du lendemain "

Mais cela, les Français l'ignorent..

 

Pleurs, 7 septembre, 4 heures.
I.---La manoeuvre entreprise par les armées alliées est en bonne voie d'exécution : la 6e armée a débouché ce matin de Meaux, marchant vers l'est; l'armée anglaise, désormais en mesure d'agir en liaison avec la 5e armée, était hier soir vers Coulommiers, orientée dans la direction générale de Rebais, prête à agir dans le flanc droit allemand.
II.---En vue de continuer à appuyer les progrès de la 5e armée, la 9e armée prendra immédiatement les dispositions suivantes :
La 42e division poursuivra son offensive en liaison avec le 10e corps dans les conditions fixées pour la journée du 6 septembre;
Le 9e corps, continuant d'assurer la défense des marais de Saint-Gond, se tiendra prêt à déboucher vers Aulnizeux et vers Vert-la-Gravelle, avec l'aide du 11e corps;
Le 11e corps, maintenant la position de Morains-le-Petit, Ecury, Normée, s'emparera des hauteurs 167, 144, ainsi que de Clamanges; il se portera ensuite à l'attaque dans la direction Pierre-Morains, Colligny, Mont Aimé.
Au nord-ouest de Montépreux, il fera tenir les hauteurs 182 et 174 par les troupes de réserve qui fourniront des détachements sur la Somme, à Lenharrée, Vassimont et Haussimont;

La 9e division de cavalerie, à Sommesous, surveillera les routes de Vitry-le-François à Châlons et assurera la liaison avec la 4e armée, qui occupe le Meix-TierceIin et Humbeauville, avec détachement au camp de Mailly, sur la crête départementale;
La 18e division (général Lefèvre) sera, à 6 heures, en réserve d'armée aux environs d'Œuvy.
III.---Poste de commandement: Pleurs, à partir de 6 heures.
Postes d'armée---Fère-Champenoise, Saint-Loup et au nord de Sézanne, sur la route d'Epernay à hauteur de Lachy.
IV.---Le général commandant la 9e armée compte que toutes les troupes de la 9e armée déploieront la plus grande activité et la plus forte énergie pour étendre et maintenir d'une façon indiscutable les résultats obtenus sur un ennemi fortement éprouvé et aventuré.
Dans ce but, engager l'infanterie en faible proportion, l'artillerie sans compter, et transformer immédiatement toute occupation en organisation défensive, est la tactique à pratiquer.
Signé: FOCH.

A l'ouest, sur le plateau de Brie, et au nord des marais de Saint-Gond, la bataille fait rage. Le 9° CA , non seulement défend, mais des contre-attaques sont lancées, marquant la volonté de faire front. Un coup de main est même réalisé à travers les marais par un bataillon complet sous les ordres d'un chef d'état-major de brigade sur Aulnizeux. Du côté allemand, cela crée la surprise et augmente les difficultés du commandement. En revanche, du côté est , la journée est plus calme, le commandement allemand laissant souffler son infanterie en attendant la montée de ses réserves en ligne sur ce front qui ne cesse de s'étendre...

La 18° Division est placée par le Commandant d'armée en soutien du 11°, et peu à peu ses unités s'imbriquent dans le dispositif initial, mais sans liaisons avec ses voisins des 21° et 22° DI qui parfois ignorent même sa présence...

En fin de journée, pour culbuter les français, von Hausen décide d'agir à l'est des marais, par surprise. Il décide une attaque de nuit, sans préparation d'artillerie, à la baïonnette, pour ne pas donner l'éveil dans la profondeur du camp français ...

Au même moment, au 11° Corps, il est décidé de laisser les troupes bivouaquer sur leurs positions, y compris les groupes d'artillerie...

 

8 Septembre

Dans la zone qui nous intéresse, la surprise sera de taille: un véritable torrent humain s'abat sur les avants-postes de la Somme dès 3heures du matin, et l'héroïsme de certains combattants n'y peut rien... la Somme est bel et bien perdue, puis la voie ferrée, et les troupes refluent, les pièces d'artillerie culasses enlevées, sont abandonnées sur place, le 11° Corps est enfoncé sur sa droite !

Les unités se mélangent, les soldats se "rallient" sur les groupes encore commandés, et peu à peu, les lignes françaises se rétablissent sur l'ondulation en deçà de la coupure de la Vaure, affluent de l'Aube...

Le 62°, d'après le journal de marche s'est replié sur ordre de son colonel, après avoir perdu ses points-d'appui non sans combattre. Mais la rédaction de cette partie du journal est certainement antérieure à la bataille: la proclamation de JOFFRE est mentionnée en début de journée du 6 alors qu'elle ne parvient aux combattants que dans la journée du 7 ,d'après le document cité en référence... Et la violence des combats, la confusion de la bataille, les priorités tactiques éloignent sans doute le rédacteur de ce document "administratif".

En fin de journée, les adversaires ont bousculé, non sans mal, le 11° Corps ont gagné. Mais von Kirchbach s'est enfoncé un plus en plus vers le sud, étirant une poche qui devient de plus en plus dangereuse aux yeux du voisin von Bulow. Une absence de coordination sur la manoeuvre d'ensemble va précipiter le cours de l'histoire

 

9 Septembre

Ayant épuisé ses capacités de manoeuvre, le général FOCH a demandé et immédiatement obtenu directement de son voisin ouest (général FRANCHET d'ESPEREY, depuis la veille au soir, la relève de la 42° Division par le 10° Corps. Cette relève , règlée par entente directe entre les grands subordonnés, fera l'objet d'un compte rendu après exécution au G.Q.G. de JOFFRE.

Après un déplacement latéral à l'abri du 9° Corps, cette division attaquera de flanc, d'ouest en est, l'ennemi au nord de la Ferté-Champenoise, localité au centre du dispositif de la 9° armée, et conquise par la Garde Prussienne.

Simultanément, un nouvel ordre d'attaque est donné au 11° Corps...

Mais ce n'est qu'en fin de journée que la contre attaque sera réalisée, et avec des effectifs réels faibles... mais victorieux !

Un évènement inimaginable pour les hommes sur le champ de bataille s'est produit : à partir de 13heures, ne laissant que des arrières gardes solides bien appuyées par l'artillerie pour le reste de la journée, toutes les divisions allemandes ont reçu, avec étonnement officiel, l'ordre de se replier... au Nord de la Marne.

Mais celà, les combattants Français survivants ne le savent pas. Ils le découvriront dans les jours qui suivent.

JOFFRE, bien secondé par ses commandants d'armée et le commandant du camp retranché de Paris, aura gagné la bataille.La vaillance des soldats et la volonté de résister seront mis en avant par la propagande. Et il faudra bien du courage en effet aux survivants du 1er mois de guerre: l'enfer des tranchées n'a pas encore commencé.

Le jeu normal de l'avancement dans l'Armée Française, en général, au 11° Corps en particulier, fortement accéléré par les pertes en officier dans les régiments, passera une vitesse supérieure du fait du grand nombre d'officiers généraux qui , relevés de leur commandement dans les jours qui suivent, seront "mis en disponibilité" et regroupés à Limoges, d'où l'expression: "limoger un officier, un fonctionnaire..."

 

 

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