Historique des Compagnies Méharistes

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Suite : Chapitre 7

CHAPITRE VI

 

LE SAHARA OCCIDENTAL PENDANT LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

     Nous avons dit plus haut que 1a guerre européenne n'a pas eu dans le Sahara occidental d'aussi graves répercussions que dans le Tassili, le Hoggar et les massifs montagneux de l'A.O.F. Mais nos difficultés dans l'est vont amener le commandement à dégarnir l'ouest.
     Au moment de la rébellion des Hoggar (1916-1917), la compagnie de la Saoura sera presque seule à assurer la surveillance du sud marocain au. Soudan. Or, Ouled Djerir, Beraber et autres coupeurs de routes profitent de nos ennuis au centre et à l'est pour multiplier leurs rezzous aggravant ainsi le désordre et la tâche de nos groupes de police.

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Reconnaissance dans les Eglab - Capitaine Augiéras (mars.mai 1915)

     Dès le début de 1915, un rezzou audacieux passe la Daoura à Hassi Chaamba, prend la direction du Touat et, détourné de son objectif par les pelotons alertés (lieutenant Mondin, de la Saoura et lieutenant Augiéras, du Touat), file vers le Soudan. Il faut reporter en avant notre ligne de surveillance et se montrer le plus possible.

Photo CROMBE

Hassi Chebbi
(Dessin du Capitaine Flye Sainte Marie- 1904)

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     Aussi le groupe mobile du Touat (capitaine Augiéras) se porte-t-il sur le Menakeb par Sefiat. En mars, de Bou Bernous il pousse vers l'ouest jusqu'au-delà de Tilemsi el Fassi, recoupe de vieilles traces de rezzous qui vont au Soudan, patrouille dans l'Ouahila et rentre se ravitailler au Menakeb. Mais il doit en repartir le 13 avril pour Grizim, Zmila, l'Erg Cheche jusqu'à Tni Haïa. Au retour, à Chenachane, le 5 mai, une de ses patrouilles recoupe les traces récentes d'un rezzou qui rentrant du Soudan, a éventé le groupe mobile et file vers le nord à toute allure. La poursuite commence aussitôt et cent quinze kilomètres sont faits le premier jour sans pouvoir gagner de terrain sur les fuyards. Dans la nuit du 5 au 6 mai, un détachement léger, presque sans vivres ni eau, continue la chasse, mais le rezzou se disperse abandonnant des chameaux et même des vivres pour fuir plus vite. Le soir du 6, le groupe de poursuite a encore couvert cent vingt kilomètres dont la majeure partie dans l'erg. A la nuit enfin, il rejoint un petit groupe de Beraber qui se croit hors d'atteinte, lui livre un rapide combat qui se termine par la prise d'une douzaine de méhara et de quelques fusils. Hommes et animaux sont trop harassés pour tenter de poursuivre les fuyards qui se sont perdus dans la nuit.

     Le 12 mai, le groupe mobile rentrait au Menakeb et le 29 il revenait à Timimoun après huit mois d'absence. Il avait parcouru quatre mille kilomètres. Le capitaine Augiéras rapportait un croquis topographique complet qui lui permit de dresser la première carte valable du plateau des Eglab.

      Hormis deux reconnaissances faites par la compagnie de la Saoura dans le Kem-Kem, rien d'important n'est à signaler dans le deuxième semestre 1915. Mais à la fin de l'année de nombreux campements Beraber viennent s'installer dans la Daoura. Notre vieil ennemi, Abidine el Kounti, est au milieu d'eux prêchant la guerre aux Français. La garnison de Tabelbala, toute proche de ce rassemblement de mille cinq cents à deux mille fusils, est renforcée par le makhzen de Beni Abbès et son effectif ainsi porté à cent quatre-vingts hommes. Mais, il devient impossible à la compagnie de la Saoura. de s'absenter pour de longues reconnaissances. La compagnie du Touat seule peut se permettre d'éloigner un peu la couverture des oasis du Touat. Le groupe mobile Augiéras patrouille dans l'Erg Cheche pendant l'hiver 1915-1916. En novembre, il poursuit vainement. un rezzou de soixante-dix fusils qui a opéré dans le Bas-Touat. En février, il tente deux reconnaissances dans le Tanezrouft mais l'absence d'eau et de végétation dans ce désert absolu l'oblige par deux fois à faire demi-tour. Le capitaine Augiéras n'en recueille pas moins d'intéressants renseignements sur le cours inférieur de l'oued Saoura-Messaoud.

Djiouch (1916)

     Dans le secteur de la compagnie de la Saoura, la propagande d'Abidine produit rapidement ses effets. De nombreux djiouch harcèlent les détachements isolés et, malgré les poursuites, réussissent souvent à regagner la zone marocaine.

     Le 5 mars 1916, un convoi de munitions et de vivres qui va de Beni Abbès à Tabelbala est attaqué dans le défilé de Miat Chaaba. La caravane insuffisamment escortée est enlevée.
     Peu après (27 mars), un autre convoi est surpris dans le Chabet er Riad (au nord d'Igli) ; un mokhazeni de l'escorte est tué, deux autres blessés. Le maréchal-des-logis Béjot, chef du poste d'Igli, poursuit les djicheurs jusqu'au Guir.
     En avril, un rezzou fort de cent cinquante fusils contourne Tabelbala par le sud et tombe sur la petite palmeraie de Bou Maoud à mi-chemin entre Tabelbala et Ougarta mais se retire sans butin.

Une semaine plus tard, quelques piétons razzient un troupeau de chèvres à Akkacha (vingt- cinq kilomètres au nord de Beni Abbès). Poursuivis par le maréchal-des-logis El Hachemi avec quelques cavaliers d'Igli, ils sont presque rejoints sur la rive ouest du Guir mais les chevaux qui viennent de parcourir une centaine de kilomètres (nous sommes déjà à la fin avril) sont épuisés et doivent abandonner.

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Combat de Foum Tlaïa (23 mai 1916),

     Enfin, le combat de Foum Tlaïa vient mettre un terme à ces attaques répétées.

     Le 22 mai 1916, le groupe mobile de la Saoura (sous-lieutenant César, avec soixante-cinq fusils) escorte le convoi périodique à son retour de Tabelbala à Beni Abbès. Il est couvert sur ses flancs par de grosses patrouilles dont l'une découvre à 18 heures des traces de piétons se dirigeant vers les gorges de Foum Tlala sans doute dans l'intention d'y guetter le convoi.
      Dès le lever de la lune, le 23 mai à l heure 30, le sous-lieutenant César fait entreprendre la poursuite par le maréchal-des-logis Autet avec vingt-quatre méharistes tandis qu'il se hâte d'aller mettre le convoi en sûreté dans le petit ksar de Zeghamra. Il rejoint ensuite le groupe Autet, le renforce au passage d'une dizaine d'hommes sous les ordres du maréchal-des-logis Broutier et va lui-même bloquer les issues du djebel. Vers 8 heures du matin, une violente fusillade éclate dans la montagne: les détachements Autet et Broutier viennent de prendre contact avec le djich retranchés dans un énorme cirque. Le sous-lieutenant César avec le gros du peloton décide de prendre l'ennemi à revers et escalade un djebel si abrupt et si déchiqueté qu'il faut s'aider des mains pour le gravir. La lutte est engagée contre des adversaires bien abrités et décidés à vendre chèrement leur vie. Les sahariens manœuvrent « comme à l'exercice malgré un feu violent. Ils font preuve d'une bravoure et d'une audace tranquilles et d'un mépris total du danger» (rapport sous-lieutenant César). Vers 10 heures 30 tout est terminé. Les dix-neuf Beraber du djich sont tués. Le butin est de dix fusils, quatre cents cartouches, dix poignards, deux jumelles. De notre côté, deux blessés légers seulement, le maréchal-des-logis Autet et un saharien.
      Après l'affaire de Foum Tlaïa, la sécurité règne à nouveau dans les oasis. La compagnie du Touat est envoyée en renfort dans le Hoggar où elle prend part, nous l'avons vu, à de nombreuses opérations. La compagnie de la Saoura reste seule chargée de la police du Sahara occidental. En même temps la plupart des officiers quittent le Sahara pour le front de France et ce sont les sous-officiers qui, nommés sous-lieutenants (Bedel, Béjot, César, Dumas, Lehuraux, Woller) prennent le commandement des pelotons. Leur mission est lourde car les rezzous marocains se multiplient vers le Soudan ajoutant ainsi au désordre qui règne dans cette région.

Reconnaissance et razzia Bedel dans l'Iguidi (juin-juillet 1917)

     C'est pour tenter de leur couper la retraite que le groupe mobile de la Saoura, aux ordres du sous-lieutenant Bedel (quatre-vingt-dix-huit fusils) est envoyé dans l'Iguidi où nos troupes ne se sont pas montrées depuis la reconnaissance Augiéras de 1915.

Il quitte Tabelbala le 13juin.

     « Explorant toute la région de Chouikhia, de Bouboute, il atteignait El Rhers le 5 juillet ayant parcouru plus de quatre cents kilomètres par une chaleur torride. .
      « Le 7 juillet, le groupe et ses patrouilles de flanc se lançaient sur des traces suspectes rencontrées et, après une journée de poursuite et un combat, capturaient deux troupeaux de chameaux. Le 8, ils couchaient à Bouir Chenine ayant pendant douze heures de marche livré deux combats et pris un troisième troupeau. Le 9, après treize heures de marche et un quatrième combat, un quatrième troupeau était pris. Le 11, le groupe était de retour à Choukhia où ses patrouilles le rejoignaient le 12.

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     « Il rentrait à Tabelbala avec huit cent cinquante animaux de prise (1), six esclaves, ayant tué vingt bandits, fait trois prisonniers et parcouru huit cent cinquante kilomètres à une saison des plus pénibles sans souci des fatigues, du soleil et de la soif, ayant donné des preuves d'audace et de grande énergie et parfaitement rempli sa mission (2).

Photo CROMBE

Bouboute

(Dessin du Capitaine Flye Sainte Marie - 1904)

 

     Le général Laperrine transmettant cet ordre du jour au général commandant en chef des troupes françaises en Afrique du Nord écrivait :
     «Cette opération conduite en plein été et avec un entrain remarquable fait le plus grand honneur au sous-lieutenant Bedel et à ses hommes.Ce qui m'a fait particulièrement plaisir, c'est le mordant et l'esprit d'initiative dont on fait preuve les moindres patrouilles dès qu'elles sont tombées sur les traces suspectes» (3).

  (1) Huit cent cinquante chameaux: la plus grosse prise jamais faite par la compagnie de la Saoura: Le groupe Bedel rapportait, en outre, des armes, des munitions et des bagages. L'importance de ce butin s'explique par la surprise des Beraber qui ne s'attendaient pas à la venue de nos méharistes dans l'Ouahila en plein été.
    (2} Ordre du jour du général Laperrine, commandant supérieur des troupes sahariennes; ordre n° 15 du 18 avril 1917.
    (3) A la suite de cette affaire, deux médailles militaires et dix croix de guerre furent décernées.

 

Reconnaissance à Taoudenni - Capitaine Vincent (octobre 1917-janvier 1918).

     A l'automne 1917, la compagnie de la Saoura reçoit la mission d'assurer, en patrouillant dans les Ergs Iguidi et Cheche la protection éloignée des grandes caravanes soudanaises (azalaï) qui vont chercher du sel à Taoudenni. Si possible, liaison sera faite à Taoudenni avec les coloniaux. Le capitaine Vincent, commandant la compagnie, quitte Tabelbala (4) le 1er octobre 1917

      (4) Voir croquis d'itinéraire page 54. Affichage de la carte des reconnaissances

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avec les pelotons Bedel et Autet. Il passe à Bouboute, El Rhers, OgletYacoub et Touila. De là, il gagne Bouir Ikhlef, Toufourine, traverse l'Erg Cheche, abreuve à Oum el Assel et, par la hamada Safia, atteint Taoudenni le 30 novembre. Quelques jours plus tard, il fait liaison avec les méharistes soudanais qui escortent l'azalai, puis il rentre à Tabelbala par les anciennes salines de Teghazza, Toufourine, Bou Djebiha, Oglet Abderrahmane et Chouikhia. A son retour, le 16 janvier 1918, la reconnaissance a parcouru mille huit cents kilomètres en trois mois à travers un terrain extrêmement difficile: ergs Iguidi et Cheche, blocs rocheux dé la hamada Safia, cailloux acérés de la hamada Haricha, ardoises coupantes de l'Azlef, plateau pierreux et falaises du Hank, Reg Aftout. C'est une belle performance.

     Mais à peine rentré, le capitaine Vincent reçoit l'ordre de repartir dans l'Iguidi pour rechercher le rezzou qui, deux mois plus tôt, a massacré un convoi à Hassi Rhezel.

Photo CROMBE

Oum el Aggaï dans le Menakeb

(Dessin du Capitaine Flye Sainte Marie -1904)

 

Affaire d'Hassi Rhezel (20 novembre 1917)

     Le 20 novembre 1917, en effet, le convoi périodique quittant Colomb-Béchar tous les deux mois à destination du sud était attaqué à Hassi Rhezel (1) par une bande de soixante-dix à quatre-vingts Beraber. Le convoi insuffisamment escorté marchait sans précaution. Trois gradés français, six permissionnaires et un spahi étaient massacrés. Deux rescapés purent rejoindre Adrar. Mais le rezzou les avait précédés dans le Bas-Touat où il avait pillé un ksar avant de disparaître. Une poursuite tentée par le maréchal-des-logis Dangoisse avait été vaine.

    (1) Un peu au nord du point où avait été surpris le groupe de pâturage de la compagnie du Touat le 16 juillet 1903.

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Combat de Maïtigat (4 et 5 février 1918)

     C'est dans l'espoir de surprendre ce rezzou à son retour du Soudan que le capitaine Vincent rentrant de Taoudenni prend à nouveau la route de l'Iguidi. Le 30 janvier, il s'installe au puits de Oum el Aggaï, près de Maïtigat dans le Menakeb. Il fait patrouiller dans les environs, mais dans la nuit du 4 au 5 février, c'est lui qui est surpris: son camp est violemment attaqué par un rezzou d'une soixantaine de Beraber à la solde d'Abidine. Les Sahariens se ressaisissant vite, contre-attaquent et mettent l'ennemi en fuite. L'adjudant-chef Bruno-Delhom pousse à fond avec un groupe léger et le soir du 5 février, à quatre-vingt-dix kilomètres au sud-ouest de Maïtigat, le rezzou est rejoint et à peu près anéanti; seuls quelques survivants peuvent s'échapper à la faveur de la nuit et filer vers Tilemsi el Fassi. Nous n'avons qu'un blessé grave (qui mourra peu après) mais l'ennemi perd une trentaine d'hommes dont un gendre et un neveu d'Abidine, chefs du rezzou. Le groupe mobile qui a, de plus, fait six prisonniers, pris dix-sept chamelles, des fusils, des munitions et des bagages, rentre à Tabelbala dans les derniers jours de février.

Le groupe mobile César dans l'Ouahila et la hamada du Dra (mars-avril 1918).

     Pendant ce temps une augmentation de l'effectif des méharistes de la compagnie de la Saoura a permis de mettre sur pied un autre groupe commandé par le lieutenant César. Le 26 février, dès le retour du capitaine Vincent, le groupe mobile César quitte Tabelbala. Le 13 mars, il arrive à Oum el Guedour, dans le Regbat de l'Iguidi, et envoie des patrouilles dans toutes les directions.

     « Quatre jours après, un rezzou arrive, mais par la faute d'un chef de patrouille qui a chassé malgré la défense et est occupé à dépecer une antilope quand le rezzou arrive, ce dernier apprend la présence des méharistes et s'enfuit à toute allure avec ses prises, abandonnant quelques chameaux qui ne peuvent suivre. La patrouille en péril s'enfuit de son côté pour donner l'alerte au. camp mais se garde bien d'avouer sa faute, si bien que le lieutenant prend ses dispositions pendant la nuit pour surprendre le rezzou au point du jour, ignorant sa fuite. L'affaire est manquée. Une patrouille( adjudant Levêque) ramène les chameaux qui traînent (trente-sept) dont plusieurs ont été lardés de coups de poignard.

     « Le groupe attend longtemps une autre occasion, puis se reporte sur El Hadiate (18 avril) où on trouve les traces récentes d'un nouveau rezzou, on les suit et cela mène sur le haut plateau du Dra et jusqu'à Tinjoub (25 avril). On y capture un troupeau de chèvres dont le berger apprend la présence de campements Beraber au Djebel Reguiguid. En même temps, une patrouille signale ùn troupeau de chameaux.

     « La razzia est immédiatement préparée: l'adjudant Lévêque et le maréchal-des-logis Belgrand attaquent les campements tandis que le maréchal-des-logis Cottave ramasse les troupeaux. L'affaire réussit; les Beraber s'enfuient dans la montagne après un court engagement. La razzia rapporte cent quatre chameaux, six cents chèvres et moutons, vingt-six ânes et des armes... Après la razzia, le lieutenant bat aussitôt en retraite, passe par Tizi M'Daguine et rentre à Tabelbala le 3 mai.

Colonne du Tafilalet (août-septembre 1918)

     « Quelques mois plus tard, les méharistes de la Saoura sont appelés à participer à la colonne qui doit opérer au Tafilalet sous les ordres du lieutenant-colonel Doury. Un détachement de cent cinquante méharistes se rend donc au Tafilalet sous les ordres du capitaine Vincent, commandant la compagnie de la Saoura.

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     « Le 6 septembre, les sahariens font partie du groupe de manœuvre qui a pour mission de couvrir la gauche de la colonne. Ce groupe reçoit l'ordre d'occuper l'ancien camp de Dar el Beïda et les méharistes d'occuper le ksar dont les portes sont barricadées. Pour exécuter cette mission (qui n'est guère celle d'un groupe méhariste) les sahariens laissent leurs montures et s'approchent du ksar. Des pétards de mélinite sont placés sous la porte principale par une équipe tandis que d'autres surveillent les remparts. Devant la menace, les ksouriens ouvrent leurs portes. Les méharistes pénètrent dans le ksar et campent sur les terrasses.

     " Peu après, la colonne française se retirant, les méharistes marchent avec l'arrière-garde.

     " La grippe vient malheureusement interrompre les opérations de la colonne française et creuse des vides dans les rangs; la compagnie de la Saoura perd le sous-lieutenant Woller " et trois méharistes.

     « La colonne est disloquée et les méharistes, dont les montures sont en mauvais état, reprennent lentement le chemin de Beni Abbès où ils arrivent le 29 septembre (1) ».

(1) Augiéras- loc. cit.

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Photo PANIER
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